Au Cameroun, le nombre de patients baisse dans les hôpitaux
29 mai 2020Les Camerounais ont peur d’aller dans les hôpitaux et centres de santé, surtout ceux où sont pris en charge les malades de la Covid-19. A l'origine de cette situation, la peur d’être contaminé mais aussi la confusion entretenue autour des décès de certains patients.
La cas d'Evelyne
Evelyne Magne a ainsi perdu son père des suites d'un accident vasculaire cérébral. Mais à l'hôpital Djoungolo de Yaoundé, le corps médical a refusé de lui rendre le corps, prétextant qu'il a succombé à la Covid-19.
"Mon père avait déjà été victime d’un AVC il y a trois ans, il était paralysé. Il a rechuté et je l'ai emmené à l'hôpital. Il ne présentait aucun symptôme de la Covid-19. Quand il est mort, les médecins ont refusé de me remettre le corps de mon père en disant que c'est la Covid-19 qui l’a tué. Est-ce normal ?"
Cette période de crise engendre des rumeurs sur la disparition des corps dans les hôpitaux. François Mamba Mamba est médecin dans un hôpital à Yaoundé. Selon lui, la peur des Camerounais est dangereuse pour leur santé.
"Les populations ont peur d'aller à l'hôpital par crainte d'être contaminées. Mais le comble, c’est que par ailleurs certains individus écument les débits de boissons et autres lieux de loisirs sans respect des mesures barrières décidées par le gouvernement."
Difficile prise en charge
Une situation qui rend la prise en charge difficile comme l'explique Éric Guemekane, médecin à l'hôpital gynéco obstétrique de Douala, le centre de référence de prise en charge de la Covid-19.
"Dès que les patients présentent les signes de la maladie, ils ne se dirigent pas à l'hôpital. Ils font de l'automédication, ils prennent des décoctions sans un suivi et le virus évolue. Ces personnes se présentent chez nous généralement quand elles sont en détresse respiratoire. C'est un stade très avancé."
Pour certains Camerounais, la psychose des hôpitaux est la conséquence de l'assouplissement des mesures barrières qui aggrave de jour en jour le taux de contamination.
D'autres redoutent par ailleurs que les autorités utilisent cette pandémie pour imposer des pratiques telles que le dépistage obligatoire ou la vaccination généralisée. Si tant est qu’il y ait un jour un vaccin disponible.