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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron3 avril 2009

Cette semaine tous les journaux pratiquement consacrent des articles au nouveau drame qui s'est produit au large des côtes de la Libye. Un bateau transportant des émigrés clandestins a fait naufrage.

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Réfugiés à LampedusaImage : DW / Petersmann

La Méditerranée comme terminus, écrit Die Welt . Ce devait être un voyage vers un avenir doré. Mais l'embarcation de bois, autorisée pour 75 passagers seulement, avait une voie d'eau et a coulé rapidement. 21 personnes seulement ont pu être sauvées, sur 350 passagers. La Libye, note Die Welt, est actuellement la principale voie de transit vers l'Europe. Selon les estimations du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, plus de 67 000 personnes ont entrepris en 2008 le périlleux voyage dans une de ces barques de pêcheurs. 37 000 ont atteint l'Italie. Plus de 1 700 ont péri. Cela fait longtemps, lit-on dans l'hebdomadaire Die Zeit, que la mer au large de la Sicile est devenue un charnier pour les migrants. L'Italie a tenté pendant des années de rallier le chef de l'Etat libyen à des mesures conjointes contre le trafic d'êtres humains en Méditerranée. En vain. Hormis de vagues promesses, Kadhafi n'a rien lâché. Dans les derniers jours de mars, note aussi Die Zeit, plus de 600 réfugiés sont arrivés en Italie, pour la plupart des Somaliens et des Erythréens. La riche Europe est secouée par la crise, mais la crise ne peut dissuader les pauvres. L'Europe reste pour eux un paradis. Ils ne craignent ni les passeurs, ni la dangereuse traversée. Pour la Süddeutsche Zeitung, si l'on veut comprendre pourquoi ces gens risquent leur vie, il faut d'abord savoir qui se met en route. La plupart viennent de pays subsahariens. Ce sont en majorité des hommes de 20 à 40 ans, bien formés, et aucun d'entre eux pratiquement n'est menacé de famine, de guerre ou de persécution politique. Le mot "réfugié" poursuit le journal, n'est donc pas vraiment le mot juste, il faut plutôt parler d'émigrés qui espèrent une vie meilleure, et des rentrées d'argent plus sûres. C'est également ce que souligne la Tageszeitung lorsqu'elle écrit que l'Africain qui a faim et qui va en guenilles, celui dont le ventre est gonflé par la pauvreté et la maladie, ne fuit pas vers la riche Europe pour y vivre d'aumônes jusqu'à la fin de ses jours. Ceux qui ont la force et l'argent pour défier dans leur fuite les navires militaires, les hélicoptères et les grillages sont plutôt à l'abri du besoin. Beaucoup ont fait des études et tous, sans exception, sont prêts à travailler dur pour construire leur bonheur de leurs propres mains. Ce sont les jeunes, les battants, l'élite potentielle qui se meurt du manque de perspective en Afrique.

Autre sujet qui retient cette semaine l'intérêt de la presse allemande: le référendum organisé dimanche dernier sur l'île de Mayotte, dans l'océan Indien. En 1974 Mayotte avait été la seule île des Comores à se prononcer, également par référendum, contre l'indépendance. Elle avait choisi de rester française. Et maintenant elle va même devenir un département français.

Un département au même titre que La Réunion par exemple, car les Mahorais, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung, espèrent surtout du nouveau statut des prestations sociales plus généreuses de la part de la France. Ce qui devrait encore accroître l'attrait de Mayotte pour les immigrés. L'immigration illégale fait déjà partie des principaux défis pour les structures publiques à Mayotte. Mais, poursuit le journal, pour le président des Comores, Ahmed Sambi, le résultat du référendum n'a aucune valeur. Pour lui Mayotte fait toujours partie des Comores. Et pour punir cette île jugée renégate, il refuse toute coopération avec les autorités françaises dans la lutte contre l'immigration. Jour après jour des centaines de réfugiés venus des Comores s'échouent sur les plages de Mayotte. Elargissement de l'Union européenne vers le sud, titrent de concert la Süddeutsche Zeitung et la Tageszeitung. La Süddeutsche Zeitung évoque la position de l'Union africaine, pour laquelle Mayotte "reste occupée par une puissance étrangère". L'île n'est pas un paradis, écrit le journal, et personne ne sait très bien combien de gens y vivent. Il n'y a plus eu de recensement depuis longtemps. Et surtout personne n'a comptabilisé l'afflux massif d'immigrés clandestins. Puisque nous sommes dans l'océan Indien sachez encore que la Frankfurter Allgemeine Zeitung a rencontré à Antananarivo le nouveau président malgache, Andry Rajoelina. Lequel reáffirme, entre autres, que son conflit

avec Marc Ravalomanana est une affaire entre Malgaches. Selon lui l'ancien président a violé la constitution, il s'est enrichi et il a réprimé la liberté d'expression.

D'un drame à l'autre, de la Libye à la Côte d'Ivoire - nous terminons ce tour d'horizon par la bousculade qui a fait 19 morts, dimanche dernier dans un stade d'Abidjan.

Ce devait être le match le plus chaud de l'année, écrit la Berliner Zeitung. C'était le premier match de qualification pour la Coupe du monde de 2010, Didier Drogba jouait dans l'équipe ivoirienne contre le Malawi, et tout Abidjan voulait voir l'attaquant du FC Chelsea, considéré dans son pays comme un demi-dieu. Le stade était archi-comble. Et il n'est pas surprenant, note plus loin le journal, que Joseph Blatter, le président de la FIFA, ait annoncé une enquête. En juin prochain l'Afrique du sud accueillera la premiére coupe de la Confédération organisée sur le sol africain. Ce sera une répétition générale pour la Coupe du monde de 2010. Une coupe qui de l'avis de beaucoup d'occidentaux ne peut satisfaire aux critères occidentaux en matière de sécurité. Raison pour laquelle aussi ses organisateurs se sont empressés de rejeter tout parallèle entre le drame d'Abidjan et la future coupe du monde.