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Armer l'Angola pour l'aider à se développer ?

19 juillet 2011

L'Allemagne s'apprête à livrer des patrouilleurs pour la marine de guerre angolaise. Le commerce des armes, nouvel instrument de politique d’aide au développement ? Les avis divergent.

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Angela Merkel et Eduardo dos Santos lors de la visite de la chancelière en Angola le 13 juilletImage : dapd

Après avoir vendu des chars à l'Arabie Saoudite, le gouvernement serait en passe de livrer des patrouilleurs allemands pour la marine de guerre angolaise. Les contrats entre l'Allemagne et l'Angola n'ont pas encore été signés mais ils sont déjà sous le feu des critiques. Au total, Berlin pourrait vendre entre six et huit patrouilleurs, ce petit commerce remplirait alors les caisses allemandes d'au moins 300 millions d'euros. L'enjeu est de taille. Mais du côté du gouvernement, on maintient que l'objectif est de mieux former les soldats angolais afin de sécuriser la région. Une idée défendue par l'expert Michael Brzoska, directeur de l'institut de Hambourg pour la recherche pour la paix et la sécurité politique :

"L'Angola est confronté à des problèmes de piraterie le long de ses côtes, il y a de nombreux bateaux qui pêchent sans autorisation et l'Angola perd ainsi plus de 10 millions d'euros chaque année. En ce sens, il serait bon d'avoir des patrouilleurs maritimes."

Pour cet analyste, l'exportation d'armements pourrait être un nouvel outil d'aide au développement, dans les cas où elle permettrait de stabiliser des Etats trop faibles. Il est aussi possible de manier la carotte et le bâton : « nous vous vendons du matériel mais vous mettez en œuvre des réformes démocratiques ».

Öl- und Gasfabrik Angola
Le pétrole, enjeu des zones maritimes disputées entre l'Angola, la RDC et le Congo-BrazzavilleImage : picture-alliance / Alan Gignoux / Impact Photos

Or, ce n'est pas le cas de l'Angola, tempère Marc von Boemcken, du Centre international pour la Conversion basé à Bonn. Le régime d' Eduardo Dos Santos est autoritaire et répressif, il est en conflit avec la RDC et le Congo-Brazzaville justement pour la délimitation de ses eaux territoriales, qui abritent de grandes réserves de pétrole. Dans ce contexte, il est risqué de livrer des patrouilleurs allemands. Pour mener une politique d'aide au développement, il faudrait s'y prendre autrement, selon Marc von Boemcken :

"Si l'on regarde le budget militaire de l'Angola, et si l'on compare à d'autres pays africains voisins, on voit que l'Angola est un pays très militarisé. Une grosse somme d'argent est investie dans l'armée, et il reste peu de fonds pour l'éducation et la santé. Ainsi, si l'on veut mener une politique d'aide au développement, il serait plus indiqué d'augmenter les dépenses sociales et de baisser les investissements militaires. Or, en signant des contrats d'armement avec l'Angola, on fait tout l'inverse !"

Sécuriser les frontières d'un pays pour mieux l'aider à se développer ? La question reste posée. Le Conseil de sécurité de l'Etat fédéral doit encore donner son accord au gouvernement allemand avant que ne soient signés les fameux contrats.

Auteur : Sandra Petersmann, Cécile Leclerc
Edition : Mireille Dronne