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Contre les passeurs, place aux armes

Tamara Wackernagel7 octobre 2015

Depuis janvier dernier, plus de 250 000 personnes ont traversé la Méditerranée, pour rejoindre l’Europe. Face à ce phénomène, l’Union Européenne a décidé d’employer la force et lance la mission "Sophia".

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Mittelmeer EU-Militäreinsatz gegen Schleuser Fregatte Schleswig-Holstein»
La frégate allemande "Schleswig Holstein" participe à l'opération SophiaImage : picture-alliance/dpa/S. Stache

La mission "Sophia" n'est pas un tournant dans la politique migratoire de l’Union Européenne. C'est une mesure parmi d'autres. Mais elle se distingue par son accent répressif. Elle est le prolongement de missions d'observation des réseaux mafieux dans la zone. Avec six navires de guerre, sept avions et hélicoptères, des drones, un sous-marin et 1300 soldats, stationnés en haute mer. Dès aujourd'hui, ils vont pouvoir arraisonner les bateaux suspects et les détruire ou les forcer à faire demi-tour.


Pourquoi un tel déploiement de force ?
Première raison invoquée: le business des passeurs, qui est juteux et dangereux pour les migrants. Bien sûr, l'Union cherche aussi à mettre un terme aux passages. Cette militarisation des frontières est réclamée entre autres par le plus grand groupe parlementaire au Parlement Européen, le Parti Populaire Européen (PPE). Manfred Weber, président du PPE: "En Méditerranée, l’Europe ne peut rester les bras ballants. Il faut enfin passer à l’action. Nous devons réprimer avec la plus grande fermeté les bandes de trafiquants d’êtres humains, et cela passe aussi par l’emploi de la force militaire."

Manfred Weber CSU EVP Europaabgeordneter
Manfred Weber salue la militarisation des frontières européennesImage : picture-alliance/tagesspiegel/Heinrich


Quel écho du côté de la société civile ?

Associations et experts sont critiques. Telle Isabel Schäfer, chercheuse à l’Institut allemand sur les politiques de développement: "Je pense qu’il est important de prendre ces mesures et de montrer un peu de présence face aux passeurs, mais évidemment d’autres mesures et d’autres priorités sont plus pressantes. Comme l’aide humanitaire et les aides d'urgence, mais aussi la lutte contre les causes de fond de la migration."
Les migrants risquent de changer de routes. Elles seront plus longues, plus risquées et plus coûteuses. Mais difficile de croire que le marché disparaîtra. Plus au Sud, on craint que le budget alloué au dialogue avec les pays d’origine et de transit pâtissent de la militarisation, très onéreuse, des politiques migratoires. Comme Rami Khouili est le responsable Maghreb du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme: "Je pense que si tout cet argent là est orienté vers le développement, vers les questions liées à la sécurité, et à la coopération avec les pays du Sud, je pense que ça pourrait résoudre beaucoup de problèmes, plus en tout cas que la simple approche sécuritaire, qui s’est révélée complètement inefficace, face aux problématiques rencontrées par l’Union Européenne."

Schlauchboot Mittelmeer-Flüchtlinge Italien Symbolbild
Les bateaux gonflables sont à l'origine de bien des naufrages en MéditerranéeImage : picture alliance/ROPI

On en saura plus après le sommet sur les migrations entre l'Union et des pays africains, qui se tiendra à Malte les 11 et 12 novembre prochains.