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Crise anglophone au Cameroun: Biya plus présent sur Twitter

Henri Fotso
7 mai 2019

Human Right Watch qui dénonce un recours régulier à la toture, l'ONU qui convoque une réunion du conseil de sécurité lundi prochain au sujet de la crise anglophone. Paul Biya appelle les Camerounais à défendre le régime

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Kamerun Präsident Paul Biya
Image : picture-alliance/AP Photo/Lintao Zhang

"Les tweets ne changeront rien aux centaines et milliers de morts"(Maître Alice Nkom, Women and Songs voters)

D’un côté, il y a une double pression interne menée par l’opposition politique radicale et par les sécessionnistes qui illustrent leur emprise sur les régions anglophones avec des assassinats et des enlèvements. 

De l’autre côté, il y a la pression de pays étrangers et des institutions partenaires du Cameroun, tels que le Parlement européen qui a récemment pris une résolution critiquant le gouvernement de Yaoundé.

Ou encore les Etats-Unis dont le secrétaire d’Etat adjoint pour les affaires africaines à récemment annoncé qu’après le Soudan, le Cameroun sera sa priorité. 

Ainsi, le président Biya fait désormais preuve d'une nervosité inédite par des tweets où il appelle le peuple camerounais à défendre le pays contre les attaques extérieures. 

 

Les Camerounais réagissent à cela de différentes manières. Monsieur Foncha, commerçant, n’est pas favorable au message du président : "Je suis complètement désolé que ce monsieur, après 37 ans, comprenne aujourd’hui qu’il doit communiquer avec son peuple. Il demande au peuple de se mobiliser quand il sent que son pouvoir est menacé," exploque le commerçant.

Quant à Polycarpe, un autre commerçant, il croit en la sincérité du président : " Pour ma part, je pense que le président Biya est un monsieur très réservé, très discret. S’il a déjà fait plusieurs tweets en une semaine, ça veut donc dire qu’avec sa clairvoyance, il est en train de constater qu’il y a des prédateurs aux portes du Cameroun. Alors, c’est pour cette raison qu’il appelle donc les Camerounais à se mobiliser pour défendre cette souveraineté nationale," explique-t-il.

Pour Maître Alice Nkom de Women and Songs voters, ce ne sont pas de tweets présidentiels dont le Cameroun a besoin maintenant. 

Paul Biya brandit selon elle la xénophobie par ses tweets, après avoir instrumentalisé le tribalisme pendant longtemps : "Alors, les tweets n’y changeront rien, quand il y a des centaines et des milliers de morts. Nous sommes très contents qu’aujourd’hui le monde nous ait entendus là où il a fait la sourde oreille. Il n’a aucune compassion pour son peuple."

En plus des tweets largement relayés de Paul Biya, le régime de Yaoundé tentent aussi par des communiqués et conférences de presse de convaincre. 

Différentes instances institutionnelles locales dont les présidents du Sénat, de l’Assemblée nationale, et le ministre de la Communication sont aussi montés au créneau ces derniers jours.

Le porte-parole du gouvernement, Emmanuel Sadi, a ainsi affirmé que "le gouvernement dénonce une fois encore cet acharnement contre le Cameroun qui traduit une volonté de fragiliser nos institutions et de saper le moral de nos forces de défense et de sécurité en leurs missions de restauration de l’ordre, de préservation de l’intégrité territoriale."

Une coalition d’ONG du Cameroun et d’Afrique, sous la bannière du Centre africain pour la démocratie et les études des droits humains, vient de se réunir à Sharm-El-Sheikh, en Egypte, et a adressé une lettre ouverte de protestation à Paul Biya sur la situation du pays. 

Cela fera bientôt trois ans qu’a éclaté la crise anglophone qui s’est ensuite muée en une guerre sécessionniste au Cameroun. 

Paul Biya, réélu pour sept ans en octobre dernier, reste toujours attendu sur le terrain du dialogue national en vue d’un apaisement généralisé.