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Tueries de Ngarbuh : HRW déplore la lenteur de la justice

14 février 2022

En février 2020, 23 civils ont été tués dans un raid de soldats et de leurs supplétifs à Ngarbuh au Cameroun. Le procès des auteurs présumés n'est pas terminé.

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Des soldats camerounais dans l'Extrême-Nord du Cameroun
Des soldats camerounais dans l'Extrême-Nord du CamerounImage : Getty Images/AFP/A. Huguet

La lenteur de la justice camerounaise dans ce dossier inquiète les organisations de défense des droits humains comme Human Rights Watch qui dénonce de graves crimes que l'armée camerounaise continue de commettre dans les régions anglophones.

Plus d’un an après le massacre de Ngarbuh, la justice camerounaise n’a toujours pas identifié formellement ni donc puni les auteurs des tueries survenues dans ce village situé dans la région anglophone. Le procès des 21 individus mis en cause s'éternise devant le tribunal militaire de Yaoundé suscitant des interrogations sur la capacité de cette cour à rendre justice aux victimes, écrit Human Rights Watch dans son nouveau rapport.

Absence de progrès

Ilaria Allegrozzi, chercheuse sur l’Afrique centrale à Human Rights Watch, rappelle sur la DW que "l’absence de progrès est aggravée par les possibilités limitées d’accès et de participation des familles des victimes".

Ilaria Allegrozzi dénonce une impunité dont jouissent des officiers supérieurs

"Cette absence de progrès dans le procès est aggravée aussi par le manque de témoins probants et surtout par l’impunité dont jouissent des officiers supérieurs de la chaîne de commandement et qui n’ont été jamais inquiétés."

Relire aussi → Massacre de Ngarbuh, les autorités camerounaises reconnaissent l'implication de soldats

Human Rights Watch rappelle aussi que le gouvernement camerounais avait d’abord nié la responsabilité de ses forces de sécurité dans le massacre de Ngarbuh. Mais sous la pression de la communauté internationale, le président Paul Biya avait finalement créé une commission d’enquête  suite à laquelle le gouvernement avait reconnu une certaine responsabilité d'éléments de l'armée dans ces violences.

Pires atrocités

En juin 2020, Yaoundé avait annoncé l’arrestation de deux soldats et d’un gendarme. Or, selon Ilaria Allegrozzi, les tueries de Ngarbuh constituent l’une des pires atrocités commises par les forces camerounaises depuis le début de la crise anglophone, fin 2016.

"Des membres des forces de sécurité et des membres d’un comité de vigilance armés avaient tué 21 civils dont 13 enfants et une femme enceinte. Ils avaient également brûlé des maisons, pillé des biens de la population, frappé des habitants dans une opération de représailles qui visait des communautés accusées de cacher des combattants séparatistes", indique Ilaria Allegrozzi.

(Re)lire aussi → Procès de Kumba au Cameroun : des associations dénoncent un simulacre

Les civils sont pris entre deux feux: celui des séparatistes et celui de l'armée
Les civils sont pris entre deux feux: celui des séparatistes et celui de l'armée

La liste des crimes imputés aux forces armées camerounises est longue. Pour rappel, juste après le massacre de Ngarbuh, le 1er mars 2021, des soldats camerounais ont violé au moins 20 femmes dans une attaque dans le village de Ebam dans la région du  sud-est, selon Human Rights Watch.

Plus récemment, en janvier 2021, des soldats de l’armée ont tué 9 civils dont une femme et un enfant dans la région anglophone du Sud-ouest. Des dizaines de foyers avaient également été pillés. Enfin, en décembre 2020, des soldats ont tué au moins 8 personnes et brûlé des dizaines de maisons et des magasins au cours des trois opérations militaires dans la région du Nord-ouest.

Les auteurs de ces crimes ne sont toujours pas traduits devant la justice. Et aucune enquête n’a encore été ouverte.