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Colère en pleine pandémie contre le couvre-feu au Sénégal

Robert Adé
5 juin 2020

Dakar a assoupli jeudi (04.06.2020) l'état d'urgence et le couvre-feu. Une mesure prise après de violentes protestations de jeunes contre ces restrictions.

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Dakar a connu des protestations violentes contre les restrictions liées à la Covid-19
Dakar a connu des protestations violentes contre les restrictions liées à la Covid-19Image : Reuters/C. van der Perre

Le gouvernement sénégalais a procédé jeudi (04.06.2020) à un nouvel assouplissement de l’état d’urgence et du couvre-feu. Le ministre de l’Intérieur, Ali Ngouille Ndiaye, a annoncé que le couvre-feu court désormais de 23H00 à 05H00 (locales et GMT). Le président Macky Sall avait annoncé un premier assouplissement lundi (11.05.2020).

Cette annonce du gouvernement survient après deux nuits de violentes protestations des jeunes contre ces restrictions.

Retour au calme après la grogne

Des jeunes qui ont en effet grogné contre les restrictions imposées aux mouvements et aux activités depuis mars dernier. La capitale sénégalaise et plusieurs autres villes ont été le théâtre de protestations. Des Sénégalais ont ainsi incendié des pneus, dressé des barrages et lancé des pierres contre les forces de l’ordre. Les policiers et gendarmes ont dispersé les protestataires à coups de gaz lacrymogènes. Les mouvements de protestations ont touché aussi la ville religieuse de Touba, à 200 km à l’est de Dakar. Selon le ministre de l’intérieur, plus de 200 personnes ont été interpellées.

La police a été rejointe par l'armée pour ramener le calme
La police a été rejointe par l'armée pour ramener le calmeImage : Reuters/C. van der Perre

Jeudi (04.06.2020), le calme est revenu à Dakar mais certains habitants du quartier Grand Dakar sont toujours en colère. Ils craignent pour leur sécurité.

"On a peur. On a peur parce qu’on ne sait même pas où aller. On est vraiment inquiet", a déclaré Assane. Habitant du quartier Grand Dakar, il redoute un regain de tension sociale après les violentes manifestations dans la nuit de mercredi (03.06.2020) contre le couvre-feu dans certains quartiers de Dakar. Il confie que " la police a réagi mais on n’a rien cassé. On brûlait les pneus, on marchait, on faisait du bruit mais on ne cassait rien"

Paralysie des activités

Assis sur un banc au bord de la route qui mène à la gare routière de Grand Dakar, Max passe sa journée à regarder les passants ou à flâner. Cela fait plus de deux mois que cet ancien militaire reconverti dans le transport en commun a garé son véhicule.

Le Sénégal fait face à une contagion continue de la Covid-19
Le Sénégal fait face à une contagion continue de la Covid-19Image : Rueters/Z. Bensemra

Désœuvré, il se dit désemparé face à sa nouvelle vie. Selon lui, les restrictions liées à la Covid-19 sont devenues trop contraignantes pour le Sénégalais ordinaire :

"Tous les Sénégalais ont peur parce qu’on nous donne un couvre-feu de 20H à 05H du matin. Les gens sont fatigués de ce couvre-feu. Ils ne peuvent pas bouger. Nous dormons dans nos lits au point que nos corps sont fatigués. Nous avons peur, ici au Sénégal. Nous ne savons pas jusqu’où ce couvre-feu va nous emmener. Nous enfermer, ne pas nous donner à manger, impossible de voyager et d’avoir de l’argent… Nous sommes fatigués. Nous sommes des responsables qui vivons dans la peur, ici au Sénégal. Nous avons vraiment peur."

Pour cet autre habitant rencontré  au marché de Grand Dakar, on ne doit pas écarter l’hypothèse d’une main invisible derrière cette vague de protestations :

 "Moi je pense que ce sont des mouvements qui ont été financés par des politiciens pour que ces jeunes protestent contre les restrictions en vigueur. C’est mon sentiment. Les troubles enregistrés la nuit dernière à Dakar et un peu partout dans la semaine au Sénégal ont été orchestrés."

Le Sénégal compte plus de 4.000 cas de la Covid-19, dont 45 décès. Le pays a repoussé à la dernière minute le retour en classe de près de 500.000 élèves. Un retour initialement prévu le mardi (02.06.2020).