1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron5 décembre 2008

Cette semaine les émeutes de Jos, au Nigéria, retiennent en priorité l'attention des journaux allemands.

https://p.dw.com/p/GAB6
Une pharmacie incendiée à JosImage : AP

A coup de machettes contre les voisins, titre la Tageszeitung pour qualifier les violents affrontements entre milices extrêmistes, chrétiennes et musulmanes, qui ont fait plusieurs centaines de morts dans la ville de Jos. A Jos, comme partout dans la région centrale du Nigéria, écrit le journal, les ethnies et les religions se mélangent. Les responsables politiques exploitent les préjugés ethniques et religieux à leur avantage. Les conflits politiques tournent régulièrement aux massacres entre chrétiens et musulmans, entre Haoussas et Yorubas. C'est ce qui vient de se produire une fois de plus. La Süddeutsche Zeitung note de son côté que les violences du week-end dernier sont les pires qu'ait connues l'Etat du Plateau depuis 2004. A l'époque plusieurs centaines de musulmans avaient été tués dans la ville de Yelwa, après quoi l'état d'urgence avait été proclamé. A Jos, poursuit le journal, des affrontements avaient déjà eu lieu entre chrétiens et muculmans en 2001. L'Etat du Plateau, précise aussi le journal, est situé au centre du Nigéria, à la charnière entre le nord , principalement musulman, et le sud, essentiellement chrétien. En régle générale chrétiens et musulmans vivent en bonne intelligence depuis plusieurs années mais de part et d'autre des extrêmistes utilisent des occasions, comme la tenue d'élections, pour dresser les jeunes les uns contre les autres. Cela dit, souligne plus loin la Süddeutsche Zeitung, l'enjeu du conflit à Jos n'est pas seulement religieux. Les querelles de propriété y sont aussi latentes depuis de nombreuses années. Les chrétiens se considèrent comme les premiers habitants de la région et craignent que les musulmans ne leur disputent leur prospérité.

Au Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo, les combats se sont un peu apaisés. Mais la presse allemande continue quand même de s'intéresser à cette région.

Notamment pour tenter de faire la lumière sur le rôle du Rwanda. Beaucoup d'observateurs internationaux, lit-on dans la Tageszeitung, présument que la rébellion de Laurent Nkunda est téléguidée par le gouvernement de Kigali. Le Rwanda dément toute influence directe, mais ne conteste pas une convergence d'intérêts. Avec ou sans combattants sur le sol congolais, le Rwanda, écrit le journal, exerce son influence sur l'est de la RDC. La frontière entre les deux pays traverse les zones d'habitation de différents peuples. Comme le dit un commerçans rwandais cité dans l'article "Nous mangeons des haricots du Congo et les Congolais mangent nos tomates." Beaucoup de Congolais, poursuit la TAZ, ne font pas de différence entre Tutsis congolais et rwandais. A Kigali, ni les amis ni les ennemis du président Paul Kagamé n'excluent qu'il ait de grands projets dans l'est du Congo. Le Rwanda est l'un des pays les plus denséments peuplés au monde. "Nous sommes à l'étroit", déclare ce commerçant tutsi déjà cité dans l'article, "et au Congo il y a encore de la place".

De la place pour les humains, peut-être, mais certainement plus beaucoup pour les gorilles. A l'occasion de l'ouverture lundi dernier à Rome de la 9ème conférence sur la protection de la vie sauvage, la Tageszeitung, évoque les menaces qui pèsent sur cette espèce animale vivant exclusivement en Afrique, notamment en RDC précisément, au Rwanda et en Ouganda. Le braconnage, le virus Ebola et le déboisement sont autant de facteurs qui déciment les populations de gorilles. Et les risques d'extinction de l'espèce sont si aigus que les Nations unies ont proclamé l'année 2009 "année internationale du gorille, note le journal.

La presse allemande, revient aussi cette semaine sur un sujet dont elle n'avait plus parlé depuis longtemps: c'est le procès de l'ancien président du Libéria. Charles Taylor doit répondre de son implication présumée dans la guerre civile en Sierra Leone. Son procès dure maintenant depuis un an devant la cour spéciale pour la Sierra Leone, qui siège à la Haye aux Pays.Bas.

Un procès qui se déroule dans une grande discrétion. Et dans la plus parfaite civilité à en juger par le long article que publie la Süddeutsche Zeitung. Le journal tout d'abord ne cache pas son admiration pour l'extrême élégance de Charles Taylor , toujours tiré à quatre épingles, toujours d'une extrême politesse aussi envers la cour. Une cour qui siège tous les jours ouvrables, pendant cinq heures et demie à chaque fois. Bref, écrit le journal, Charles Taylor à son procès, c'est un homme comme en rêvent les belles-mères. Mais ce qui est déballé avec force détails dans la salle d'audience ne cadre pas vraiment avec cette image. Il est question de cases qui brûlent, de cadavres qui pourrissent, de bras et de mains qui sont là surtout pour être coupés par des jeunes shootés à la drogue. Toutes ces atrocités - mutilations, viols, pillages, - ont-elles été le résultat d'un plan concocté par Taylor? Pour répondre à cette question, l'accusation a déjà fait défiler 83 témoins à charge, précise le journal. Des témoins qui déposent derrière une vitre blindée.

Un mot encore pour parler de l'épidémie de cholera au Zimbabwe.

Avec notamment un article de la Tageszeitung qui relate l'afflux de Zimbabwéens en Afrique du sud , dans la petite ville de Musina, où beaucoup sont traités pour le choléra. Ils traversent la frontière par les trous du grillage frontalier ou traversent le Limpopo. Le fleuve charrie actuellement peu d'eau, mais la saison des pluies approche et le fleuve est déjà contaminé par les bactéries qui provoquent le choléra. Dans le village de Madimba, à 80 km de Musina, note le journal, beaucoup de travailleurs agricoles sud-africains et zimbabwéens sont malades du choléra. Ils gagnent leur vie dans les plantations d'arbres fruitiers et ont soit bu de l'eau, soit mangé du poisson du fleuve Limpopo.