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Brexit : tous les coups sont permis

29 août 2019

Boris Johnson suspend les travaux du Parlement pour passer le Brexit en force. Une manœuvre audacieuse mais dangereuse.

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Brexit Boris Johnsons
Image : picture-alliance/AP Photo/R. Vieira

"Confrontation en bord de Tamise", titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui estime que "l'ambitieux" Boris Johnson a "du courage à revendre. Mais son courage est dangereux".

Le Premier ministre est prêt à "augmenter encore plus la pression qui règne dans la cocote minute politique. Mais à un moment donné, elle va exploser".

Le journal rappelle ainsi qu'au printemps, la majorité des députés britanniques avait fait savoir son opposition à un Brexit sans accord.

C'est un "calcul politique glacial" commente de son côté la Tageszeitung, qui est tout sauf surpris de cette "confiscation du pouvoir du Parlement", lui qui a toujours pris ses décisions "en fonction des opportunités qu'elles présentaient pour sa carrière".

Car Boris Johnson doit se préparer à un éventuel vote de défiance et de possibles élections anticipées. Si dans ce cas le Brexit est déjà acté, cela lui permettra de "couper l'herbe sous les pieds" de l'extrême droite qui veut aussi surfer sur le divorce avec l'UE.

La Reine se range du côté du gouvernement

Néanmoins, explique le quotidien, "s'il est anti-démocratique d'exclure le Parlement temporairement d'une décision aussi importante pour l'avenir du pays, le procédé est légal".

Et il rappelle que la Reine, qui avait le choix entre Parlement et gouvernement et qui a choisi de donner son feu vert au plan de Boris Johnson, "fait ce que le Premier ministre lui soumet".

Il n'y a donc pour la Queen "pas de mécanisme qui lui permettrait de stopper un dictateur, si ce n'est la possibilité théorique de se saisir elle-même du pouvoir et de devenir elle-même un dictateur."

Pour la Frankfurter Rundschau, le coup d'éclat de Johnson prouve que "une fois que la réputation est ruinée, il est possible de régner sans se gêner".

Alors que die Welt souligne tout le paradoxe de cette manœuvre. "Pour répondre selon lui à la volonté du peuple, il suspend la démocratie représentative. Voilà un changement plein d'ironie. D'autant que les pro-Brexit ont toujours fait du manque de démocratie en Europe un argument pour sortir de l'UE."

Angela Merkel, invisible au G7

De Londres à Berlin, en passant par Biarritz. La Süddeutsche Zeitung revient sur la prestation d'Angela Merkel au G7 en France le week-end dernier, en estimant que "l'influence internationale de la chancelière allemande s'épuise".

Le sommet a été dominé, du moins médiatiquement, par Donald Trump, Emmanuel Macron et Boris Johnson.

Comme souvent, Donald Trump a récolté toute l'attention médiatique
Comme souvent, Donald Trump a récolté toute l'attention médiatiqueImage : picture-alliance/dpa/abaca/P. Aventurier

Pour le journal de Munich, Angela Merkel, qui ne va pas briguer de 5e mandat de chancelière, est "politiquement affaiblie".

Cette situation est "fatale" puisque "dans le même temps, il reste beaucoup de travail à faire : la Syrie, l'Iran, l'Ukraine, la Libye – partout il y a des crises qui rayonnent sur l'Europe."

De plus, à côté de cette montagne de problèmes, la chancelière se retrouve coincée entre les Etats-Unis et la Chine. "Les USA sont le premier pays importateur de voitures allemandes, alors que la Chine est tout simplement le premier partenaire commercial".

Pour la SZ, Angela Merkel avait l'habitude de régler les problèmes en les fractionnant en de plus petits problèmes pour les résoudre petit-à-petit. Sauf que cela prend du temps qu'elle n'a plus.

"Se pose donc la question s'il est vraiment responsable de continuer ainsi" jusqu'aux prochaines élections.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais