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En Guinée, combattre les violences par la justice

16 janvier 2020

Les manifestations en Guinée ont causé la mort de plus de 400 personnes ces dix dernières années. Pour mettre un terme à ce cycle infernal, des voix préconisent le dialogue entre les acteurs et la fin de l’impunité.

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Les manifestations dégénèrent souvent en échauffourées quand la police tente de disperser les manifestants
Les manifestations dégénèrent souvent en échauffourées quand la police tente de disperser les manifestantsImage : Getty Images/AFP/C. Binani

"Il y a des positions partisanes au sein des forces de l'ordre"- Abdoul Ghadiri Diallo (OGDH)

L’opposition guinéenne a décidé de suspendre ses manifestations contre le projet de nouvelle constitution du président Alpha Condé, après trois jours de protestations ayant fait au moins trois morts. L'objectif selon les opposants est de permettre un enterrement dans le calme, des trois personnes tuées par balles.

Depuis la mi-octobre 2019, les manifestations du Front national pour la défense de la constitution (FNDC) ont causé officiellement la mort d’une vingtaine de civils ainsi qu'un gendarme, tandis que des dizaines de personnes ont été arrêtées.

"La meilleure chose à faire est de se retrouver autour d’une table, entre Guinéens, pour parler, se dire les quatre vérités. Et surtout, essayer de respecter les lois de la République parce que c'est ça le mal de la Guinée. On ne respecte pas le processus électoral", suggère Moussa Yéro Bah, présidente de l'ONG Femmes développement et droits humains en Guinée.

Mettre fin à l’impunité

Pour sa part, Abdoul Ghadiri Diallo, président de l'Organisation guinéenne de défense des droits de l'homme estime que c’est l’impunité entretenue au sommet de l’état qui encourage les violences.

Des agents de l'ordre dispersent une manifestation de l'opposition en avril 2013
Des agents de l'ordre dispersent une manifestation de l'opposition en avril 2013Image : picture-alliance/AP

"Dès que des manifestations sont marquées par des morts, les premiers à se présenter sur le petit écran pour essayer de se disculper et de disculper les forces de défense et de sécurité sont les agents du gouvernement. Y compris le président de la République qui est prêt à dire que toutes les violences sont le fait des manifestants mais pas des forces de défense et de sécurité. Vous avez beau former les policiers et les militaires, aussi longtemps que la machine judiciaire ne sévit pas en cas de violation des droits de l'homme, ils se permettront ce qu'ils veulent. Surtout qu'il y a des positions partisanes au sein des forces de l’ordre", explique Abdoul Ghadiri Diallo à la DW.

L'ONG de défense des droits de l'homme Amnesty International a plusieurs fois alerté sur les violations des droits humains lors des manifestations en Guinée. Celles-ci ont causé la mort de plus de 400 personnes ces dix dernières années selon un rapport de l’ONG publié en novembre 2019.

Une victime des massacres dans le stade du 28 septembre en 2009 à Conakry
Une victime des massacres dans le stade du 28 septembre en 2009 à ConakryImage : Seyllou/AFP/Getty Images

Régulièrement interdites, les manifestations pacifiques de l’opposition sont dispersées très durement, déplore  le rapport.

"Si des procédures judiciaires ont bien été engagées, seul un policier a été condamné pour un homicide lors d’une manifestation en 2016. Aucun autre membre des forces de sécurité n’a été, à ce jour, traduit devant la justice pour ces violences", ajoute Amnesty International, pour qui le travail de la justice a peu avancé sur le massacre au stade de Conakry, en 2009, où plus de 150 personnes avaient été tuées et au moins 100 femmes violées.