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Des quotas pour les femmes ?

8 mars 2011

90 % des conseils d'administration allemands sont 100 % masculins. La majorité des entreprises est contre les quotas et au sein même du gouvernement d'Angela Merkel, c'est la cacophonie.

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La journée internationale des femmes fête ses 100 ansImage : picture alliance/dpa

Des quotas pour féminiser les hautes sphères de l'économie comme en Norvège, en Espagne ou en encore en France ? C'est depuis quelques semaines le grand débat en Allemagne. La ministre du Travail Ursula von der Leyen s'est prononcée pour un quota de 30 %, alors que la ministre de la Famille Kristina Schröder et la chancelière Angela Merkel n'y sont pas favorables. ´

3,2% de femmes à la direction des entreprises

Elles travaillent de plus en plus dans le secteur économique et ont des meilleurs diplômes que les hommes – et pourtant, les Allemandes sont toujours aussi peu nombreuses à la tête des entreprises. La proportion des femmes dans les directoires des 200 plus grandes entreprises allemandes atteint seulement 3,2 %. Alors faut-il oui ou non introduire des quotas obligatoires pour les aider à grimper les échelons – comme le souhaite la ministre du Travail Ursula von der Leyen ?

Merkel / Helsinki / EPP
Une femme à la chancellerie, mais des hommes à la tête des entreprisesImage : AP

«Je suis pour les quotas pour les dix prochains années, car je pense que les structures ont été créées par les hommes. Il faut donner une chance aux femmes d‘accéder aux postes de direction. Une fois en place, elles solliciteront à leur tour des femmes. »

«Je pense qu'il est important de débattre de la parité et je suis persuadé que les équipes mixtes sont plus performantes. Mais à mon avis, les quotas obligatoires ne sont pas le bon instrument car cette mesure est difficile à mettre en place : il n'y pas actuellement suffisamment de candidates qualifiées.»

L'Allemagne manque de main-d'oeuvre qualifiée

Les entreprises allemande sont conscientes du problème. D'autant plus que le pays manque de main d'oeuvre qualifiée. Le taux de natalité étant très bas, il faudra bien exploiter le potentiel que représentent les femmes – et donc mieux les solliciter. Cependant, la majorité des entreprises sont contre les quotas. Selon elles, ce sont les compétences qui doivent primer et non le sexe. Anne Zimmermann de la Chambre de commerce et de l'industrie :

«Il faut surtout prendre des mesures pour que les femmes s'arrêtent le moins possible de travailler quand elles ont des enfants : nous avons besoin de plus de places dans les crèches et les jardins d'enfants et d' horaires flexibles au sein des entreprises – c'est essentiel pour pouvoir concilier le travail et la vie de famille . »

Dans un pays où la population reste très attachée à la répartition traditionnelle des rôles au sein du couple, ces aménagements sont en effet indispensables. Mais pour Elke Holst, le développement des infrastructures et des modes de gardes ne suffit pas. Cette chercheur à l'Institut allemand de la recherche économique enquête depuis plusieurs années sur la sous-représentation des femmes dans les instances dirigeantes des entreprises :

Kristina Schröder / Familienministerin
La ministre de la Famille n'est pas favorable aux quotasImage : K. Schröder

«Toutes les femmes – qu'elle aient des enfants ou non - ont du mal à grimper les échelons. Une femme doit montrer qu'elle est capable de diriger alors qu'on part du principe qu'un homme a la carrure d'un chef. Il faut en finir avec ces préjugés sur les capacités des hommes et des femmes.»

Les quotas, un instrument de pression

En 2001, les entreprises s'étaient engagées sur une base volontaire à favoriser aux femmes l'accès aux postes de direction. Dix ans après, ces engagements n'ont rien donné. Pour Elke Host, il faut désormais agir : en introduisant des quotas pour les femmes – et mettre en place des sanctions.

«Les quotas sont un instrument politique pour faire pression sur les entreprises qui n'ont pas rempli les objectifs qu'elles s'étaient fixés. L 'introduction des quotas dans d'autres pays comme la Norvège a amélioré les choses. Les nombreuses femmes allemandes qui accèderaient grâce aux quotas aux postes de dirigeants montreraient aux jeunes filles que c'est possible et qu'elles sont les bienvenues.»

Pour l'économiste, le faible taux de femmes dans les hautes sphères économiques n'est pas seulement antidémocratique et injuste : les entreprises actuellement se privent des compétences des femmes. En effet, des études auraient montré que les équipes mixtes augmentent la productivité des entreprises.

Quotas ou pas ? Pour l'instant, c'est le statut quo. La chancellerie a annoncé qu'elle organiserait en mars un sommet réunissant les directeurs de ressources humaines des 30 plus grande entreprises allemandes...

Auteur : Guylaine Tappaz
Edition : Carine Debrabandère