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En Sierra Leone, un diamant pour le peuple

Philippe Pognan
31 mars 2017

Un pasteur et prospecteur de Sierra Leone a trouvé un diamant hors du commun. Il sera vendu aux enchères en toute transparence, selon la volonté du président sierra-léonais.

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Diamant 706-Karat - Sierra Leone
Un diamant brut de 706 carats découvert en Sierra Leone par le pasteur Emmanuel Momoh.Image : Reuters/Sierra Leone State House

En général une Banque centrale n’est pas un endroit qui attire de nombreux visiteurs. Pourtant, mercredi dernier, de longues files d’attente se sont formées devant l’entrée de la Banque centrale de  Sierra Leone à Freetown. La raison est que durant une semaine, les curieux peuvent venir y voir l’un des plus gros diamants jamais trouvés. C’est ce que rapporte la  Süddeutsche Zeitung dans un article intitulé "Le diamant du Peuple". C’est un pasteur évangéliste, Emmanuel Momoh, qui l’a trouvé. Comme les maigres revenus versés par son Église ne lui permettaient pas de nourrir sa femme et ses trois enfants, il s'est lancé dans la prospection, et a obtenu son premier permis minier en 2012.  Sa petite entreprise, qui compte aujourd'hui 18 employés, n'avait connu jusqu’ici que de modestes prises. Mais avec la découverte de cet énorme diamant, il semble que ses prières pour sortir de la pauvreté aient été exaucées. Car le prix de cette pierre précieuse de 706 carats pourrait atteindre les 50 millions de dollars.

Sierra Leone Diamantensuche in Koidu
Des chercheurs de diamants dans une rivière près de Koidu, dans le disctrict de Kono. Image : Getty Images/AFP/I. Sanogo

Pour la Sierra Leone, cette pierre a aussi une autre valeur que la seule valeur financière. Le gouvernement veut montrer que les temps où on se massacrait pour des diamants sont définitivement révolus. Entre 1991 et 2002, plus de 50.000 personnes ont été tuées dans une guerre civile menée pour s’approprier les mines de diamant du pays, rappelle le journal de Munich. Une catastrophe qui, à Hollywood, a fait l’objet d’un film : "Les diamants du sang" avec Leonardo Di Caprio dans le rôle principal. Un film dépassé aujourd’hui, selon le président Ernest Bai Korona. Car, a assuré le président, le diamant sera mis en vente aux enchères de manière juste et transparente le 5 avril. Le pasteur devra verser 4% du produit de la vente en taxes au gouvernement, en plus des impôts sur le revenu. Emmanuel Momoh a dit qu’il réinvestirait ses profits dans sa région natale de Kono, pour y développer son activité minière et subvenir aux besoins de la population, souvent démunie. 

Leonardo Di Caprio
Leonardo Di Caprio a joué dans le film d'Hollywood "Les diamants du sang".Image : AP Images

Ce diamant serait entre le 10e et le 15e plus gros jamais découvert dans le monde, selon des experts, et le plus important depuis près d'un demi-siècle en Sierra Leone…

 

Herero et Nama exigent des réparations 

 

Le génocide de leurs ancêtres par les autorités coloniales allemandes remonte à plus d'un siècle. Mais jusqu’ici, l’Allemagne n’a pas encore dû payer de dédommagements pour le génocide commis contre les Herero et les Nama. Cela pourrait bientôt changer.

En effet, car la Namibie envisage de faire un procès à l'Allemagne pour obtenir 30 milliards de dollars en compensation du génocide commis sur son territoire par les autorités coloniales de Berlin au début du XXe siècle, plus exactement entre 1904 et 1908. Près de 100.000 Herero et Nama ont perdu la vie dans ce "sombre chapitre de l’histoire allemande", rappelle le quotidien Tagesspiegel

Überlebende Herero nach der Flucht durch die Wüste
Quelques survivants Herero réfugiés dans le désert vers 1905Image : public domain

Depuis 1990, l‘Allemagne s’est efforcée de mettre en place une "relation spéciale" avec la jeune démocratie en Namibie, l’ancien "Sud-ouest africain allemand" de 1884 à 1915. Cent ans plus tard, Ruprecht Polenz, ambassadeur spécial du gouvernement allemand, négocie depuis 2015 avec le gouvernement namibien  une déclaration formelle dans laquelle Berlin présenterait des excuses pour les massacres subis par les Herero et Nama et envisagerait un dédommagement global sous forme d'aide au développement spécifique pour les descendants des victimes. Toutefois les discussions se sont enlisées, aucune conclusion du dossier n’est encore en vue.

C’est pourquoi Herero et Nama ont déposé une plainte collective devant un tribunal international à New York pour violations des droits de l'Homme incluant "des excuses et des réparations" dont le montant reste inconnu pour le moment. Ils veulent par ailleurs aussi avoir droit de parole lors des négociations entre les gouvernements namibien et allemand...

Herero-Aufstand 1904 Deutsche Truppen
En 1904 les troupes coloniales allemandes ont très brutalement écrasé la rébellion hérero.Image : picture-alliance/dpa/F. Rohrmann

L'affaire n’est pas seulement suivie de près en Namibie, relève encore le quotidien Tagesspiegel : il y a quelques jours, le ministre de la Défense de la Tanzanie, Hussein Murinyi, a à son tour annoncé exiger des excuses formelles de la part de l’Allemagne et des  compensations pour la guerre Maï Maï. Entre 1905 et 1907, dans l’actuel sud de la Tanzanie, des troupes coloniales allemandes ont brutalement réprimé des rébellions indigènes, incendiant des centaines de villages et cultures. La famine que cette politique de la terre brûlée a provoquée alors a coûté la vie à près de 300.000 personnes…