Décret anti-musulman, la mesure de trop ?
30 janvier 2017Sept pays - tous musulmans - sont concernés par cette mesure restrictive. Comme à son habitude, le président américain a justifié sa décision par l'intermédiaire de son compte Twitter.
Donald Trump estime qu'il faut "rendre l'Amérique plus sûre" et balaie d'un revers de main les condamnations qui affluent depuis vendredi, des critiques au plus haut niveau. À l'ouverture du 28ème sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, la présidente sortante de la commission de l'UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, a dénoncé la mesure qui touche notamment la Somalie, le Soudan et la Libye: "Il est clair que nous entrons dans une période de turbulences. Par exemple, le pays vers lequel nos peuples ont été emmenés comme esclaves a décidé de bannir les réfugiés de certains de nos pays. Que pouvons-nous faire contre cela? En réalité, c'est l'un des plus grands défis et un des plus grands tests pour notre unité et notre solidarité."
Une mesure contre-productive
Le Haut commissaire aux Droits de l'Homme de l'Onu, le Jordanien Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé le "manque de générosité" de la mesure, jugée contraire aux droits humains. L'Organisation de la coopération islamique et ses 57 membres, quant à elle, a estimé que le décret renforce "l'extrémisme et le terrorisme" au lieu d'assurer davantage de protection aux États-Unis. Même écho de la part d'Angela Merkel, la chancelière allemande, qui s'est exprimée lors d'un point de presse à Berlin: "La lutte nécessaire et déterminée contre le terrorisme ne justifie en aucun cas une suspicion générale envers des gens de croyance particulière, en l'occurence de croyance musulmane ou des gens d'une origine particulière. Cette manière de faire va de mon point de vue à l'encontre de l'aide et de la coopération internationale en matière d'asile."
Les critiques affluent également de la part des milieux économiques. Après les patrons de géants de la Silicon Valley samedi, l'inquiétude a gagné les dirigeants de multinationales basées sur la côte Est mais aussi les banquiers. Des pétitions en ligne ont rassemblé des millions de signature, tandis que des milliers de manifestants ont témoigné leur solidarité avec les refoulés dans les aéroports.
Riposte iranienne
Certains pays concernés par la mesure ont décidé de renvoyer la balle à Donald Trump. Des députés irakiens ont ainsi réclamé au gouvernement de Bagdad d'appliquer le principe de réciprocité si les États-Unis ne revenaient pas sur leur décision. Une mesure similaire était déjà annoncée ce week-end par l'Iran.
Avec agences