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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum29 mai 2009

Cette semaine les journaux s'intéressent tout d'abord à la Somalie. Notamment parce que l'Allemagne a élargi le mandat de la marine allemande dans la chasse aux pirates au large de la Somalie.

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Image : AP

Comme le relève la Tageszeitung, peu avant cette décision du gouvernement allemand, le gouvernement somalien s'en est pris aux organisations humanitaires internationales. Il a menacé de punir celles qui stockent des secours à Mogadiscio au lieu de les distribuer. Selon le ministre des affaires humanitaires, aucune "raison de sécurité" ne peut justifier la non distribution de vivres à des familles nécessiteuses. Ce gouvernement, souligne le journal, contrôle actuellement un tiers tout juste de la capitale. Et plus de 200 personnes ont été tuées ces deux dernières semaines dans les combats avec des milices islamistes radicales. Personne à Mogadiscio n'est protégé. Or poursuit notre confrère, la guerre en Somalie est absente des réflexions de l'Union européenne et autres contributeurs de flottes censées combattre la piraterie en haute mer. Quand les ministres européens des affaires étrangères débattent de la Somalie et des pirates, ils prennent deux décisions séparées, qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre. L'escalade de la guerre est pourtant devenue depuis longtemps un risque pour la sécurité de la région toute entière, bien au-delà de la Corne de l'Afrique. Des services secrets occidentaux font état d'un afflux de djihadistes dans les rangs des groupes rebelles islamistes, Shebbab et Hizbul Islam. La Somalie, dit-on, est devenue le nouvel Irak.

Oelanlagen in Nigeria
Image : AP

D'une rébellion à l'autre, la presse allemande se penche aussi sur les groupes rebelles qui opèrent dans le delta du Niger, autrement dit dans la région pétrolifère du sud du Nigéria.

L'occasion lui en est fournie par le procès, intenté aux Etats-Unis contre la compagnie pétrolière Shell par le fils de Ken Saro Wiwa. Cet écrivain nigérian, rappelle la Süddeutsche Zeitung, a été pendu en novembre 1995 avec huit autres militants des droits de l'homme, qui défendaient les droits du peuple ogoni, un peuple du delta du Niger, opprimé à l'époque par le dictateur Sani Abacha. Le fils de Ken Saro-Wiwa reproche à la compagnie Shell d'avoir une part de responsabilité dans la mort de son père. Et si le procès peut avoir lieu aux Etats-Unis, c'est parce qu'il s'agit d'un cas potentiel de crimes contre l'humanité et que Shell est active sur le territoire américain. Le procès devait débuter mercredi dernier mais a été ajourné d'une semaine. Ken Saro Wiwa, souligne le journal, détestait la violence. Les groupes rebelles qui opèrent aujourd'hui dans le delta du Niger ne respectent plus ce credo. Sans doute revendiquent-ils vouloir améliorer la vie des populations locales. Aujourd'hui encore les habitants du delta du Niger profitent peu de la richesse pétrolière. Mais bon nombre de prétendus rebelles ne sont que des affairistes sans scrupule qui enlèvent des expatriés pour les libérer contre rançon et volent des cargaisons de pétrole. Ces deux dernières semaines, poursuit la Süddeutsche Zeitung, les violences se sont intensifiées. Cela a poussé le président Yar'Adua à lancer une offensive militaire. Et la France lui a promis son aide.

Kinder vor einem Fahrzeug des Malteser Hilfsdienstes
Image : picture-alliance/ dpa

Autre sujet traité cette semaine dans la presse allemande: la République démocratique du Congo, où le directeur du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Kahn a effectué une visite de trois jours.

La RDC, lit-on dans la Tageszeitung, souffre énormément des conséquences de la crise économique mondiale, mais à la différence de beaucoup d'autres pays, elle devra renoncer pour l'instant à l'appui financier du FMI. Dominique Strauss-Kahn a demandé au gouvernement congolais de revoir d'abord ses accords de crédit, très contestés, avec la Chine. Le Congo et la Chine, explique le journal, sont convenus fin 2007 de ce qui suit: des firmes chinoises investissent 3 milliards de dollars dans des mines congolaises. En contrepartie elles obtiennent des concessions minières et avec le produit de l'exploitation de ces mines elles financent à hauteur de 6,6 milliards de dollars des programmes chinois de reconstruction pour les infrastructures détruites par la guerre. Cet accord, poursuit le journal, a suscité de vives critiques au Congo. On fait valoir que les minerais dont l'exploitation a été cédée aux Chinois ont une valeur infiniment plus grande que les programmes de reconstruction promis, lesquels doivent de surcroît être financés pour moitié par le Congo - avec des crédits chinois. Peu de temps avant les élections de 2006, note encore le journal, le FMI avait déjà gelé sa coopération avec le Congo pour corruption et manque de discipline budgétaire. Entre-temps la crise financière a réduit à néant les espoirs congolais d'une croissance supérieure à 10%. Presque tous les projets d'investissement dans le secteur minier sont suspendus, des centaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi et l'on s'attend pour cette année à une croissance négative.

On termine sur une note un peu futuriste. Des scientifiques planchent actuellement sur les moyens de fournir à l'Europe une électricité venue du désert. Ce "plan solaire" retient l'attention de la presse allemande.

Le désert en question c'est le Sahara. La Tageszeitung relève que selon le Centre aérospatial allemand, qui mène des recherches pour le compte du ministére fédéral de l'environnement, les besoins mondiaux en électricité pourraient être couverts avec des centrales à paraboles installées dans le Sahara sur une surface de 65 000 km2. Le problème est que, si les rayons solaires sont gratuits, la transformation en électricité et le transport de cette électricité coûtent extrêmement cher. Au niveau bilatéral, note le journal, l'Allemagne et l'Algérie négocient la livraison d'électricité à partir de Hassi Rmel, dans le sud de l'Algérie où la plus grande installation solaire du monde est actuellement en construction.