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Piqué au vif

Konstanze von Kotze30 mars 2016

Une chanson satirique, diffusée par la chaîne allemande NDR, a provoqué l’ire du président Recep Tayyip Erdogan. Elle se moque notamment des atteintes à la liberté de la presse observées ces derniers temps en Turquie.

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Screenshot Ein Lied für Erdogan extra 3
Image : YouTube/NDR/extra 3

Si, si on vous assure, Monsieur Erdogan a de l'humour titre die tageszeitung. Il a demandé à l'ambassadeur allemand en Turquie de stopper la diffusion de la chanson. Ce qui semble ridicule en Allemagne fait partie d'une véritable stratégie d'intimidation en Turquie, écrit le journal. Cette histoire de satire est presque insignifiante à côté des critiques adressées au diplomate concernant sa présence et celle de plusieurs autres diplomates de pays européens, au procès de deux journalistes, farouches adversaires du régime. Pour monsieur Erdogan, les accusés sont des terroristes qui veulent le renverser.

Autrement dit, pour le président turc, le fait que des diplomates occidentaux assistent au procès signifie que ces diplomates soutiennent ouvertement une organisation terroriste, écrit die taz. C'et une bonne chose que l'Allemagne et l'Union européenne s'opposent à cette curieuse interprétation qui met un journaliste et un terroriste sur une même ligne. Une interprétation également critiquée par la Cour constitutionnelle turque, rappelle le journal.

Liberté de la presse = outrage à la présidence

Christian Ehring est le présentateur de l'émission satirique "extra 3" diffusé sur la chaîne NDR
Christian Ehring est le présentateur de l'émission satirique "extra 3" diffusé sur la chaîne NDRImage : picture-alliance/dpa/NDR

Die Welt estime pour sa part que la réaction exagérée de Reccep Tayyip Erdogan montre deux choses : que la chanson satirique tape malheureusement dans le mille. Et que le président est vraiment à des kilomètres des standards européens en matière de liberté de la presse. Pour lui, liberté de la presse égale outrage à la présidence.

Même analyse de la part de la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui regrette l'époque où la Turquie avançait à pas de géant. C'était les débuts d'Erdogan. Mais ces dernières années, l'Etat est revenu en arrière. Le président se rêve intouchable et ne réagit plus que de manière hystérique. C'est bien triste, conclu le journal.

La Süddeutsche Zeitung rappelle que depuis toujours les puissants de ce monde et les religieux fanatiques ont tenté de faire passer cette forme d'humour pour un crime de lèse majesté et un blasphème. Que ce soit en Russie, en Chine, en Iran, en Egypte et même en France, il ne fait pas bon d'être drôle. Et pourtant, l'arme désarmante de l'humour doit être plus que jamais défendue.