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Burundi : les autorités fustigent le rapport de l’ONU

6 septembre 2018

Des enquêteurs de l’ONU ont conclu que de graves violations des droits de l’homme et des crimes contre l’humanité se poursuivent au Burundi. L’ONU met d'ailleurs pour la première fois en cause le président burundais.

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Burundi Pierre Nkurunziza, Präsident
Image : picture-alliance/AP Photo/B. Mugiraneza

"Pierre Nkurunziza a toujours prôné l’unité, et la cohésion nationale" (Jean-Claude Karerwa Ndenzako)

Le rapport a cité toute une série d’exactions commises au Burundi : exécutions sommaires, disparitions forcées, détentions arbitraires, tortures et violences sexuelles. "Ce climat attentatoire aux droits de l'Homme continue à être favorisé par des appels récurrents à la haine et à la violence de la part d'autorités, dont le chef de l'Etat, et de membres du CNDD-FDD (parti au pouvoir), ainsi que par une impunité générale", ont écrit les enquêteurs. 


Le président de la commission à l'origine du rapport, Doudou Diène, affirme que "certaines pratiques, comme celles consistant à faire disparaître les corps ou à opérer de nuit tendent à les rendre moins visibles, mais elles n'en sont pas moins réelles."

Pierre Nkurunziza sur la selette

L’ONU met d'ailleurs pour la première fois directement en cause le président burundais puisque le rapport souligne les inquiétudes face aux "appels récurrents à la haine" lancé par Pierre Nkurunziza.

Joint par la DW, le porte-parole du président Pierre Nkurunziza a démenti les faits dénoncés dans le rapport. Jean-Claude Karerwa juge non fondées les accusations d’incitation à la haine venant du président Burundais.


"Nous voudrions lancer un défi à Monsieur Diène, qu’il porte à la connaissance de l’opinion ne serait-ce qu’une seule phrase qui puisse illustrer les fausses accusations contre son excellence, Pierre Nkurnziza. Il sait très bien que le discours de son excellence, Pierre Nkurunziza, est un discours rassembleur, avec des appels répétitifs à l’unité, à la concorde et à la cohésion nationale", a expliqué  Jean-Claude Karerwa Ndenzako.

Malaise au sein du pouvoir

Le président de cette commission des experts, Doudou Diène a aussi souligné un malaise au sein du régime Burundais. Selon lui, plusieurs hautes personnalités du régime auraient fait défection ces derniers mois.

"À l’intérieur du système politique burundais, il y a des transformations. Cela s'illustre avec le nombre de personnalités de haut niveau dont des généraux qui sont devenus des refugiés et qui ont quitté le pays. C’est à dire des hommes qui étaient au cœur du pouvoir, informés et acteurs souvent. Et ils quittent le pouvoir."

Les experts ont aussi déploré le renforcement de l’influence des Imbonerakure, les jeunes du parti au pouvoir, que l’ONU considère comme étant une milice.


 "Au lieu de faire respecter les lois (...), les institutions judiciaires servent à couvrir les crimes et violations des droits de l'Homme commis par la police, le SNR et les Imbonerakure, en leur offrant l'impunité" a ajouté Doudou Diène. C'est pourquoi, suggère t-il,  le Conseil des droits de l'Homme, dont la prochaine session démarre lundi, devrait prolonger son mandat pour une année supplémentaire.

La commission d’enquête annonce par ailleurs avoir élaboré une liste confidentielle d'auteurs présumés de crimes contre l'humanité. Liste qui pourrait être partagée par l'ONU avec tout organe ou juridiction compétente qui "mènera des enquêtes indépendantes et crédibles."

Photo de Eric Topona Mocnga
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona