Elections en Algérie : peu d'espoir de changement politique
6 septembre 2024Une faible participation électorale...c'est à cela que l'on s'attend lors de la présidentielle en Algérie dont l'issue semble déjà connue d'avance.
Hafed Al-Ghwell est chercheur à l'Université Johns Hopkins, pour lui, il ne fait aucun doute que le président sortant Abdelmadjid Tebboune sera réélu. Il avance deux facteurs clés : l'absence d'une opposition réelle et notamment le soutien de l'armée.
"Le pouvoir en Algérie a toujours été entre les mains de l'armée" explique le chercheur et selon lui "les pays arabes, en général, ou les présidents arabes, ont compris que la meilleure façon de rester au pouvoir, c'est par des élections".
Vers un "référendum"
Pour Hafed Al-Ghwell "ce sera plus ou moins un référendum pour le président, avec des résultats connus d'avance".
En effet, sur les 34 candidats initialement annoncés, seuls 16 ont pu soumettre leurs dossiers. Mais aujourd'hui, il ne reste que deux candidats en lice face au président sortant, Abdelmadjid Tebboune.
Il s'agit de Youcef Aouchiche et Abdellah Hassan Cherif. Leurs programmes politiques sont axés sur l'économie, selon Zine Labidine Ghebouli, analyste politique et chercheur à l'Université de Glasgow.
En ce qui concerne leurs programmes "les trois candidats se concentrent principalement sur les aspects économiques, les défis actuels auxquels l'Algérie est confrontée. Cela inclut les diverses voies pour parvenir à une relance économique dans les différents secteurs, ainsi que des mesures pour encourager les jeunes entrepreneurs et les jeunes acteurs économiques privés" précise Zine Labidine Ghebouli.
Pas de réaction hors de l'Algérie
Abdelmadjid Tebboune a renforcé ses relations avec l'Europe depuis le début de la guerre en Ukraine, ce qui a eu des retombées économiques positives pour le pays.
Cependant, des problèmes persistants, comme l'inflation élevée et le chômage, particulièrement chez les jeunes, continuent d'affecter le pays. Ces problèmes, qui avaient conduit aux manifestations massives de 2019 contre l'ancien président Bouteflika, se sont même aggravés.
Sur le plan international, ni les occidentaux, ni les pays voisins ne souhaitent véritablement un changement de régime, préférant la stabilité actuelle pour assurer la continuité des exportations de gaz et la lutte contre le djihadisme dans la région du Sahel, estime Hafed Al-Ghwell.
Cependant, les Etats autoritaires ne sont stables qu'en apparence, parce qu'ils ne parviennent souvent pas à résoudre les problèmes de leurs citoyens à long terme. Pour certains observateurs, le plus gros problème demeure le président sortant lui-même qui pourrait se retrouver à gouverner sans véritable légitimité, ni avec la confiance de la population.