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Comment les clubs de Bundesliga se déplacent-ils ?

Jonathan Harding
17 octobre 2022

Alors que le PSG s’est attiré de nombreuses critiques suite à son choix de voyager en jet privé, la DW a enquêté sur les déplacement des équipes de Bundesliga.

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Les joueurs de Leipzig prennent l'avion pour se rendre en Autriche
Le club de Leipzig n'a pas participé à l'enquête de la DWImage : imago

En septembre dernier, Christophe Galtier, l'entraîneur du Paris Saint-Germain, et Kylian Mbappé se sont retrouvés au cœur d’une polémique après avoir rigolé à l'idée de prendre le train et non un jet privé afin de se déplacer pour leurs matchs à l'extérieur.

Si la réponse de la star des Bleus et de son coach actuel en club a, une nouvelle fois, mis en lumière la déconnexion avec la réalité des acteurs du football, elle aura eu le mérite de poser une question importante : comment se déplacent les autres grands clubs européens ?

La Bundesliga est un championnat où les clubs agissent beaucoup dans la lutte contre le réchauffement climatique. Certains stades opèrent en respectant la neutralité carbone, des panneaux solaires ont été installés par plusieurs clubs dans les centres d'entraînements et l'eau est très souvent économisée ou recyclée. 

Mais qu'en est-il lorsque les clubs se déplacent ? Font-ils autant d'efforts pour réduire leur empreinte carbone ? 

Avion, bus ou train ?

La DW a demandé aux 18 clubs de la Bundesliga de détailler leur méthode de transport pour chaque match à l'extérieur.

Sept clubs n'ont pas répondu, tandis que trois ont assuré ne pas pouvoir donner ce genre d'informations pour des raisons de sécurité et de respect de la vie privée. En revanche, huit clubs ont accepté de participer à l'enquête.

Le Borussia Dortmund a révélé que cette saison, les joueurs et le staff prendraient le bus pour neuf de leurs 17 déplacements prévus. Le grand rival, Schalke 04, a lui expliqué que pour le moment, le club avait privilégié le bus, ne prenant ainsi l'avion qu'une seule fois depuis août.

Pensionnaire de deuxième division la saison passée, le Werder Brême a déclaré que lors de la campagne 2021/2022, l'équipe avait pris dix fois le bus, cinq fois l'avion (dont trois fois via des vols commerciaux) et deux fois le train.

Le VfL Bochum ainsi que l'Eintracht Francfort ont tous les deux assurés ne prendre l'avion que dans des cas exceptionnels. Pour le vainqueur de la Ligue Europa, le calendrier très chargé la saison passée, avec des matchs en milieu de semaine toute la saison, a forcé les Aigles à prendre l'avion pour se rendre par exemple à Munich ou à Berlin. Le graphique ci-dessous donne dans le détail les trajets du club de la Hesse en Bundesliga lors de la saison 2021/2022.

Le club de Mayence suit lui un programme fixe : l'équipe ne prend l'avion que pour se rendre à des destinations qui se trouvent à plus de 400 kilomètres. L'an passé, le club n'a ainsi pris l'avion qu'à six reprises. A chaque fois, un vol commercial a été privilégié - dans la mesure du possible. Cologne utilise la même méthode.

Enfin, Fribourg déclare utiliser le bus le plus souvent possible, l'avion étant réservé à des trajets lointains comme Berlin ou Brême. Le club ajoute qu'avant la pandémie et la mise en place d'un protocole sanitaire strict, le train était aussi très utilisé.

L'avion, un mode de transport trop utilisé dans le football

Selon Giulio Mattioli, chercheur sur les questions des transports à l'université de Dortmund, prendre l'avion de maniére régulière est devenu monnaie courante, surtout dans les cercles de personnes influentes comme les footballeurs. Cela n'est plus un luxe.

"J'ai l'impression que le fait de prendre l'avion va de paire avec leur mode de vie, ils s'attendent à voler", explique Giulio Mattioli. "Et c'est sans doute cela le plus dangereux : les personnes qui sont dans certaines positions prennent tout ça pour un acquis, cela crée des habitudes."

Mais cela va peut-être devoir changer. Les conséquences environnementales de l'avion ne peuvent plus être ignorées. 

Selon les calculs faits par Mattioli et ses collègues, le vol du PSG entre Paris et Nantes le 3 septembre dernier a duré 42 minutes et a émis 17 fois plus de gaz à effet de serre par voyageur qu'un même voyage en train l'aurait fait. Un trajet en train entre Paris et Nantes ne met que 2 heures et 20 minutes en moyenne.

"Il n'y aucun effort pour limiter le transport aérien de passagers", explique Mattioli. "Selon moi, encore plus que de réguler les vols, il faudrait stopper la construction de nouveaux aéroports. Si l'offre baisse, les gens vont devoir s'adapter." Les clubs de football y compris.

L'aspect important de la condition physique

Une des raisons majeures pour lesquelles les clubs prennent souvent l'avion est le confort. En effet, la régénération est un élément clé pour une équipe de football.

"Ce que nous voyons souvent après de longs voyages, ce sont des hanches et des dos très raides, ainsi que des douleurs accrues dans ces zones", explique Julia Eyre, scientifique du sport et psychologue. "Le bas du dos est très important pour les footballeurs, il est donc plus plaisant pour eux de ne pas être trop longtemps assis de manière inconfortable."

Le bus du Borussia Dortmund
Le Borussia Dortmund continue de privilégier le bus comme moyen de transport, malgré l'attentat survenu en 2017Image : picture alliance/dpa/N.Schmidt

"En bus ou en train, vous pouvez vous lever et marcher un peu mais tout voyage de plus de deux heures est inconfortable", assure celle qui travaille pour le centre de formation du TSG Wiesek.

"Les footballeurs ont des ischio-jambiers très courts, et sont très raides des hanches, s'ils vont sur le terrain juste après avoir voyagé il est évident que l'avion cause moins de dégâts."

Dans un sport qui génère des milliards de chiffre d'affaires mais dont les marges de profit sont de plus en plus fines, voyager quelques heures de moins fait toute la différence. Et si les clubs de football ne sont pas les plus gros pollueurs du monde, leur énorme pouvoir au niveau sociétal et culturel doit les pousser à prendre ce sujet plus au sérieux.

Cet article a été édité et traduit par Sophie Serbini.