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Elections en Guinée : décryptage de la faible mobilisation

5 février 2018

Alors même que c'était les premières élections communales depuis 2005, elles n'ont pas mobilisé les masses ce dimanche. Plusieurs phénomènes distincts expliquent ce fort taux d'abstention selon les experts.

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Guinea Wahlen in Conakry
Image : Getty Images/AFP/C. Binani

En Guinée, les partis politiques et leurs différents états majors sont dans l'attente des résultats des élections communales, qui ont eu lieu dimanche dernier sur l'ensemble du territoire national. Un scrutin marqué par un fort taux d'abstention en dépit d'une campagne électorale qui avait mobilisé tous les chefs de file des partis politiques, et même le président Alpha Condé. Celui-ci s'est rendu dans plusieurs préfectures appelant les Guinéens à porter leur choix sur les candidats du parti au pouvoir. Mais comment alors analyser la faible mobilisation des citoyens ? 

Pour comprendre le peu d'engouement le jour du vote, il y a deux raisonnements selon les observateurs. D'abord les Guinéens n'avaient plus voté pour des conseillers minucipaux depuis plusieurs années. Ensuite, les électeurs guinéens ne sont plus habitués à voter pour une liste de candidats. Depuis 2005 les électeurs n'ont voté que pour les chefs de file des partis politiques. La forte abstention s'explique par ailleurs par une certaine lassitude qu'ont les populations vis à vis de la classe politique guinéenne. "Les citoyens qui ont été sevrés pendant plus de 13 ans d'élections communales à la base ont perdu l'habitude de se prendre en charge et d'élire des élus locaux", estime Bah Oury, ancien vice président du parti UFDG.

Accusations de fraudes

À cela viennent s'ajouter des allégations de fraudes massives au profit du parti au pouvoir selon le député de l'opposition Ousmane Gaoual Diallo. Il accuse l'administration publique et estime même que seul 20 % des 6 millions d'électeurs se sont rendus aux urnes. "Hier avec mon téléphone portable, j'ai pu photographier beaucoup d'endroits où on a fait des procès verbaux en pleine rue", assure-t-il. "Pas dans les bureaux de vote mais dans la rue sous le regard de la sécurité. Ils ont fait la même chose partout dans le pays là où ils ont fraudé. On sait qu'à Conakry par exemple le parti au pouvoir est hors course."

Guinea Wahlen in Conakry
Image : Getty Images/AFP/C. Binani

Pourtant les élections communales constituent un grand espoir pour le renouvellement des décideurs à la base. Elles ont permis l'arrivée de nouveaux candidats indépendants, jeunes et engagés. Le scrutin municipal est aussi marqué par le retour en politique de la fille unique de l'ancien président Sékou Touré, Aminata Touré. Elle serait en passe de gagner la mairie de Kaloum, le coeur de la capitale. "On espère fortement puisque qu'on attend juste les résultats des Îles de Los, au large de Conakry. Mais en principe, ils ne devraient pas tarder à arriver", dit-elle ce lundi.

Des heurts ce lundi

Selon la loi électorale, la CENI doit commencer la publication des résultats 48 heures après le vote. Mais de sources proches de la direction des opérations de la commission électorale, les compilations des résultats se poursuivait encore dans l'après midi de ce lundi. Les partis de l'opposition qui dénoncent la fraude espèrent que le dépouillement se fera honnêtement.

Des heurts ont éclaté aujourd'hui à Linsan, dans la région de Mamou, entre militants du parti au pouvoir et ceux de l'UFDG de Cellou Dalein Diallo dans le centre du pays.  Des sources concordantes indiquent que de nombreuses personnes ont été blessées et des maisons incendiées.