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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron21 novembre 2008

Cette semaine encore l'affaire Rose Kabuye continue à faire couler de l'encre. La chef du protocole rwandais, a été extradée vers la France après son arrestation à Francfort.

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Image : AP

Le Rwanda s'insurge contre l'Allemagne, titre la Tageszeitung dans son édition de mercredi. C'est ce jour-là que Mme Kabuye a été extradée et que des manifestations de masse ont été organisées au Rwanda en signe de protestation. Dans un éditorial le même journal qualifie cette extradition de Rose Kabuye de contre-productive. Il est affligeant, écrit le journal, que l'Allemagne joue les simples auxiliaires d'une justice française compromise, et s'abstienne de la moindre prise de position officielle. Cela ne contribue certainement pas à l'affirmation de l'Allemagne comme alternative progressiste à la politique africaine néo-coloniale de la France. L'hebdomadaire Der Spiegel a interviewé le président Kagamé, lequel souligne qu'il est venu en Allemagne à l'invitation de milieux économiques. Rose Kabuye faisait partie de ma délégation, ajoute-t-il. Nous avons informé le gouvernement allemand de notre arrivée. Cela doit se faire, même lorsqu'il ne s'agit pas d'une visite officielle, car notre avion a besoin d'une autorisation et le protocole doit être respecté. Mais vous saviez, demande le Spiegel, que Mme Kabyue allait être arrêtée. Les autorités allemandes l'avaient prévenue. Oui, répond Paul Kagamé, mais nous jugeons ce mandat d'arrêt sans fondement, nous doutons de sa validité juridique. Vous avez donc pris consciemment le risque d'une arrestation, poursuit le journal. Oui, répond le président rwandais. Le même hebdomadaire, le Spiegel donc, souligne par ailleurs que l'Allemagne s'est laissé entrainer contre son gré dans l'un des conflits les plus sanglants et les plus compliqués en Afrique. Hutus et Tutsis se détestent et s'entretuent depuis un demi-siècle. Le paroxysme a été atteint lors du génocide des tutsis en 1994. Et cette effrayante catastrophe fait sentir ses effets aujourd'hui encore sur le continent africain, jusque dans l'orgie de sang des derniers jours dans l'est de la République démocratique du Congo.

Le Congo qui continue lui aussi de retenir l'attention des journaux allemands.

La presse essaie surtout de suivre l'évolution de la situation sur le terrain. La Frankfurter Allgemeine Zeitung note dans son édition de jeudi que les rebelles du général renégat Laurent Nkunda se sont retirés de certaines positions au nord de la ville de Rutshuru. Le journal évoque aussi l'exigence, renouvelée par Laurent Nkunda, de la résiliation de tous les contrats miniers conclus avec les Chinois par le gouvernement de Kinshasa. Que Laurent Nkunda, souligne le journal, s'inquiète d'une juste répartition des matières premières congolaises est d'autant plus étonnant que les cóntrats avec la Chine concernent des concessions minières au Katanga, une province du sud-est de la RDC, alors que Nkunda est installé beaucoup plus au nord, au Nord Kivu. De là la réaction des ambassades occidentales à Kinshasa, qui voient plutôt dans cette revendication de Laurent Nkunda une volonté de s'attirer des sympathies chez les occidentaux. La Tageszeitung se penche sur la délisquescence des FARDC, mais parle aussi, dans un autre article, d'un petit espoir de paix dans l'est du Congo après la mission sur place de l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo. Le quotidien Die Welt commente l'indignation morale du président allemand, Horst Köhler, qui a appelé l'Europe à envoyer des soldats pour mettre fin au carnage. Une indignation bien compréhensible, écrit le journal, mais exprimée sans concertation avec le gouvernement fédéral. Or il serait en fait peu souhaitable d'envoyer des soldats allemands dans l'est du Congo. Dans un monde parfait nous aurions toujours suffisamment de troupes et de ressources financières pour porter secours, partout dans le monde, à ceux qui souffrent. Dans le monde réel l'armée allemande a atteint ses limites avec 7 000 hommes en mission à l'étranger. La politique doit fixer des priorités, souligne Die Welt.

Enfin la capture d'un superpétrolier saoudien par des pirates somaliens a pour effet de braquer une fois de plus les projecteurs sur la piraterie en mer au large de l'Afrique de l'est.

Une nouvelle "côte des pirates", lit-on dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung, est apparue le long d'une des voies maritimes les plus importantes pour le commerce mondial. Parallèlement les pirates étendent profondément leur rayon d'action dans l'océan indien. La zone dans laquelle ils opèrent est à présent plus grande que la Méditerranée et la Mer Rouge réunies. Les pirates, poursuit le journal, profitent de l'absence d'Etat en Somalie, et obtiennent la protection politique des influentes tribus. C'est ainsi que le président du gouvernement somalien de transition, Abdullah Yussuf Ahmed, appartient à la tribu des Darod, dont est issu un grand nombre de pirates. Même s'il était en mesure de le faire, le président n'entreprendrait certainement rien contre sa propre tribu. Il a besoin de son soutien car des milices islamistes sont aux portes de Mogadiscio, ajoute la FAZ. Des pirates de plus en plus hardis, titre la Süddeutsche Zeitung. La présence d'unités de marine internationales n'a eu manifestement aucun effet dissuasif. En Allemagne, note le journal, l'opposition a critiqué l'incapacité du gouvernement fédéral à s'entendre sur une règlementation de la participation de la Bundeswehr, l'armée donc, à la mission de l'UE au large de la Somalie. La controverse porte notamment sur la question suivante: la Bundeswehr peut-elle intervenir contre des pirates? Selon le droit allemand la lutte contre la piraterie en mer est du ressort de la police. Et que faire, poursuit le journal, des pirates qui seraient faits prisonniers? L'absence d'Etat et de justice en Somalie exclut qu'ils soient livrés à des autorités somaliennes. Leur transfert et leur jugement en Allemagne impliqueraient des coûts considérables. Le dilemme allemand, relève à ce propos la Tageszeitung, est réglé depuis longtemps au niveau international. La France et les Etats-Unis ont combattu à plusieurs reprises la piraterie avec les ressources de l'opération Enduring Freedom.Des forces spéciales françaises ont même poursuivi des pirates jusque sur la terre ferme, les ont arrêtés et les ont traduits en justice en France.