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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

16 juillet 2010

Le premier sujet qui retient cette semaine l'attention des journaux, ce sont bien sûr les attentats de Kampala. Ils sont revendiqués par les islamistes somaliens El Shebbab, et ils ont fait plus de 70 morts.

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Après l'attentat dans le restaurant éthiopienImage : AP

Les sanglants attentats qui ont eu lieu dans la capitale ougandaise, lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, ne rappellent pas seulement les attaques contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie en août 1998, ils ont aussi le même commanditaire, Al Qaida. L'organisation s'est implantée depuis longtemps dans cette Somalie qui n'a plus d'Etat que le nom et coopère avec le mouvement islamiste El-Shebbab. Les attentats en Ouganda sont un phénomène nouveau. Ils doivent inquiéter tous les voisins de la Somalie, à commencer par le Kenya et l'Ethiopie. La Süddeutsche Zeitung insiste sur la perfidie avec laquelle les cibles et le moment ont été choisis: un club de sport et un restaurant éthiopien remplis de clients venus regarder la finale de la coupe du monde de football. Deux endroits fréquentés par de nombreux étrangers, et donc choisis consciemment, ajoute le journal. Les attentats entendent être un avertissement à l'adresse de l'occident, une démonstration de force. C'est la première fois, relève aussi le journal, que le groupe terroriste El shebbab frappe en dehors de la Somalie. Les attentats de Kampala ne sont pas pour autant une surprise. ll y a plusieurs mois déjà que El Shebbab a menacé l'Ouganda et le Burundi, les deux pays contributeurs de troupes à l'Amisom, la mission de l'Union africaine en Somalie. Mais notre confrère demande à l'Ouganda de ne pas se laisser provoquer. Si des soldats ougandais attaquent les shebbab en Somalie et, ce faisant, tuent des civils, le pays plongera encore plus profondément dans la violence. Pour la Tageszeitung, les attentats de Kampala montrent que la guerre en Somalie s'est définitivement internationalisée. Il est à craindre, écrit le journal, que la vengeance sera aussi sanglante. Les Etats-Unis, qui ont des victimes à déplorer parmi les morts et les blessés de Kampala, et qui entretiennent une étroite coopération militaire avec l'Ouganda, pourraient se sentir une vocation à intervenir militairement.

Flash-Galerie Internationaler Strafgerichtshof in Den Haag ICC
Image : AP

Les moulins de la justice internationale tournent lentement. Le procès de Jean-Pierre Bemba, qui devait s'ouvrir le 14 juillet devant la Cour pénale internationale, a été une nouvelle fois reporté. Cela inspire des réflexions à la presse allemande. L'affaire tourne lentement à la farce, estime le Tagesspiegel de Berlin. Ce n'est pas la première fois que l'ouverture du procès contre l'ancien vice-président congolais et chef rebelle Bemba est reportée. Bemba qui, selon le journal, cadre parfaitement, du moins en apparence, avec l'image du chef rebelle africain: grand et massif, avec de larges épaules et une solide poignée de main. D'un autre coté, poursuit le Tagesspiegel, cet homme de 47 ans qui passe pour intelligent mais fourbe a sans nul doute les moyens de se défendre. Sa fortune est estimée à plusieurs centaines de millions de dollars. L'affaire fait du bruit parce que Bemba a figuré autrefois parmi les politiciens les plus puissants en RDC. Et ce qui surprend c'est que Bemba n'est pas inculpé pour des crimes présumés au Congo, mais pour l'implication de ses rebelles dans la guerre civile en République Centrafricaine. Le journal 'der Freitag' aimerait poser quelques questions au procureur Luis Moreno-Ocampo. Celle-ci par exemple: Pourquoi est-ce de nouveau un Africain qui est au banc des accusés de la CPI. Entendons-nous bien, précise le journal, ce n'est pas l'inculpation de Bemba qui crée un malaise, mais bien plutôt le message délivré par un tel procès. La cour ne peut certes faire la chasse aux criminels dans le monde entier. Mais en tant que cour internationale elle se doit d'exercer une justice qui ne s'en tient pas seulement aux habituels suspects, à savoir les voyous originaires d'Etats en décomposition ou presque. Il y va de la prétention à un droit universel.

WM Städte und Stadien der Fußball WM in Südafrika Bloemfontein
Image : AP

Ce tour d'horizon ne serait pas complet, sans quelques échos sur la Coupe du monde de football, qui s'est terminée dimanche dernier en Afrique du sud.

Elle inspire des commentaires plutôt positifs à la presse allemande. Cet éditorial par exemple de la Frankfurter Allgemeine Zeitung: la premiere Coupe du monde de football sur le continent africain a été un franc succès: pendant quatre semaines l'Afrique du sud s'est présentée sous son meilleur jour: hospitalière, unie par delà les frontières raciales et surtout efficace. Les infrastructures mises en place pour l'événement ont fonctionné suffisamment bien pour canaliser sans trop de perturbations les flux de visiteurs. La criminalité tant redoutée a été quasi inexistante. L'Afrique du sud a montré ce dont elle est capable dès que la volonté politique est là. Mais le journal craint aussi des lendemains qui déchantent, avec une Afrique du sud blanche qui regagnera ses niches de richesse, et une Afrique du sud noire qui dans les townships se rendra vite compte que les emplois créés par la Coupe du monde ne sont pas durables. La Tageszeitung se fait l'écho d'une nouvelle flambée de xénophobie. Le journal cite l'exemple d'un journaliste zimbabwéen qui travaille au journal sud-africain Daily Sun. Brian Kajengo - c'est son nom - a été roué de coups par cinq jeunes, et a dû être hospitalisé. Les appels à la chasse aux étrangers circulent depuis plusieurs semaines déjà note le journal. Plus de 500 Zimbabwéens ont reçu des menaces ciblées. Et plus de 80 ont été expulsés.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum