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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron/Fréjus Quenum15 mai 2009

Le premier sujet est économique. Il s'agit des perspectives de l'Afrique, présentées dans un rapport conjoint de l'OCDE et dela BAD, la Banque africaine de développement.

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Image : AP/DW Fotomontage

La Frankfurter Allgemeine Zeitung en retient que la crise économique mondiale touche moins l'Afrique que les pays industriels. Mais tout est relatif. Après cinq années d'une croissance soutenue, plus de 5% par an, l'Afrique ne devrait plus connaitre cette année qu'un taux de croissance de 2,8%. Et surtout, souligne le journal, beaucoup de pays africains souffrent de l'effondrement des cours des matières premières, qui baissent plus fortement que les prix des produits alimentaires. D'où le risque, selon les auteurs du rapport, de "révoltes de la faim" comme en 2007. Pour la Süddeutsche Zeitung, l'OCDE ne fait que confirmer ce que beaucoup d'experts avaient prévu, à savoir que la crise économique mondiale touche le plus durement ceux qui en sont précisément les moins responsables: les pays en développement et les pays émergents, dont beaucoup se trouvent en Afrique. L'OCDE, relève le journal, en conclut à un risque sérieux pour la stabilité politique. La situation est particulièrement problématique dans des pays comme le Soudan, la Guinée, la Somalie, Madagascar et le Zimbabwe. En Afrique la crise touche les plus pauvres, titre la Berliner Zeitung. Les occidentaux ne bougent pas. Johannes Jütting, économiste en chef de l'OCDE, a appelé les pays du G8 à tenir les promesses faites à leur sommet de 2007 à Heiligendamm, en Allemagne. Ils avaient alors promis de doubler d'ici à 2010 leur aide à l'Afrique. L'objectif ne pourra être atteint, souligne le journal. Beaucoup de pays africains ne pourront atteindre non plus les objectifs dits du millénaire, qui imposent de réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015. Mais lit-on dans un éditorial de la Süddeutsche Zeitung, que j'ai cité tout à l'heure, au lieu de promettre plus d'aide financière, les pays riches feraient mieux de combattre la corruption, chez eux et en Afrique. L'aide au développement doit être un coup de pouce à l'indépendance de l'Afrique, non une machine à procurer des contrats aux banques et entreprises occidentales.

Toujours dans le sillage de la crise économique, la presse allemande publie un article qui illustre les avantages de la coopération entre Etats africains pour atténuer l'impact de cette crise.

Ost Kongo ist der Hauptproduzent von Coltan
Image : AP

La Tageszeitung emmène ses lecteurs à la frontière entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. Très précisément dans les villes jumelles de Goma, côté congolais, et Gisenyi, côté rwandais. De nouveaux batiments douaniers ont été construits, Au Congo, écrit le journal, les rêves d'un boom minier tourné vers l'exportation sont en train de se briser, au Rwanda on s'inquiète d'une baisse des aides budgétaires et des recettes touristiques. Les deux pays, autrefois ennemis, coopèrent militairement contre les rebelles, la reprise des relations diplomatiques est imminente et la frontière est en voie de modernisation. La contrebande des minerais produits dans les zones de guerre du Congo a considérablement diminué, c'est là le succès le plus visible, poursuit le journal. Mais le problème est que les deux pays ne coordonnent pas encore très bien leurs efforts. Le poste frontière de "Petite Barrière", construit par le Rwanda entre Goma et Gisenyi, est à deux kilomètres du nord de la "Grande Barrière", dans laquelle investissent les autorités congolaises. La "Petite Barrière" relie les marchés des deux villes. La "Grande Barrière est faite pour le commerce de gros, le long du lac Kivu.

Toujours à propos de la RDC, le même journal nous livre un reportage qui dénote la vitalité d'un centre théâtral de Kinshasa.

Il s'appelle le Tarmac des Auteurs, il est situé dans une arrière-cour de la commune de Kintambo et il connait un énorme succès. Habituellement, écrit la Tageszeitung, tout ce qui est culturel à Kinshasa est non seulement subventionné mais initié par des organisations internationales. Il est donc étonnant que les 20 artistes du Tarmac des auteurs se soient regroupés, sans aucune influence extérieure, pour faire du théâtre - au départ sans aucune perspective de profit. Les pièces sont empruntées pour la plupart à la littérature européenne, principalement francophone. Et portent presque toujours sur des thèmes de critique sociale. Cela a attiré l'attention, à la fois des expatriés d'ONG présentes sur place et des services secrets. Les ONG ont été plus rapides . Des subventions ont été allouées, le Tarmac des auteurs s'est agrandi et a pu louer une deuxième salle de représentation. Tout cela protège les acteurs des interventions des services secrets, toujours prompts à étouffer les voix critiques. Au fil du temps le Tarmac des auteurs est devenu un point d'attraction pour les artistes de toute la ville. L'entrée coûte deux à trois dollars. A Kinshasa c'est beaucoup d'argent, lit-on dans ce reportage, et pourtant presque toutes les représentations se jouent devant des salles combles. Il est vrai, reconnait Noel, l'un des initiateurs du projet, que tout le monde ne paie pas.

Nachbarschaftsprojekt Burkina Faso
Image : DW/Harjes

Enfin la comparaison établie par le ministre allemand des finances entre les paradis fiscaux européens et le Burkina Faso continue de susciter des réactions. Qualifier le Burkina Faso de paradis fiscal témoigne d'une grande ignorance, écrit la Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung. L'ancienne colonie française de la Haute Volta a hérité, comme presque toutes les anciennes colonies françaises, du système administratif et donc du système fiscal de la France. Si personne pratiquement, ne paie d'impots, cela tient simplement au fait que la majorité des 14 millions de Burkinabe est misérable.