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Elections boycottées en Iran ?

1 mars 2012

L'Iran élit un nouveau parlement, ou "majlis". Près de 48 millions d'électeurs son appelés à renouveler les 290 députés du parlement qui devrait être à nouveau dominé par les conservateurs.

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Téhéran : des Iraniens lisent les journaux à quelques jours du scrutin .Image : AP

Les principaux mouvements réformateurs ont en effet décidé de boycotter le scrutin. Ils entendent ainsi protester contre la sévère répression dont ils ont été victimes depuis la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad, en 2009.

La dernière présidentielle avait été entâchée de manipulations. L'Iran avait alors connu une vague de manifestations sans précédent dans l'histoire de la République islamique.

Cette fois, deux figures importantes de l'opposition, Seyed Hossein Moussaoui et Mehdi Karrubi, sont en résidence surveillée, et l'ensemble des forces réformatrices ont appelé au boycott du scrutin. Ainsi en janvier dernier Mehdi Khasali, l'un des représentants les plus populaires parmi les réformateurs déclarait peu avant d'être arrêté :

„Le 2 Mars, nous verrons un Téhéran qui ressemblera à une ville morte.“

Mais cette élection est aussi caractérisée par le manque d'unité du camp conservateur religieux qui présente huit listes.

Iran Khamenei und Ahmadinedschad
Le président Mahmoud Ahmadinejad et l'ayatollah Ali Khamenei et le porte parole du Parlement Gholamali Haddadadel ( de g.à dr.)Image : AP

En fait, les conservateurs sont divisés en deux camps principaux, d'une part celui de l'Ayatollah Ali Khamenei, de l'autre celui du Président Mahmoud Ahmadinejad. Depuis la présidentielle de 2009, le fossé est devenu plus profond entre le président populiste et le dirigeant spirituel.

Mais, étant donné que l'opposition réformatrice ne participe pas au scrutin, la victoire des conservateurs est assurée. Le Guide suprême iranien Ali Khamenei a cependant renouvelé son appel à une participation importante afin de "donner une gifle aux ennemis" de l'Iran, allusion aux Occidentaux avec lesquels Téhéran est en conflit sur son programme nucléaire controversé:

Wahlen
Les minorités ethniques boycottent aussi le scrutin comme au Beloutchistan près du PakistanImage : IRNA

" Une forte participation de la population aux élections peut faire avancer le pays, protéger des ennemis et les forcer à battre en retraite.“

De son côté , le président Ahmadinejad a lui aussi appelé à la mobilisation pour "donner un Parlement fort et populaire" au pays.

De nombreux observateurs estiment que de nouveau le vote sera manipulé et notamment le taux de participation gonflé par les autorités. Mais selon de nombreux opposants, rien ne légitimera la victoire des conservateurs. Reza Alijani, politicien réformateur en exil:

Même des candidats du camp religieux-conservateur doutent de la régularité des élections. Ces doutes sont exprimés malgré la répression et la censure omniprésentes. Cela montre bein que ces élections sont tout, sauf justes et tranparenteset que leur résultat ne peut être accepté par l'opinion publique ni en Iran ni à l'étranger."

Quoi qu'il en soit ces élections parlementaires sonneront le glas définitif d'un camp conservateur uni. Des deux factions conservatrices rivales, soit celle du Guide suprême de la révolution, le grand ayatollah Ali Khamenei, soit celle du président Mahmoud Ahmadinejad sortira renforcée et pèsera lourd sur le scrutin présidentiel de l'année prochaine.

Auteurs: Sharam Ahadi / Philippe Pognan
Edition : Sandrine Blanchard