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Cameroun : les régions anglophones se vident

Elisabeth Asen
28 août 2019

Ces derniers jours, des milliers de personnes ont quitté les régions anglophones du Cameroun redoutant une escalade des violences après l'appel des séparatistes à des journées "villes mortes".

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Kamerun Sprachenstreit um Englisch
Image : Getty Images/AFP

Depuis une semaine, des milliers de ressortissants des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont pris la route de l'exil, fuyant le retour des violences depuis que les sécessionnistes ont annoncé une reprise des combats le 2 septembre prochain.

Ernest Okoche Bui est un habitant de Bamenda, il sait que ce mot d'ordre sera suivi : "Ce qui me pousse à sortir est que les tensions sont en train de monter. Nous savons que la ville ne sera pas calme. Alors j'irai à Bafoussam, rester là bas quelques temps avant de revenir."

Les agences de voyages ne désemplissent pas et les tarifs ont doublé depuis quelques temps. Même avec un ticket de bus, il est difficile de voyager, explique Denis Nkemlemo, secrétaire national à la communication du Social Democratic Front. 

"Le transport Bamenda- Yaoundé qui coûtait cinq mille francs CFA a doublé depuis la condamnation de Sissiku Ayuk Tabe et ses proches. Même avec dix mille francs, c'est difficile de trouver une place dans un bus et voyager, l'affluence est grande. Les villages se vident. Dans mon village il n'y a plus d'habitants en dehors des militaires."

La rentrée des classes menacée

Une situation qui rend donc hypothétique la rentrée scolaire du 2 septembre prochain, alors même que plus de 4.000 écoles sont toujours fermées dans les deux régions anglophones du pays.

Jacques Fame Ndongo, le ministre de l'Enseignement supérieur, a déclaré le 26 août lors d'une conférence de presse à Yaoundé que les séparatistes se sont lancés dans une entreprise d'intimidation à laquelle il ne faut pas céder.

"Nous sommes face à une guerre psychologique, basée sur l'intoxication, le mensonge, les menaces, les intimidations. Ces Amba boys font semblant de maîtriser la situation pour prétendre que si tout est paralysé, c'est par eux que viendra la solution à cette question du Nord-Ouest et du Sud-Ouest", a déclaré le ministre.  

Des appels au calme lancés par la société civile et le clergé n'ont pour l'instant pas eu l'impact escompté et tout le monde redoute aujourd'hui le retour des violences au Cameroun.