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Burkina : des ONG exigent la vérité sur les massacres

11 mars 2020

Plusieurs ONG burkinabè exigent une enquête indépendante sur les attaques qui ont fait 43 morts dans trois villages peuls du nord du pays.

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Des Peuls manifestent contre l'impunité qui règne dans le pays
Des Peuls manifestent contre l'impunité qui règne dans le paysImage : Getty Images/AFP/O. de Maismont

Le gouvernement burkinabè a annoncé que ces nouvelles attaques ont été conduites par des "individus armés non identifiés".

Cette version est remise en cause par le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés.

>>>>Attaques meurtrières au nord du Burkina Faso

Le Collectif rappelle que les attaques qui ont eu lieu dimanche (08.03) dans les trois villages peuls sont la suite logique de celles déjà survenues en janvier 2019 dans le village de Yirgou et pour lesquelles aucune enquête n'a encore abouti.

A l'époque, l'attaque avait tué six villageois peuls dont le chef du village. Ces violences avaient été suivies de représailles de miliciens locaux, faisant 46 morts, selon un bilan officiel - plus de 200, selon des ONG ou certains hommes politiques. 

Depuis, les victimes de Yirgou réclament que justice soit rendue.  

Pour Birba Idrissa de l'organisation Nouveaux droits de l'homme au Burkina, l'impunité encourage les milices à s'attaquer à une communauté particulière :

"Si quelqu’un pense qu'il peut tuer son prochain et qu'il ne risque rien, alors il va continuer. C'est l'impunité qui encourage des communautés à massacrer d'autres communautés puisqu'elles savent qu'il n'y aura rien. Et si on n'y prend pas garde, on ira de massacre en massacre et ce ne sera pas bon pour le Burkina Faso. Je crois que le combat de l'opposition est le même que celui que mènent les organisations de défense des droits de l'homme et tous ceux qui savent la valeur de l'être humain."

Un sentiment d'injustice

Le Collectif contre l'impunité et la stigmatisation des communautés estime aussi que c'est le mauvais traitement de l'affaire de Yirgou par le pouvoir de Ouagadougou qui explique ces nouvelles violences contre les villages peuls, dont celui de Barga. 

Selon Daouda Diallo, porte-parole du Collectif, les groupes d'autodéfense accusés de ces meurtres profitent de la lutte anti-djihadiste pour attaquer les éleveurs peuls.
 
"En réalité, les groupes d'autodéfense, qui profiteraient d'une certaine complicité de l’Etat, s’adonnent à des crimes et des assassinats de masse sans être inquiétés. Aujourd’hui, quand on parle de Barga, il s'agit des milices d'autodéfense qui sont équipées avec des armes de guerre de l'Etat burkinabè."

Ces groupes armés d'autodéfense profiteraient ainsi de la guerre contre le terrorisme pour s'attaquer aux communautés soupçonnées de soutenir les groupes djihadistes. 

Les représailles contre les Peuls se sont multipliées dans toute la région l’année dernière. Comme lors du 23 mars 2019, quand plus de 160 civils peuls ont été massacrés à l'aube dans un petit village du centre du Mali. 

L'opposition burkinabè a exigé mardi une "enquête indépendante", après les attaques qui ont fait 43 morts dimanche dans trois villages peuls du nord du Burkina Faso.

 

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