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Afropresse, l'Afrique vue à travers la presse allemande

Audrey Parmentier23 avril 2004

Afrique du Sud - Algérie - Soudan - Barrage sur l'Okavango

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Réfugiés soudanais au Tchad
Réfugiés soudanais au TchadImage : AP

Les journaux reviennent sur les deux élections qui ont eu lieu ces dernières semaines. Les législatives en Afrique du sud tout d’abord qui passionnent - cette semaine encore - les journaux allemands. Pour la « Frankfurter Allgemeine Zeitung », l’Afrique du sud continue à être considérée par la communauté internationale comme un partenaire fiable, et ce malgré quelques éléments troublants et notamment le soutien au président haïtien déchu Jean-Bertrand Aristide. Qu’est ce qui pousse Thabo Mbeki à se ranger du côté d’un pays où l’Afrique du Sud ne trouve aucun intérêt politique ni économique, s’interroge le journal de Francfort, qui n’hésite pas à comparer Jean-Bertrand Aristide à Robert Mugabe. Deux anti-modèles soutenus par l’Afrique du sud qui, d’un autre côté, entretient d’excellents rapports avec l’Europe et les Etats-Unis. Une politique extérieure qui tend à la schizophrénie, pour reprendre les propos de Greg Mills, directeur de l’institut sud-africain pour les relations internationales, cité par la « FAZ ». Une schizophrénie qui se retrouve dans la politique économique de Mbeki qui est tiraillé entre le libéralisme prôné par les institutions financières internationales et la solidarité proprement africaine.

La « Frankfurter Rundschau » s’intéresse pour sa part à la plainte déposée par le Parti de la liberté Inkatha qui est arrivé troisième des élections. Une plainte qui dénonce des irrégularités constatées dans le KwaZulu-Natal où l’Inkhata obtient en général la majorité des voix. Et le journal d’évoquer les marchandages qui se trament en coulisse pour former des coalitions. Pour la « Frankfurter Rundschau », il n’y aurait rien d’étonnant à ce que les ennemis jurés d’hier reprennent la lutte de plus belle.

La presse allemande revient aussi sur les conséquences des élections en Algérie, et notamment sur la domination absolue du président Bouteflika.

« Le rêve d’une ouverture de l’Algérie devient encore plus mince », titre « die Welt ». Fini le spectacle des élections, les 31 millions d’Algériens ont repris leur vie quotidienne et l’ambiance est digne d’un lendemain de fête, y compris pour ceux qui ont voté pour Bouteflika. Mais le réveil est encore plus rude pour qui aspiraient à une Algérie moderne, pluraliste et démocratique, écrit le journal, c’est à dire les partisans de l’ex premier ministre Ali Benflis. Et il est désormais vain de se demander si les élections ont été manipulées ou non. De toutes façons, constate « die Welt », les Algériens sont bien loin de telles considérations. Le citoyen lambda aspirant tout simplement à une vie pacifique, sans souci. Or pour l’instant il est confronté au chômage, à la pauvreté, à la pénurie d’eau et au manque de logements. Et les journaux algériens ne sont pas du tout optimistes quant à la suite des évènements. Il faut dire que Bouteflika veut supprimer cinq d’entre eux. Des journaux qui savent pertinemment qu’à l’avenir, le pays sera dominé par un système présidentiel dictatorial.

La situation au Darfour suscite elle aussi de nombreuses inquiétudes parmi les commentateurs allemands. La « Frankfurter Rundschau » n’hésite pas à employer le terme de génocide pour désigner les exactions des milices et des soldats soutenues par le gouvernement soudanais, à l'encontre des ethnies africaines. Christoph Link, le correspondant du journal, a récolté les témoignages de Soudanais réfugiés au Tchad. Les seuls qui peuvent rapporter ce qu’ils ont vu, le gouvernement empêchant aux observateurs de l’ONU d’accéder à la région. Pour le journal, il s’agit là de la deuxième guerre civile au Soudan après les 21 années de combats entre le nord et le sud. Cette fois, explique Christoph Link, ce sont des Musulmans qui se battent entre eux. Des nomades arabes à la peau claire se battent contre des arabes noirs, qu’ils considèrent comme des esclaves. Meurtres, viols, pillages se multiplient, des méthodes qui rappellent le génocide rwandais et que le gouvernement soudanais a longtemps présentés comme un « combat de bandits ».

Pour finir, le « Spiegel » consacre un dossier complet au projet de construction d'un barrage sur la portion namibienne de la rivière Okavango. Un projet qui menace sérieusement l’écosystème fragile du delta du fleuve et qui pourrait ruiner ce paysage que les écologistes considèrent comme un paradis naturel. Un paradis qui ne figure pas sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et qui est donc, comme le souligne l’hebdomadaire, livré en pâture aux profiteurs. Notamment la société d’électricité NamPower qui promet en échange de créer des emplois. Mais les écologistes ne sont pas dupes, eux qui parlent déjà de blues du Delta...