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Coopération suspendue, quelles conséquences pour le Mali ?

4 juin 2021

Paris a annoncé la suspension de ses opérations militaires conjointes avec le Mali. La coopération ne reprendra que lorsque "le cadre de la transition politique au Mali sera clarifié".

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Des militaires français et britanniques sur une base à Gao, dans le nord du Mali
Des militaires français et britanniques sur une base à Gao, dans le nord du MaliImage : AFP/D. Benoit

"Des exigences et des lignes rouges ont été posées par la Cédéao et par l'Union africaine pour clarifier le cadre de la transition politique au Mali", et "dans l'attente de ces garanties, la France (...) a décidé de suspendre, à titre conservatoire et temporaire, les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions nationales de conseil à leur profit", explique le ministère français des Armées dans un communiqué.
L’annonce de la France entraîne temporairement l’arrêt des opérations conjointes menées par les militaires de l’opération française Barkhane avec les forces armées maliennes (FAMA). 

Cette suspension survient dix jours après le nouveau coup de force du colonel Goïta à Bamako. Elle concerne aussi les activités de formation mais ne devrait dans un premier temps pas avoir d'effets sur la mission européenne EUTM Mali. 

"L'opération Barkhane en solo va continuer" (Moussa Sidibé)

Selon Moussa Sidibé, analyste politique, "les opérations suspendues sont celles qui concernent les forces spéciales, par exemple, dans le cadre de l'opération Takuba, pour la formation des unités des forces spéciales de l'armée malienne dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sur place. Mais, pour tout ce qui concerne l'opération Barkhane en solo, sur le terrain, les opérations continuent."

Moyen de pression

Si la France et le Mali n’arrivent pas à s’entendre, va-t-on assister à la fin de l’opération Barkhane?

Emmanuel Dupuy, président de l'​Institut prospective et sécurité en Europe n’y croit pas. Selon lui, il s’agit pour l’heure d’un moyen de pression sur les autorités de transition.

"C'est une décision temporaire" (Emmanuel Dupuy)

"C'est une décision temporaire, une décision politique, symbolique et qui ne remet pas en cause la présence des 2.500 militaires français en territoire malien, dans le cadre de l'opération Barkhane (dont l'effectif total est de 5.100 hommes, ndlr). Mais c'est une décision qui in fine, en contradiction avec le discours des autorités françaises, mettra sans doute à mal l'efficacité de la lutte contre les groupes armés terroristes", assure Emmanuel Dupuy.

Même si c’est une décision temporaire qui sera réévaluée "dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes", Moussa Sidibé estime qu’elle constitue un geste fort.

Car ces derniers mois, grâce au soutien des militaires français, l’armée malienne a enregistré plusieurs victoires dans la traque contre les djihadistes. 

Forte de 5.100 militaires au Sahel, la force française Barkhane va continuer d'opérer seule. Cependant, la force "Takuba" initiée par la France, composée d'unités de forces spéciales européennes et censée former l'armée malienne au combat face aux jihadistes, compte parmi les activités suspendues.