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Berlinale : le documentaire nigérian "No U-turn" récompensé

18 février 2022

Le film documentaire "No U-Turn" du Nigerian Ike Nnaebue a été récompensé par une mention spéciale du jury au festival du film de Berlin.

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Dans le documentaire "No U-Turn", le réalisateur voyage en bus pour retracer la route migratoire entre le Nigeria et le Maroc
Dans le documentaire "No U-Turn", le réalisateur voyage en bus pour retracer la route migratoire entre le Nigeria et le MarocImage : Jide Akinleminu

"J’aime raconter des histoires depuis mon plus jeune âge. En fait, aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours adoré l’idée que des histoires soient transmises", explique Ike Nnaebue. Le réalisateur nigérian, considéré comme l’une des stars montantes du cinéma africain, a passé son enfance bercé par les récits de sa grand-mère.

Cet amour des histoires a aujourd'hui été récompensé. Son dernier documentaire, "No U-Turn" ("Pas de retour en arrière"), vient d’obtenir la "mention spéciale" du jury pour le meilleur film documentaire au festival du film de Berlin, qui se termine ce dimanche (20.02).

"No U-Turn" retrace l'itinéraire emprunté par le réalisateur vingt ans plus tôt, du Nigeria au Maroc, de Lagos à Tanger. Le documentaire s'attache à interroger les exilés d'aujourd'hui, et savoir ce qui les pousse à prendre les routes de l'exil, souvent synonymes de dangers. Car en 1995, date à laquelle le cinéaste a quitté son pays, les routes migratoires étaient bien différentes. Les migrants d'alors marchaient dans un monde sans réseaux sociaux et sans le flot d’informations aujourd'hui disponible grâce à Internet.

Ike Nnaebue voyait même son départ comme "une aventure", motivé par un enthousiasme insouciant et une ignorance des réalités. Les personnes interrogées par Ike Nnaebue pendant le tournage, en revanche, "connaissent les dangers". "Ils ont des informations, il savent qu’ils peuvent mourir, raconte-t-il. Et pourtant, ils choisissent quand même d’y aller. Ce que l’on voit, c'est finalement beaucoup de désespoir."

Le documentaire de Ike Nnaebue a été montré à la Berlinale le 14 février | Crédit : Jide Akinleminu
Le documentaire de Ike Nnaebue a été montré à la Berlinale le 14 février | Crédit : Jide AkinleminuImage : Jide Akinleminu

"Changer le récit de la migration"

"No U-Turn" est l'un des deux films soutenus par le projet Génération Afrique à avoir été sélectionnés cette année pour la Berlinale.

Le projet a soutenu la réalisation de 25 courts et longs métrages, ainsi que des documentaires long-format issus de 16 pays africains et traitant des thèmes de la jeunesse et de la migration.

Génération Afrique qui veut "changer le récit de la migration" a été lancé par l’ONG sud-africaine STEPS, en coopération avec la DW Akademie et le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ).

Le deuxième documentaire diffusé à la Berlinale "No Simple Way Home" de la réalisatrice Akuol de Mabior est le premier film sud-soudanais à être sélectionné pour le festival.

Une "quête identitaire"

Dans son documentaire, Akuol de Mabior rend hommage à ses parents et à son pays d’origine.

Son père, John Garang de Mabior, a été vice-président du Soudan avant de mourir dans un accident d’hélicoptère en 2005. Il avait été l’un des leaders de la révolution qui allait conduire à la création du Soudan du Sud, devenu indépendant en 2011. Mais en 2013, le pays replonge dans une guerre civile qui va durer plus de six ans. Ces années de conflits, conjuguées à d’importantes catastrophes naturelles, ont abouti à l’une des pires crises humanitaires dans le monde.

En février 2020, la mère d’Akuol de Mabior, Rebecca Nyandeng de Mabior, est devenue à son tour vice-présidente au sein du nouveau gouvernement d’union nationale.

Une scène du film "No easy way home". Rebecca Nyandeng de Mabior est une femme politique de premier plan au Soudan du Sud.
Une scène du film "No easy way home". Rebecca Nyandeng de Mabior est une femme politique de premier plan au Soudan du Sud. Image : LBx Africa

Le documentaire explore la quête identitaire et la signification du "chez soi". Pour Akuol de Mabior : "Chez moi, c'est là où se trouve ma mère. Ma maison, c'est là où se trouve ma mère".

A (re)lire également : Issaka Sawadogo : "Le cinéma africain ne se porte pas bien"

Par le passé, la réalisatrice a travaillé comme mannequin. Aujourd’hui, elle est aussi une militante des droits des femmes. Elle a grandi avec sa famille en exil, à Nairobi. "Même si nous n'avons jamais vécu au Soudan du Sud, il y a toujours eu ce sentiment qu’il ne fallait pas vraiment poser ses valises au Kenya, sachant que nous retournerions tous un jour au Soudan du Sud."

Nouveaux modèles de distribution

Le projet Génération Afrique a également permis aux cinéastes africains de créer de nouveaux réseaux de collaboration sur tout le continent, malgré la pandémie de coronavirus.

Pour Ike Nnaebue, la pandémie a même aidé l'industrie cinématographique. D’une part, explique le Nigérian, elle a donné lieu à des collectifs de scénaristes qui ne rechignent plus à communiquer par visioconférence pour travailler ensemble.

D'autre part, les confinements et le télétravail ont fait exploser la consommation des services de streaming. "C'est pourquoi Netflix fait désormais beaucoup d'affaires en Afrique. À cause de la pandémie, Amazon est aujourd’hui présent au Nigeria pour commander du contenu", assure Ike Nnaebue. "D’une certaine manière, cela a aidé l'industrie à trouver de nouveaux modèles de distribution."

Après la Berlinale, "No U-Turn" et "No Simple Way Home" devraient également être disponibles sur Arte cet été.

Source : www.infomigrants.net

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais