1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron16 janvier 2009

Nous commencons par l'Afrique du sud. Cette semaine la justice a rouvert la voie à un éventuel procès de Jacob Zuma, le président de l'ANC, pour corruption. Les journaux continuent de suivre cette affaire.

https://p.dw.com/p/Ga7v
Jacob ZumaImage : picture-alliance/dpa

Comme le titre la Tageszeitung, des juges sud-africains font un croc-en-jambe à Zuma. Ce croc-en-jambe consiste à avoir renversé un jugement précédent qui en septembre avait invalidé la procédure à l'encontre de Zuma. Le soupçon de corruption continue de coller à Jacob Zuma. Plus encore: après le verdict de la cour suprême d'appel de Bloemfontein, le président du parti au pouvoir pourra être de nouveau inculpé d'escroquerie. Mais l'ANC poursuit le journal s'accroche au populiste Zuma et entend gagner avec lui les élections qui doivent avoir lieu en mars ou avril. Ses innombrables partisans se sentent certainement confortés dans l'idée que Zuma est à nouveau victime d'une conjuration politique. La Süddeutsche Zeitung, comme les autres journaux, rappelle que Jacob Zuma est impliqué dans un scandale de pots-de-vin à propos d'un contrat d'achats d'armes datant des années 90. Ce vétéran de l'ANC, rappelle également le journal, ne cesse d'avoir maille à partir avec la justice. Dans un procès pour viol qui a fait grand bruit il a été acquitté en 2006. Pour le Tagesspiegel de Berlin le jugement de la cour de Bloemfontein met le parti gouvernemental dans une situation précaire. Avec un candidat vedette accusé de corruption l'ANC devrait avoir du mal, pendant la campagne électorale, à s'en prendre de manière crédible à la corruption. Les intellectuels, note le journal, aiment aussi se moquer de l'ignorance de Zuma et se demandent comment un traditionaliste africain, flanqué de cinq épouses, peut gouverner le seul pays industriel d'Afrique.

La presse allemande s'intéresse également cette semaine à la Corne de l'Afrique. L'armée éthiopienne a quitté la Somalie , et pour les journaux ce retrait devrait être suivi d'une recrudescence des combats.

Les chefs de guerre attendent déjà, titre par exemple la Süddeutsche Zeitung qui rappelle que les 3 000 soldats éthiopiens étaient entrés il y a un peu plus de deux ans à Mogadiscio pour appuyer le gouvernement somalien de transition dans sa lutte contre les islamistes. Mais l'armée éthiopienne est détestée par la population somalienne. Beaucoup de Somaliens considèrent toujours l'Ethiopie comme un ennemi héréditaire. Selon un expert allemand de la Somalie, Matthias Seifert, cité dans l'article, la violence va encore s'accentuer après le retrait des Ethiopiens. Les groupes islamistes se battent entre eux. Ils n'étaient unis que par leur haine de l'Ethiopie. Sans compter que les anciens chefs de guerre veulent reconquérir le pouvoir, Le Tagesspiegel se penche sur la situation à l'intérieur de l'Ethiopie. Meles Zenawi, écrit le journal, ne prend plus aucun risque. Le premier ministre éthiopien a préparé la voie à une victoire écrasante de son parti aux élections de 2010. Aucune opposition encombrante ne va mettre en péril le pouvoir du parti. L'opposante Birtukan Mideksa est de nouveau en prison depuis le mois de décembre. Le parti gouvernemental, poursuit le journal, a pris aussi d'autres précautions. La loi sur les médias, adoptée dès 2007, restreint considérablement la liberté de la presse. Et le 6 janvier le parlement a adopté une loi qui limite aussi très fortement les activités des ONG. La ministre allemande de la coopération, Heidemarie Wieczorek Zeul a écrit une lettre de protestation à Meles Zenawi. C'est tout, poursuit le journal, et cela cadre avec la ligne suivie depuis le désastre électoral de 2005 en Ethiopie. Chez les donateurs occidentaux l'enthousiasme pour l'Ethiopie est tel que le pays arrive en troisième position, après l'Irak et l'Afghanistan, sur la liste des pays bénéficiaires d'aide au développement. Une aide qui manifestement a peu d'impact puisque, souligne le journal, l'Ethiopie reste pauvre et beaucoup d'Ethiopiens souffrent même de sous-alimentation.

Enfin la presse allemande se penche cette semaine sur les imperfections de la justice internationale. L'occasion lui en est fournie par les audiences de confirmation de charges contre Jean Pierre Bemba, des audiences qui viennent de se dérouler pendant quatre jours à la cour pénale internationale.

La Tageszeitung consacre un long article à ce sujet, mais ne se cantonne pas au cas Bemba puisqu'elle évoque les problèmes sur lesquels bute le travail d'enquête de la CPI dans tous les dossiers qu'elle a commencé à traiter - celui de la LRA en Ouganda et des chefs de milices congolais comme Thomas Lubanga. Là où les enquêteurs, écrit le journal, ont collecté le plus d'informations - en Ouganda et en Ituri - ils ne trouvent que difficilement des témoins et des informateurs prêts à faire le voyage de La Haye. Les défenseurs des droits de l'homme et les témoins qui ont survécu aux guerres doivent se rendre à l'évidence que leur savoir et leurs souvenirs ne sont pas honorés dans leur globalité. Ils sont triés non pas en fonction de la gravité des faits mais selon leur pertinence pour chaque cas individuel. C'est logique, souligne le journal, mais difficile à faire accepter. La disposition à témoigner ou à déposer comme expert devant la CPI tend donc à diminuer. Le cas Bemba illustre ce dilemme. L'ancien chef rebelle congolais n'est pas en prison à La Haye pour des crimes commis en RDC, ce sur quoi d'innombrables Congolais auraient à témoigner. Il y va uniquement des crimes qu'auraient commis les hommes de Bemba en Centrafrique. Or relève plus loin le journal, l'un des principaux informateurs de la CPI à Bangui est mort dans un mystérieux accident de voiture. Nganatouwa Goungaye Wanfiyo, le président de la ligue centrafricaine des droits de l'homme, avait interrogé des témoins dans des villages. Le 27 décembre, alors qu'il rentrait à Bangui pour partir ensuite à La Haye, il a heurté un camion qui roulait sans lumière. Ses collègues sont persuadés qu'il a été victime d'un attentat.