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Ces migrants expulsés de force de Pologne vers le Bélarus

17 novembre 2021

Des milliers de migrants continuent d’attendre dans le froid, côté biélorusse, espérant pouvoir entrer illégalement dans l’Union européenne.

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Reportage à la frontière entre le Belarus et la Pologne
Reportage à la frontière entre le Belarus et la PologneImage : Leonid Shcheglov/BelTA/AP/dpa/picture alliance

Le porte-parole du Kremlin se félicite des contacts directs établis entre des responsables européens et biélorusses pour tenter de régler la crise migratoire à la frontière entre la Pologne et le Bélarus. Varsovie estime toutefois que la situation pourrait "durer des mois, voire des années".

>>> lire aussi : Des heurts à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie

Des milliers de migrants continuent d’attendre dans le froid, côté biélorusse, espérant pouvoir entrer illégalement dans l’Union européenne. Ils sont renvoyés d’un côté et de l’autre de la frontière par la force : aucun des deux Etats ne veut les accueillir et chacun accuse l’autre de les instrumentaliser à des fins politiques. 

Mourir à 19 ans

Ahmad al Hassan n’avait que 19 ans. Originaire de Syrie, il avait fui son camp de réfugiés en Jordanie dans l’espoir de trouver un avenir meilleur en Europe. 

>>> lire aussi : A la frontière de l'UE, le drame continue
Comme des milliers d’autres personnes en détresse, il a cru les messages diffusés largement sur les réseaux sociaux qui promettaient un passage facile vers l’Union européenne depuis le Bélarus.

Enterrement d'Ahmad, 19 ans
Enterrement d'Ahmad, 19 ansImage : Wojtek Radwamski/AFP

Ahmad al Hassan est mort fin octobre, avec un jeune Kurde irakien, alors qu’ils tentaient de traverser la rivière Bug qui marque la frontière avec la Pologne. Il a été enterré dans la nuit de lundi à mardi dans le village polonais de Bohoniki, par la communauté musulmane locale, à des milliers de kilomètres de chez lui.

Maciej Szczęsnowicz dirige cette communauté et s'offusque : "toute cette souffrance, ces enfants qui souffrent, qui pleurent, c’est terrifiant. Et en même temps, nous, les résidents de la zone frontalière, nous nous sentons en sécurité tant que les garde-frontières sont déployés mais eux aussi sont épuisés."

Les réfugiés pris dans l'étau des politiques européennes

Brutalités des deux côtés de la frontière

Difficile de vérifier si Ahmad et son compagnon d’infortune ont été brusqués par des soldats biélorusses. 
Beaucoup témoignent de la violence employée par l’armée du Bélarus pour contraindre les migrants à passer en Pologne, en sautant des barrières, en traversant des bois, des marécages, le long des 400 kilomètres de frontière.

Image prise par un drone biélorusse pour établir la violence des soldats polonais
Image prise par un drone biélorusse pour établir la violence des soldats polonais envers les migrantsImage : Leonid Shcheglov/BelTA/AP/dpa/picture alliance

"C'est terrible de voir ça, dit Eugenia, une résidente. Il fait froid, c'est une tragédie. Je ne sais pas, je ne comprends pas comment on peut tolérer des choses comme ça."

D'autant qu'une fois renvoyés de Pologne, le calvaire des migrants recommence côté biélorusse.

>>> lire aussi : Varsovie dénonce un "chantage", Bruxelles menace "d’agir"

Agata Kolodziej fait partie de l’organisation Ocalenie qui tente de venir en aide aux migrants, en leur proposant notamment une aide juridique, mais "quelquefois, ça ne suffit pas". Agata déplore qu'"en ce moment, les garde-frontières les renvoient tout bonnement, y compris s’ils ont demandé une protection ici. C’est une violation du droit international."

Des canons à eux, des gaz lacrymogènes
Des canons à eux, des gaz lacrymogènesImage : Leonid Shcheglov/BELTA/AFP/Getty Images

Rien que dans la nuit de lundi à mardi, les autorités affirment avoir arrêté près de 200 migrants et en avoir expulsés 29 hors du territoire. Les autorités de Varsovie dénoncent une machination de Minsk et Moscou pour déstabiliser la Pologne et l’Union européenne. 

Les Polonais oscillent entre crainte et compassion. Les partis d’extrême droite essaient de présenter les migrants comme une menace pour la sécurité du pays. Le gouvernement a annoncé son intention de commencer, en décembre, la construction d’un mur de 180 kilomètres de long à la frontière.