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Des commissions ivoiriennes militent toujours pour la paix

Julien Adayé
8 août 2019

Depuis la chute de l’ancien président Laurent Gbagbo, deux commissions ont été mises en place pour réconcilier le pays. Elles devaient travailler à rétablir un climat de paix après les crises à répétions des années 1990.

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Elfenbeinküste Publikum Townhall Debatte in Abidjan
Image : DW/A. Steffes

"Ce sont les incompréhensions entre hommes politiques qui donnent l’impression qu’il n’y a pas de réconciliation en Côte d’Ivoire" (Joël N’guessan)

La Commission pour le dialogue, la vérité et la réconciliation en Côte d'Ivoire (CDVR), créée en juillet 2011, et la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (CONARIV), établie en mars 2015 sont censés oeuvrer pour le retour de la paix dans le pays. 

Depuis quelques mois, la tension est revenue en Côte d’Ivoire et la crainte est réelle d'une nouvelle crise à l’approche de la prochaine élection présidentielle l'an prochain.
Pour aider les populations à ne plus être victimes du jeu des politiques, certains Ivoiriens sensibilisent leurs compatriotes à la culture de la paix et de la réconciliation nationale.

Youssouf Ouattara est un ex-combattant et aujourd’hui, il ne parle que de réconciliation. "Il faut qu’on puisse montrer qu'il n’y a pas de palabre d’ethnie en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de palabre de région en Côte d’Ivoire et il n’y a pas de palabre de religion en Côte d’Ivoire. Donc ce qu’il faut, c’est que les Ivoiriens se retrouvent comme par le passé. C’est-à-dire que le nordiste se sente bien au Sud et que le sudiste se sente bien à l’Ouest et celui de l’Ouest se sente bien à l’Est. Un pays uni, indivisible et qui se met au travail. Un pays où on ne choisit pas les gens. Quand on regarde aujourd’hui, lorsque vous n’êtes pas de la gauche, on vous dit de quitter le pays. Quand vous êtes de la droite, on vous traite d’ennemi. On ne veut plus de ça," insiste Mr. Ouattara.

Une paix fragilisée par les intentions des politiques

 Pour sa part, Joël N’guessan, vice-président du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix, soutient que les Ivoiriens sont réconciliés depuis 2013. Seuls des acteurs politiques en manque de programme feraient de la réconciliation un fonds de commerce. "Plus de 99% des ivoiriens sont réconciliés. Ils vont à l’école ensemble. Ils vont au marché ensemble. Ils vont assister à des matchs de football ensemble. Ils organisent des festivités ensemble. Sans tenir compte de l’appartenance politique, religieuse ou ethnique de qui que ce soit. Ce sont des incompréhensions entre hommes politiques qui donnent l’impression qu’il n’y a pas de réconciliation en Côte d’Ivoire. Ce concept de réconciliation est instrumentalisé par des individus qui prennent ça comme argument pour exister politiquement," confie  le vice-président du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix.

Unruhen in Abidjan 2011
Image : AFP/Getty Images/I. Sanogo

Mais si des gestes allant dans le sens de la réconciliation ont été posés par le président Alassane Ouattara, le chantier reste encore vaste, estime Désirée Douaty, présidente de l’Association des femmes et familles des détenus d’opinion de Côte d’Ivoire.

"Nous pensons que le président Alassane Ouattara a posé un acte majeur qui était la libération de Simone Gbagbo, le 6 août de l'année dernière. Aujourd’hui, nous plaidons auprès du chef de l’Etat afin qu’il puisse libérer toutes les personnes qui sont encore en détention. Elles sont au nombre de 24, il y a 18 militaires et 6 civils," explique Mme Douaty.

Par ailleurs, les réseaux sociaux aggravent la situation en offrant une tribune à des échanges souvent violents entre les différents camps politiques. Il faut rappeler que la crise postélectorale de 2010-2011 a officiellement fait plus de 3.000 morts auxquels il faut ajouter les centaines de victimes de la rébellion qui a duré de 2002 à 2010.