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Des trous dans les caisses

Yvon Arsenijevic11 mai 2004

Dans quelques jours, à la publication des nouvelles estimations des recettes fiscales, les Allemands en sauront un peu plus sur l’état des caisses du pays, surtout sur l’ampleur des trous, si l’on en croit une presse écrite qui, toutes couleurs confondues, se fait largement l’écho d’une crise financière de plus en plus aiguë à Berlin où les rumeurs de remaniement ministériel se font persistantes.

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Épargner ou ne plus égargner ? Le ministre des Finances, H. Eichel (à g.) et le Chancelier G. Schröder
Épargner ou ne plus égargner ? Le ministre des Finances, H. Eichel (à g.) et le Chancelier G. SchröderImage : AP

Une « orgie de dettes » - la formule s’étale à la une de Die Welt. « Le gouvernement projette une orgie de dettes », titre le journal de Berlin (pas réputé de gauche), citant l’opposition chrétienne-démocrate.
En moins virulent, à la une de la Frankfurter Rundschau (pas réputé de droite) : l’État va chercher à étaler ses objectifs d’épargne. Cela dit, pour le journal de Francfort, on va bel et bien vers de « nouveaux déficits », même si l’État, pour reprendre la formule, ne fait qu’« en prendre la direction ». Il n’empêche qu’elles s’allongent en première page, ces rentrées fiscales qui ne se feront pas, sous forme de colonnes bien rouge, sous un portrait miniature du ministre des finances, Hans Eichel, qui en reste bouche bée – et on voit bien que ce n’est pas d’admiration.

Hans Eichel justement, l’« Épargnator fatigué » comme l’épingle Die Welt, celui qui « abandonne ses principes mais pas son ministère », comme le lui reproche la Süddeutsche Zeitung sous un titre cinglant (« La fin de la moralité ») et tout en rappelant qu’un autre journal, l’hebdomadaire Die Zeit l’avait crédité jadis d’une « souveraineté en fonte » !
Eh bien, le voilà « qui rouille », constate de son côté, et sans rire, la Leipziger Volkszeitung : sa politique est devenue un labyrinthe soigneusement entretenu dans sa complexité par ses amis politiques (dont certains, paraît-il, ne lui adressent même plus la parole) et où les réponses sont devenues quasiment introuvables. Un vieux réflexe pousse son ministère à recalculer la TVA. De nouveaux déficits sont prévus depuis longtemps. L’impôt sur la fortune se profile à l’horizon. Mais les vieilles recettes ne fonctionnent plus, assène notre confrère de Leipzig : les Allemands en ont assez des solutions qui, tout en en étant... n’en sont pas.
Des solutions, reprend de son côté la Frankfurter Rundschau, qui naissent de l’indécision généralisée et de la cacophonie. Qu’y a-t-il derrière cette cacophonie ? Deux tendances, pour notre confrère : celle de l’opposition qui mise sur une accentuation du démontage social sans trop s’exposer et celle de la majorité rouge/verte qui mise sur de nouveaux déficits en affirmant que Hans Eichel ne change pas de politique. Perspective ? demande le journal : aucune ! Ni d’un côté ni de l’autre.

Enfin une bonne nouvelle pour Eichel, ironisent les Stuttgarter Nachrichten : le chancelier est derrière son ministre, ou devant, ou à ses côtés, bref il le soutient. C’est le discours officiel. Dommage qu’à Berlin, personne n’est prêt à miser un kopeck sur les chances de survie de Hans Eichel, écrit notre confrère pour qui la date de péremption des promesses politiques se calcule désormais plus en heures qu’en jours. Pour Eichel, l’échéance tombe ce jeudi, lorsqu’on prendra toute la mesure du déficit budgétaire. »