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Des camps de réfugiés en Afrique du nord?

Sandrine Blanchard21 juillet 2004

Proposition controversée du ministre allemand de l’Intérieur : Otto Schily préconise la construction en Afrique du nord de camps pour réfugiés africains. Alors, tentative de se débarrasser à bon compte de demandeurs d’asile malvenus en Europe, ou souci humanitaire, afin de leur éviter une traversée périlleuse de la Méditerranée ? Ce matin, les journaux allemands se font, dans leur grande majorité, l’écho des critiques à l’encontre de ce projet.

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Ministre de l'Intérieur SPD: Otto Schily
Ministre de l'Intérieur SPD: Otto SchilyImage : AP

La tageszeitung de Berlin fait sa Une sur cette proposition d’Otto Schily. Une proposition qui ne fait que reprendre ce que Tony Blair voulait instaurer il y a un an, comme le rappelle le quotidien, c’est-à-dire vérifier la situation des demandeurs d’asile venus d’Afrique avant même leur entrée en Europe, tandis qu’ils patientent dans des camps conçus exprès, en Afrique. Mais la taz a du mal à s’imaginer que les conditions d’accueil adéquates, sychologique notamment, puissent être réunies dans le désert libyen.

La Frankfurter Rundschau quant à elle préconise la prudence. Les propos du ministre sont loin d’être mis en pratique, estime le journal. Il pense qu’il s’agissait en fait surtout de réagir après l’histoire du Cap Anamur de ces derniers jours. Le quotidien de Francfort écrit que des camps basés sur les côtes algériennes ou marocaines peuvent peut-être vraiment aider des réfugiés repêchés en mer. Mais qu’ils n’empêcheront personne de risquer sa vie à traverser illégalement la Méditerranée.

C’est d’ailleurs cet aspect humanitaire, du sauvetage avant la traversée que met en avant la Rheinische Post de Düsseldorf. Le journal prend la défense de l’idée, tout en concédant qu’elle sera difficile à mettre en œuvre.

La Süddeutsche Zeitung, pour sa part, souligne que peu à peu, l’Union européenne renonce à la protection des réfugiés. L’Union européenne, qui veut la délocalisation, hors de son territoire donc, de la protection des immigrés. Elle est prête à payer pour que l’aide au réfugié ait lieu très très loin du contrôle de la justice et de l’opinion publique.

Or loin des yeux, loin du cœur, poursuit le quotidien de Munich. Il est facile de se donner l’illusion d’avoir réglé le problème de la pauvreté dans le monde à coups de politique répressive. La richesse reste à l’intérieur, la misère est refoulée aux portes de l’UE. Mais, conclut le journal, ce mur de camps et de décrets que dresse l’Union tout autour d’elle ne tiendra pas plus que tous les autres murs de l’Histoire, qui, tous, un jour, ont fini par s’effondrer.