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EconomieAfrique

Bitcoin en Centrafrique, les autorités y croient toujours

Carole Assignon
13 mai 2022

Après l'adoption du bitcoin comme "monnaie de référence" aux côtés du franc CFA, les autorités tentent d'en faire la promotion en dépit des réticences.

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Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra.
Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra.Image : Andr.B/Xinhua News Agency/picture alliance

Le 28 avril, le président Faustin Archange Touadéra avait, à la surprise générale, annoncé le vote par le Parlement d’une loi qui "régit toutes les transactions" en cryptomonnaies et fait du bitcoin une "monnaie de référence" aux côtés du franc CFA.

Si la loi est entrée en vigueur, son application reste compliquée et la grande majorité des Centrafricains ne semble toujours pas bien en cerner tous les contours, ceci alors que les autorités tentent de faire la promotion du bitcoin.

Lire aussi : Les banques centrafricaines se méfient de l’arrivée du bitcoin

Un choix pour renflouer les caisses de l'Etat ?

Pour rendre plus concret son projet, le chef de l'Etat s'est donc rendu à Dubaï pour superviser le lancement d’une société de minage électronique. Le "minage" qui désigne ces calculs complexes qui servent à créer le bitcoin et authentifier les transactions est un processus très énergivore et la Centrafrique ne dispose pas des infrastructures nécessaires à cette opération. C’est en effet à Dubaï que devrait se trouver la société de minage de la monnaie électronique.

Cette société de minage fournira un service au réseau de la cryptomonnaie en échange d'une rémunération. Les autorités centrafricaines semblent espérer que l’adoption du bitcoin aidera à renflouer les caisses de l’Etat. 

Les autorités centrafricaines semblent espérer que l’adoption du bitcoin aidera à renflouer les caisses de l’Etat.
Les autorités centrafricaines semblent espérer que l’adoption du bitcoin aidera à renflouer les caisses de l’Etat.Image : Weber/Eibner-Pressefoto/picture alliance

Ceci en dépit de l’extrême volatilité de la devise numérique qui peut connaître des variations, à la hausse comme à la baisse, de plus de 10 % en une seule journée. Des fluctuations qui n'aident pas les fonctionnaires ou entreprises qui seraient payés avec cette monnaie.

Des réticences

La loi votée par les parlementaires qui régit toutes les transactions en cryptomonnaies fait du bitcoin une "monnaie de référence" aux côtés du franc CFA. Tous les paiements en monnaie numérique, jusqu'aux impôts, sont donc autorisés en Centrafrique. 

Son application, qui paraissait dès le départ hypothétique dans un pays de 5,5 millions d'habitants, dont seulement 15% ont accès à l'électricité et 10% à internet, selon la Banque mondiale, se heurte déjà à des obstacles. 

Lire aussi : RCA : l'adoption du bitcoin jugée précipitée par certains

La Commission bancaire de l'Afrique centrale (CBAC) a précisé dans un communiqué que seul le franc CFA est la monnaie autorisée pour la tenue de la comptabilité des établissements qui lui sont assujettis. 

La CBAC interdit à ces établissements et leurs partenaires techniques, "dans le cadre des services de paiement d’échanger ou de convertir, de régler ou de couvrir en devise ou en francs CFA les transactions relatives aux cryptomonnaies ou ayant un lien avec celles-ci ".

Avantages et inconvénients du Bitcoin

Une décision qui risque de compliquer la tâche aux autorités centrafricaines, la CBAC étant l'organe de supervision de l'ensemble des établissements de crédit et des établissements de microfinance de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.
 
Avant la CBAC, c’est la Banque africaine de développement qui a selon certains médias dû suspendre le financement de projets en Centrafrique, en raison notamment de la situation économique instable du pays qui ne rassure pas. Un sentiment que l’adoption du bitcoin comme monnaie de référence n’a fait que renforcer. 
 
Il y a quelques jours déjà, le ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba, avait alerté sur l’état alarmant des finances publiques du pays et annoncé des coupes de 40% à 60% dans le budget de certains ministères.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique