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Casques sur la tête et bouches cousues

3 décembre 2009

L'Afghanistan fait la Une de tous les journaux allemands, avec des débats sur la stratégie d'Obama et sur l'attitude de Berlin.

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Soldats de la Bundeswehr près de Kundus, dans le nord de l'AfghanistanImage : AP

Barack Obama a annoncé l'envoi de renforts, et dans le même temps le retrait des troupes américaines, en 2011. Il faut certes spécifier clairement qu'il s'agit d'un engagement à durée déterminée, reconnaît die Welt. Hamid Karzaï doit comprendre qu'il ne reçoit pas un chèque en blanc. Mais comment croire que des soldats qui n'ont pas atteint leur objectif en l'espace de huit ans vont y parvenir en un an et demi ? Le quotidien déplore par ailleurs l'abandon des objectifs honorables : Il ne s'agit plus d'ériger un modèle de démocratie, mais de garantir un minimum de stabilité et d'éliminer Al-Qaida.

Peut-on gagner une guerre en mobilisant davantage de soldats ? se demande la Süddeutsche Zeitung ? Une question à laquelle l'Histoire apporte des réponses différentes selon les cas. Mais ce qui est sûr, c'est que les armes ne suffisent pas à renverser un mouvement d'insurgés aux motivations politiques et idéologiques. On connaît les structures tribales de l'Afghanistan, ses convoitises et ses querelles. On sait que corruption et loyauté y sont imbriquées. Et que l'exportation d'un ordre social et politique à l'occidentale est vouée à l'échec.

Le Financial Times Deutschland se montre pour sa part un peu moins pessimiste. Il n'y a aucune garantie que la stratégie d'Obama fonctionne. Mais c'est celle qui propose les meilleures perspectives. Au lieu de se présenter en tant que visionnaire, le président américain a adopté une approche terre à terre. Il n'a pas parlé de victoire mais d'objectifs. Son discours était aussi l'aveu des échecs précédents.

« Casque sur la tête et bouche cousue » titre la tageszeitung. Les Etats-Unis et l'Otan poussent l'Allemagne à envoyer des hommes supplémentaires et le gouvernement fait tout pour éviter le débat. En discuter avec les alliés d'accord, mais pas avec le parlement. Et encore moins avec le souverain de la démocratie, à savoir le peuple. La transparence nouvelle de la politique militaire allemande, annoncée il y a une semaine, appartient déjà au passé.

Auteur : Anne-Julie Martin

Rédaction : G.I. Toukara