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Cameroun: regain d'insécurité à Bamenda

10 septembre 2018

À moins d’un mois de l’élection présidentielle au Cameroun, l’insécurité persiste dans les provinces anglophones. Samedi (08.09.18), un convoi de bus a été attaqué près de Bamenda, chef-lieu de la région du Nord-Ouest.

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Image : Getty Images/AFP

"Notre Nation demeurera unie" (Issa Tchiroma Bakary)

L'attaque a été perpétrée dans le village Akum par des  hommes armés, situé à quelques encablures  de Bamenda et a fait un mort- le chauffeur d’un bus- et de nombreux blessés.

Selon les informations publiées par la radiotélévision d’Etat, les assaillants étaient lourdement armés. Sur les réseaux sociaux, des images ont circulé montrant une route en construction coupée par une tranchée. La circulation n’a été rétablie que dans la soirée, soit plusieurs heures après l’attaque, après une intervention tardive de l’armée.


"Un de nos collaborateurs nous a informé qu'un groupe d'hommes armés a fait irruption sur le chantier et s'est emparé de la pelle mécanique pour creuser un trou sur la voie", a expliqué à l’AFP, un responsable de la compagnie de travaux publics chargée de rénover la route qui relie Bamenda à Bafoussam, près de 80 km au sud.

Les assaillants ont aussi perturbé la connexion à internet et les réseaux mobiles.

"Quand nous sommes arrivés ce matin, nous avons fait nos mesures et avons vu que la fibre était sectionnée à 15,6 kilomètres de Bamenda." Tous les opérateurs ont été affectés. Tout le monde est touché.", témoigne  Aleh Solomon, un technicien des télécommunications.

Unité territoriale" du Cameroun

Les autorités de la région ont instauré un couvre-feu à partir de dimanche (9 septembre), entre 18 heures et 6 heures du matin. De nouveaux renforts militaires ont aussi été déployés à Bamenda.


"Quoi qu’il nous en coûte, notre nation demeurera unie. Une poignée d’individus, mû par la boulimie du pouvoir, assoiffé de sang, ne saurait prendre en otage 25 millions de camerounais déterminés à se battre pour maintenir l’intégralité territoriale de leur nation. La baisse de ces violences annonce l’efficacité des mesures qui sont prises. Deutsch Welle est suivie par beaucoup de gens, y compris les sécessionnistes. Si je déroule le programme du gouvernement  aujourd’hui, je n’aurais pas été à la hauteur de ma responsabilité de protecteur de nos forces de défense et de sécurité", déclaré Issa Tchiroma Bakary, qui défend l'"unité territoriale" du Cameroun et pour qui, la situation est sous contrôle.

Immobilisme

Toutes ces mesures annoncées par les autorités sont jugées insuffisantes par plusieurs analystes. C’est pourquoi Sosthène Nga Efouba, politologue chargé de cours à l'Université de Yaoundé 2 à Soa, suggère un report de l’élection présidentielle du 7 octobre. Pour, dit-il, "engager des pourparlers francs avec les sécessionnistes". Seule possibilité, selon lui, de permettre un retour au calme et à la sérénité dans l’intérêt de tout le pays.

Sosthène Nga Efouba : "Il faut reporter l’élection présidentielle et négocier avec les sécessionnistes"

Une crise qui s’enlise

Depuis octobre 2016, les deux provinces anglophones du pays sont plongées dans de vives tensions. De simples manifestations corporatistes se sont transformées en des revendications indépendantistes, voire sécessionnistes. Depuis, les attaques sont devenues récurrentes et plus d’une centaine de forces de l’ordre ont été tués, selon le gouvernement. Les violences se sont multipliées depuis l’arrestation du cerveau de ce mouvement sécessionniste, Sisiku Ayuk Tabe et de neuf de ses partisans.


La persistance de ces violences laisse planer le doute sur la tenue effective du scrutin présidentiel du 7 octobre prochain, dans ces deux provinces anglophones. Neuf candidats sont en course pour cette élection présidentielle, dont le président sortant, Paul Biya, âgé de 85 ans et candidat naturel du RDPC au pouvoir, qui brigue ainsi un septième mandat consécutif.

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona