1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Andorre : Ski, duty-free et traditions

Kyle James (Septembre 2007)

La principauté d’Andorre : un micro-Etat montagneux de 80 000 habitants à peine, réputée pour ses stations de ski et ses boutiques de luxe duty-free. Mais Andorre a bien plus à offrir...

https://p.dw.com/p/C2p5
Une rue commercante andorranne.
Une rue commercante andorranne.Image : Kyle James

Mille fois plus petite que chacun de ses deux voisins de chaque côté des Pyrénées, la France et l’Espagne, la principauté d'Andorre a un statut et un régime politiques bien particuliers.

D'autre part, c’est grâce au tourisme qu’Andorre, pays pauvre jusque dans les années 60, a trouvé le chemin vers la prospérité.

Un statut politique bien à part

Andorre, un micro-Etat entre la France et l'Espagne.
Andorre, un micro-Etat entre la France et l'Espagne.Image : AP GraphicsBank/Wolf Broszies

Andorre, à peine 500 km2 de montagnes et de vallées coincées entre France et Espagne... Un pays petit en taille certes, mais original à bien des égards. Jusqu’en 1993 en effet, Andorre était placée sous la souveraineté de deux co-princes, le chef de l'État français et l'évêque du diocèse espagnol d’Urgell en Catalogne. En 1993, Andorre s’est doté d’une nouvelle Constitution et est devenue un État indépendant, même si la France et l’Espagne continuent d’assurer la défense du pays. Alors, y a-t-il vraiment une identité nationale andorrane ?

Pour Roser Jordana, directrice de l’Office de tourisme national d’Andorre, la réponse est claire : "Nous ne sommes pas Espagnols, nous ne sommes pas Français, nous sommes un pays indépendant. Même si les gens ont parfois tendance à dire : "Oh, ils sont moitié-moitié" ou " ils ne sont rien du tout", c’est complètement faux. Nous avons notre identité propre, nous sommes Andorrans."

La principauté d’Andorre est le seul pays au monde à avoir adopté le catalan comme seule langue officielle. Autre particularité : avant 1999, Andorre n’avait pas de monnaie propre et on y utilisait sans distinction franc français et pesète espagnole. Aujourd’hui, la monnaie officielle est l’euro... bien que le pays ne fasse pas partie de l’Union européenne !

Le paradis des amateurs de shopping

Lèche-vitrine de luxe à Andorre-la-Vieille.
Lèche-vitrine de luxe à Andorre-la-Vieille.Image : Kyle James

Des kilomètres de boutiques bordent les rues principales de la capitale. De la musique s’en échappe ; dans les vitrines, montres en or côtoient sacs Gucci et lunettes de soleil Dior. Andorre est un paradis fiscal, bien que cela soit en train de changer. La TVA n’y existe pas, ce qui fait que les produits, particulièrement les produits de luxe et les cigarettes, y sont moins chers qu’en France ou en Espagne.

C’est dans les années soixante que le pays a commencé à profiter de ce statut fiscal privilégié et à attirer touristes et main d’œuvre étrangère, en provenance notamment d’Espagne, du Portugal et de France. Le résultat : une croissance exponentielle et une situation démographique unique en Europe. Alors qu’en 1960, la population était de 6000 habitants environ, elle dépasse aujourd’hui les 80 000. Si bien que les Andorrans sont désormais en minorité dans leur propre pays, derrière les Espagnols !

Mais le revers de la médaille est là, il suffit de prêter l’oreille. Susan Vela travaille pour les archives nationales d’Andorre : "Si vous regardez des photos des années 50, Andorre est méconnaissable. C’est un autre paysage, une autre façon de travailler et de vivre. Mais ensuite, dans les années 60-70, le commerce et le tourisme ont explosé dans la vallée. Et dans les années 80-90, le mouvement s’est poursuivi dans les montagnes. C’était vraiment incroyable."

Et pas du goût de tout le monde... Mais ce ne serait pas faire justice à Andorre que de la réduire à un paradis des skieurs et des amateurs de produits de luxe.

Entre innovation et conservatisme

Nous sommes devant le Parlement d’Andorre, l’une des premières nations du monde à avoir obtenu son indépendance. Un cadeau de Charlemagne en récompense du soutien des Andorrans dans la lutte contre les Arabes au IX ème siècle. En 1278, un traité donna au pays sa souveraineté. Mais depuis, Andorre ne s’est pas montré très pressée de réformer son système politique. Les femmes ont ainsi dû attendre 1970 pour obtenir le droit de vote et Andorre ne s’est doté d’une Constitution qu’en 1993 ! Aujourd’hui, vingt-huit législateurs et un premier ministre tiennent les rênes du pays.

Le Président français et l’évêque d’Urgell n’ont eux aucun pouvoir exécutif, et comme l’explique Roser Jordana : "Cela nous rend uniques au monde. Aucun autre pays n’a un système politique semblable. Et ça marche ! "

Andorre mise sur le tourisme vert et culturel

A quelques kilomètres de la capitale, c'est un autre monde qui commence...
A quelques kilomètres de la capitale, c'est un autre monde qui commence...Image : Kyle James

Aujourd’hui, le pays veut mettre à profit sa longue histoire et son héritage unique. Les touristes n’ont que l’embarras du choix parmi les activités proposées, de la visite des églises romanes du Xème siècle à la magnifique vallée du Madriù.

La vallée du Madriù, dernier endroit du pays à avoir été épargné par l’urbanisation, est classée depuis 2004 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses paysages spectaculaires de montagnes déchiquetées et de glaciers, ses alpages et ses bois couvrent 9 % de la superficie de d’Andorre. A dix minutes de la capitale, c’est un autre monde qui commence, pour beaucoup le coeur spirituel de la Principauté.

De retour dans la capitale, Andorre-la-Vieille, ses boutiques de luxe et ses routes embouteillées. Ramón Villeró se sent un peu à l’écart de toute cette agitation. Journaliste et écrivain de son métier, il séjourne dans la maison où il a grandi.

La Vallée du Madriù, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO.
La Vallée du Madriù, classée au Patrimoine mondial de l'UNESCO.Image : Kyle James

Pour lui, ce qui fait le charme d’Andorre, c’est avant tout ses paysages spectaculaires : "Nous avons une maison à Ordino, près des montagnes et souvent, je me lève vers 6 heures pour aller dans les montagnes. Je reste là six ou sept heures et je rentre à la maison en longeant les lacs. C’est celle-là, mon Andorre, celle que j’aime vraiment. C’est le silence, loin des boutiques et loin des banques. C’est l’Andorre où je vivais quand j’étais jeune"

C’est cette Andorre qu’il aimerait que les visiteurs découvrent et que les Andorrans aient la sagesse de préserver...