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Départ en campagne pour le chancelier

Christophe LASCOMBES14 juin 2005

Il en est des discours comme de ceux qui les prononcent : certains sont fédérateurs, d’autres révélateurs. C’est plutôt ce dernier trait de caractère que la presse allemande discerne ce matin dans le discours prononcé par Gerhard Schröder au sujet de l’économie de marché...

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Gerhard Schröder donne le ton de la campagne électorale : nous sommes plus sociaux que les autres !
Gerhard Schröder donne le ton de la campagne électorale : nous sommes plus sociaux que les autres !Image : AP

Dans son discours sur l’Agenda 2010 et l’économie sociale de marché, Gerhard Schröder a tenté de se positionner comme le digne successeur de Ludwig Erhardt, le père du miracle économique allemand. C’est ridicule, critique die Welt, la réalité quotidienne démontre le contraire. Au vu de la situation actuelle, des millions de personnes souhaitent la mise en place de réformes, même si elles sont douloureuses.

Haro sur le capital! s’exclame la Frankfurter Rundschau qui souligne qu’ainsi, le ton de la campagne électorale du parti de Gerhard Schröder est donné. Ce signal, ce n’est pas une surprise, doit effacer le doute qui ronge ses propres partisans, un signal qui souligne une cohésion véritablement sociale-démocrate entre le SPD et le chancelier.

Jamais depuis le débat au Bundestag avant Noël 2000, Gerhard Schröder n’avait été aussi social-démocrate, ironise la Süddeutsche Zeitung qui parle même de « conversion du chancelier ». Si à l’époque il réagissait aux tentatives chrétiennes-démocrates de faire de lui le chancelier du Grand Capital, aujourd’hui ce sont la décomposition du SPD et la naissance d’un nouveau parti de gauche qui l’animent. Pour autant, cela n’entraîne pas le moindre mea culpa. Gerhard Schröder préfère la rhétorique sociale à la politique sociale.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le ton donné par le SPD à la campagne gêne les chrétiens-démocrates aux entournures. Pas question pourtant de se laisser entraîner dans le piège de la froideur sociale. Le risque est réel pour l’opposition dirigée par Angela Merkel et ici, la droite fait preuve de prudence politique car les électeurs sont capables de calculer au centime d’euros près ce que les décisions promises coûteront.

Mais au fait, que veut l’Union ? lance la Tageszeitung. Eh bien, beaucoup et son contraire. Que ce soit la suppression des subventions pour l’accession à la propriété, le démantèlement de l’Etat-providence ou l’augmentation de la TVA, un jour c’est oui, un jour c’est non. A tel point que jusqu’au jour du scrutin, personne ne saura vraiment si l’Allemagne a besoin de corrections de détails ou d’une refonte totale de son modèle économique. Curieuse situation que celle-ci, conclut le quotidien. D’habitude, avant les élections, le programme des partis est clair et l’issue en est ouverte. Cette fois-ci, c’est l’inverse : l’objet du scrutin est ouvert mais on en connaît déjà le vainqueur…