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Bénin, les enjeux d'une municipale pas comme les autres

Carole Assignon
15 mai 2020

Au Bénin, les autorités ont décidé de maintenir les municipales prévues dimanche alors que certains demandent le report du scrutin dont l’enjeu pourrait néanmoins avoir un impact sur la prochaine présidentielle.

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Des images de la dernière élection présidentielle au Bénin en 2016
Des images de la dernière élection présidentielle au Bénin en 2016Image : Getty Images/AFP/P. U. Ekpei

Pour ces municipales, les listes des 77 communes du Bénin proposent des candidats de cinq partis politiques, plus ou moins importants ou proches du pouvoir. 


Ces candidats sont engagés dans une course dont l’enjeu est crucial pour la présidentielle de 2021 selon le consultant en gouvernance Joël Atayi-Guèdègbé :

"Depuis la dernière modification de la Constitution, il a été instauré un parrainage des candidats à la présidentielle. Les députés et les maires sont ainsi les seuls  habilités à être parrain. 83 députés existent déjà et sont réputés proche du pouvoir. L’enjeu pour les opposants, ou ce qui voudraient faire sentir leur différence, c'est d’arriver à trouver des parrains parmi ces nouveaux maires qui seront au nombre de 77. A la fin, 77 plus 83 cela fait 160 et la loi dit qu’il faut 10% d’élus nationaux et communaux pour le parrainage."

Municipales au Bénin : écoutez le sujet dans sa version audio en cliquant ici

L'objectif des cinq partis en course, en l’occurrence ceux de l’opposition ou ceux qui ne sont pas représentés au sein du parlement, est désormais d’obtenir un minimum de 16 mairies, sur les 77, pour pouvoir parrainer leurs candidats lors du scrutin présidentiel.

Un processus de décentralisation qui n'avance pas

Alors que le Bénin est touché par la pandémie de coronavirus, le gouvernement a interdit les meetings politiques et les rassemblements de plus de 50 personnes pour limiter la propagation du virus. 
La campagne électorale s'est donc limitée aux affichages et aux messages diffusés via les médias. 

Au sein de l'opposition des appels au boycott ou au report ont été lancés. Ces appels font craindre un taux de participation faible, notamment dans les villes.

Dans le même temps, le pays est engagé dans un processus de décentralisation qui n’avance pas vraiment, selon Soulémane Koto Yerima, qui travaille sur les questions de décentralisation et de développement local :
"Dans la mesure où au niveau de notre cadre législatif, rien ne prévoit un seuil à atteindre pour pouvoir valider une élection ou pas, le boycott ne servira à rien. Qu’on ait 5% ou 10% de participation, les élections seront validées. Nous espérons pour le moment que ce sera la mandature qui va connaitre un nouvel essor dans le processus de décentralisation. Cela va certainement être difficile dans la mesure où  les gens vont à ces élections sans véritablement avoir de projets de société." 

Des tensions à ne pas écarter

A l’issue de ces élections municipales, les observateurs n’écartent pas l’éventualité de tensions.

Pour rappel, entre avril et juin 2019, le Bénin était plongé dans une grave crise politique au lendemain des élections législatives lors desquelles aucun parti d'opposition n'avait pu présenter de liste.

Pour rassurer les électeurs durant ces élections municipales au Bénin, la Commission électorale nationale (Cena) assure que des mesures de protection sanitaire contre la Covid-19 ont été prises. Il s’agit notamment de mise à disposition de masques et de gel hydroalcoolique pour se désinfecter les mains.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique