Camp David : 30 ans après
17 septembre 2008En novembre 1977, Anouar el-Sadate provoquait la surprise générale en se rendant à Jérusalem afin d'entreprendre des négociations avec les Israéliens. Il devenait ainsi le premier dirigeant arabe à effectuer une visite officielle en Israël et à reconnaitre son existence.
Boutros Boutros Ghali, secrétaire d'Etat egyptien de l'époque, qui fut ensuite Secrétaire général de l'ONU, était à bord avec le chef d'Etat : « Tous les projecteurs étaient braqués sur l'avion de Sadate. Les Israéliens étaient là dehors, et n'arrivaient pas à croire qu'un président égyptien était réellement venu. Et quand il est apparu, il y a eu un silence complet pendant plusieurs secondes, mis à part les applaudissements bien sûr. Moi qui me tenais juste derrière lui, ce grand silence m'a donné l'impression qu'il se passait quelque chose d'inhabituel, hors du commun ».
En 25 ans, l'Egypte et Israël s'était affrontés cinq fois. La dernière fois c'était lors de la guerre de Kippour. Les accords de Camp David, signés sous l'égide du président américain Jimmy Carter, mettent ainsi fin à des affrontements qui ont fait des dizaines de miliers de morts dans les deux camps.
Ils permettent également à l'Egypte de récupérer le Sinai qui avait été conquise en 1967. Ingrid al-Kabbani, une Allemande mariée à un Egyptien, est alors partie s'installer sur la péninsule. Au début, elle n'a pas remarqué de véritable chagements : « C'était étrange. Les Egyptiens étaient toujours aussi négatifs envers les Israéliens. J'arrivais tout juste d'Allemagne et j'ai été étonnée de voir une telle haine de leur part. J'ai ressenti cette haine au quotidien, mais c'est aussi parce que les Israéliens qui venaient ici étaient très arrogants ».
Grâce à la paix, les affaires et le tourisme ont pu prospérer. Mais la normalisation des relations entre Egyptiens et Israeliens n'est dans les faits que diplomatique et de surface. Tant que les Palestiniens n'auront pas leur propre Etat, un rapprochement semble difficile à envisager. Mais pour beaucoup, le plus important reste la paix.