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Afropresse, ou une semaine de thèmes africains dans la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron1 septembre 2008

C'est tout d'abord le Zimbabwe qui retient une fois de plus l'intérêt des journaux allemands.

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Séance inaugurale du parlement zimbabwéenImage : AP

Cette fois-ci c'est l'élection du nouveau président du parlement qui fournit la matière aux articles des journaux. La Frankfurter Rundschau parle d'un revers pour Mugabe. C'est en effet Lovemore Moyo, le candidat de l'aile majoritaire du principal parti d'opposition, le MDC donc, qui a été élu. Or souligne le journal, la ZANU-PF du président Mugabe s'était entendue avec la faction dissidente du MDC sur le nom d'un candidat commun. En clair cela signifie que même des membres de la ZANU-PF ont voté pour le candidat de l'opposition. De quoi faire exulter, poursuit le journal, le porte-parole du MDC, Nelson Chamisa, qui parle d'une révolution. Notre confrère pour sa part préfère parler d'une simple révolution de palais au parlement, une révolution de palais qui braque à nouveau l'attention sur les négociations, interrompues pendant plus d'une semaine, entre le pouvoir et l'opposition. Mugabe ne peut plus compter sur l'aval du parlement à l'accord qu'il voulait imposer à Tsvangirai. Et Tsvangirai n'a plus à craindre qu'Arthur Mutambara, le chef de file de la faction dissidente du MDC, ne conclue une paix séparée avec Mugabe. La Süddeutsche Zeitung brosse un portrait de Lovemore Moyo, le nouveau héros, écrit le journal, de l'opposition zimbabwéenne. A 43 ans, poursuit notre confrère, Moyo passe pour un négociateur habile, qui a l'art d'organiser des majorités mais qui sait aussi écouter l'adversaire. A l'évidence il joue un rôle important dans les discussions sur un partage du pouvoir. Et en tant que président élu du parlement il pèse encore plus lourd. Car l'opposition est plus à même, maintenant, de déjouer et de démasquer les manoeuvres du dictateur. L'époque où le parlement n'était que l'exécutant docile de Robert Mugabe est sans doute révolue. Mugabe perd un morceau de son pouvoir, titre la Tageszeitung, qui relève que Lovemore Moyo peut prendre des décisions voulues par le MDC, qu'il peut représenter le chef de l'Etat et diriger des débats contradictoires si un gouvernement d'union nationale n'est pas mis en place. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que Robert Mugabe a quand même pris le soin, le jour même de l'élection du nouveau président du parlement, de nommer certains de ses plus fidèles partisans à de hautes fonctions. A savoir cinq gouverneurs de provinces, ainsi que les cinq sénateurs qu'il est autorisé à désigner parmi les 93 membres de la chambre haute.

La Somalie fait également son retour cette semaine dans la presse allemande.

Et comme l'écrit la Süddeutsche Zeitung, la communauté internationale tourne une fois de plus ses regards vers la Somalie avec un mélange d'indignation impuissante et d'indifférence habituelle. Après plusieurs jours de combats, les rebelles islamistes revendiquent la prise de la ville portuaire, stratégiquement très importante, de Kismayo à 500 km au sud de Mogadiscio. Les insurgés, poursuit le journal, viennent ainsi de remporter une importante victoire d'étape, leur objectif étant de vaincre et de chasser de Somalie le gouvernement de transition et son protecteur éthiopien. Le ministère éthiopien de la défense a certes annoncé des succès dans la lutte contre les islamistes autour de Mogadiscio. Mais la situation dans la capitale ne cesse de se détériorer pour la population civile. Toujours dans le registre des mauvaises nouvelles, le même journal, la Süddeutsche Zeitung, note une dégradation dramatique de la situation au Darfour. A tel point que l'Agro-Action allemande, une organisation humanitaire, a décidé de se retirer du Darfour. Johann van der Kamp, qui dirige les opérations de cette ONG allemande au Soudan, le précise au journal: "nos transports sont maintenant l'objet d'une violence ciblée. C'est nouveau. Nous ne pouvons pas continuer." Le retrait de l'Agro-Action allemande, souligne notre confrère, va durement toucher l'approvisionnement de 450 000 personnes dans le nord du Darfour. Car l'organisation, qui travaille depuis longtemps dans la région, a desservi jusqu'à présent des endroits très reculés pour permettre aux villageois de survivre en dehors des camps de réfugiés.

Enfin la Somalie et le Soudan figurent précisément parmi les pays qui font craindre à la presse allemande un retour de la guerre froide sur le continent africain.

La Tageszeitung en fait un thème d'éditorial pour souligner tout d'abord que de la Somalie à l'Algérie les Etats-Unis flairent la présence de branches d'Al -Qaida dans un nombre croissant de pays africains. Le Soudan quant à lui passe pour le meilleur ami africain de la Chine et pour un accélérateur potentiel des forces anti-occidentales en Afrique. A Washington, Moscou ou Pékin, poursuit le journal, l'Afrique gagne en importance aux yeux des planificateurs des rapports de force globaux - plus encore après les récents revers de l'OTAN dans le Caucase, ainsi qu'en Afghanistan et au Pakistan. Qui se fait des alliés en Afrique contrôle les ressources en matières premières, peut influer sur les grands axes commerciaux et marque des points sur la scène internationale. Les efforts de règlement pacifique des conflits perdent donc de leur importance par rapport à la volonté de maintenir des amis au pouvoir. Cela risque, estime le journal, de sonner la fin des efforts de démocratisation en Afrique. Le retour de la guerre froide, qui a été si souvent synonyme en Afrique de guerres par alliés interposés, menace aussi le continent voisin de l'Europe, conclut la Tageszeitung.