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Au Mali, la mine de Yatela nationalisée

Mahamadou Kane
28 octobre 2024

L’État détient désormais toutes les parts de la mine d’or de Yatela où la société sud-africaine AngloGold Ashanti et la canadienne Iamgold y détenaient 40 % chacune contre 20 % pour l’État malien.

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Pratiquée depuis des siècles, l'orpaillage traditionnel s'est développé ces dernières années à la suite de la rébellion touarègue de 2012 au Mali
Des mineurs d'or sont vus en train d'orpailler à KoflatieImage : AFP via Getty Images

L’annonce faite ce 23 octobre, à l’issue du conseil des ministres, met ainsi fin à un épilogue de longues années de pourparlers entre les autorités maliennes et ces sociétés exploitantes qui ont finalement cédé la mine « au franc symbolique ». Il faut souligner que depuis 2016, la société minière Yatela avait mis un terme à ses activités en raison de la baisse significative du cours de l’or. On fait le point avec Mahamadou Kane, correspondant à Bamako.

Selon le gouvernement malien, l’État va transférer la mine de Yatela (située dans la région de Kaye dans l'ouest du pays) à la SOREM SA, la société de recherche et d’exploitation des ressources minérales du Mali, créée en 2022 par les autorités de transition. 

Alhousseini Sanou, ministre de l’économie et des finances, explique que l’opération rapporterait au total 36 millions de dollars, soit près de 22 milliards de FCFA pour la fermeture et la réhabilitation de la mine.

Des habitants de Bamako après la sanglante attaque djihadiste du 17 septembre 2024 qui a fait plusieurs victimes civils et militaires
Des habitants de Bamako après la sanglante attaque djihadiste du 17 septembre 2024Image : AP Photo/picture alliance

Le règlement du contentieux fiscal est lui évalué à 4 millions de dollars, soit 2,5 milliards de FCFA. Alors que les autorités assurent que les réserves demeurent importantes, Djibril Diallo, ingénieur géologue, minier, estime aussi, pour sa part, que les enjeux sont tout aussi importants pour l’État malien. 

"On vient de donner beaucoup de responsabilités à la SOREM SA (la société de recherche et d’exploitation des ressources minérales). Il faudra maintenant que l’État mette énormément de moyens à la disposition de cette société d’État afin qu’elle puisse mener à bien ses recherches. Parce qu’en règle générale, lorsqu’une société se retire d’une mine, il faut craindre que, soit il n’y ait rien là-bas, soit qu’ils soient arrivés à leur niveau. Cela demande des centaines de milliards de FCFA. Est-ce que l’État a les moyens de mettre ce montant à la disposition de la SOREM pour qu’elle poursuive ses travaux de recherche en vue d’optimiser l’exploitation ? Parce qu’avant l’exploitation, il y a une phase d’exploration qu’il faut obligatoirement exécuter".

Nationalisation, une priorité pour Bamako

Dans l’agenda des autorités de la transition malienne, la nationalisation des sociétés minières, dont la plupart sont étrangères, est un volet qui occupe une place non négligeable. Bamako y voit un moyen de réaffirmation de la souveraineté du pays.

Mais pour Bakary Traoré, analyste politique et géopolitique, l’autre défi à relever sera la bonne gestion des ressources issues de l’exploitation de la mine de Yatela par l’État.

Les explications à Bamako de Mahamadou Kane

"Il faut que l’État s’assume en mettant les hommes qu’il faut à la place qu’il faut afin que la gestion soit saine et transparente. L’objectif étant que ces belles perspectives soient profitables aussi bien pour l’Etat que pour les Maliens. Certes, nous sommes dans un processus de refondation et de reconquête de notre souveraineté, mais toutes les mentalités n’ont pas encore évolué dans ce sens".

En mai dernier, la société australienne Firefinch avait déclaré avoir transféré à la SOREM l’intégralité de ses parts de la mine d’or de Morila à l’État malien pour la modique somme d’un dollar symbolique.

Enfin, il y a quelques jours, le pouvoir malien a publiquement menacé de s'en prendre à la compagnie canadienne Barrick Gold, un des groupes étrangers travaillant dans les secteur aurifère et minier et soumis aux pressions exercées par les autorités de Bamako.