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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Anne Le Touzé24 octobre 2008

Cette semaine, les journaux reviennent notamment sur le nouvel échec des négociations sur le partage du pouvoir au Zimbabwe.

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Dans les boutiques de Harare, les prix sont désormais indiqués en dollars américains, tant l'inflation est immense.Image : AP

Un échec dû, cette fois, au fait que le MDC n’a pas participé à la réunion de médiation organisée par la SADC au Swaziland. Le parti de Morgan Tsvangirai et son aile dissidente dirigée par Arthur Mutambara ont décidé de boycotter la rencontre pour protester contre les autorités zimbabwéennes qui, depuis des mois, tardent à délivrer un nouveau passeport à Morgan Tsvangirai. Pour la Neue Zürcher Zeitung, il s’agit encore d’une mesquinerie du président zimbabwéen qui ne rate pas une occasion d’humilier son rival. Et cela montre décidément que ni une résolution de la crise ni la formation d’un gouvernement d’union nationale n’intéressent Robert Mugabe. Et pourtant, rappelle Neues Deutschland, le Zimbabwe a désespérément besoin d’un gouvernement. Le parlement, dans lequel les deux ailes du MDC disposent d’une courte majorité, a déjà entamé ses travaux. La tâche est immense : en raison de la crise économique, le taux d’inflation est de 231 millions %, sans oublier les deux millions de Zimbabwéens qui ont un besoin urgent d’aide alimentaire, un chiffre qui pourrait plus que doubler au cours des prochains mois. Les investisseurs étrangers, conclut le journal, attendent que la situation politique se soit stabilisée. Un ministre des Finances issu des rangs de l’opposition serait pour eux un signal important.

Simbabwe Morgan Tsvangirai in Harare
Le chef de l'opposition Morgan Tsvangirai a boycotté les négociations au Swaziland en signe de protestation contre les autorités de son pays.Image : AP

Pour la Frankfurter Rundschau, l’épisode « absurde » du Swaziland montre à quel point les négociations entre les acteurs de la crise zimbabwéenne sont bloquées. Le journal rapporte que le MDC s’est plaint de la position partisane du médiateur Thabo Mbeki, qui aurait multiplié les pressions sur les leaders de l’opposition pour qu’ils cèdent aux exigences de Robert Mugabe. A l’étranger aussi, les critiques se multiplient à l’égard de l’ancien président sud-africain. Selon l’ambassadeur américain au Zimbabwe, James McGee, cité par la Frankfurter Rundschau, l’accord de partage du pouvoir signé en septembre contient « des trous que l’on pourrait traverser avec un camion ». Les formulations sont vagues et imprécises, et Robert Mugabe s’y trouve dans une position dominante malgré la victoire de l’opposition aux élections d’avril. Un porte-parole du MDC a d’ailleurs confié au journal qu’un nouveau scrutin pourrait être la seule solution en cas d’échec des prochaines négociations qui doivent se tenir lundi à Harare.

Südafrika Mbeki Rücktritt
Thabo Mbeki a été poussé à la démission par son parti, le Congrès national africain, qui prépare le terrain pour Jacob Zuma en vue de l'élection présidentielle de 2009.Image : AP

A propos de l'ex-président sud-africain Thabo Mbeki, la presse allemande s’est justement intéressée cette semaine aux derniers développements au sein du Congrès national africain, un mois après l’éviction de Thabo Mbeki.

Selon la Berliner Zeitung, l’ANC est en train de prendre un tournant radical à gauche. Le parti présidentiel aurait accepté d’intégrer la plupart des revendications des syndicats et du parti communiste dans le programme qu’il compte présenter aux élections de 2009. Parmi les mesures envisagées : la concentration de la politique économique sur la création d’emplois, ainsi que la mise en place d’un système de protection sociale, de retraite et d’assurance maladie doté de prestations gratuites. Le coût de ce programme, toutefois, n’a pas encore été calculé. Le journal se fait par ailleurs écho de l’émergence d’un mouvement de dissidence au sein de l’ANC. Des milliers de partisans ne sont pas satisfaits du virage entamé par le parti, ni de sa loyauté inconditionnelle envers Jacob Zuma, qui brigue la présidence de l’Afrique du Sud l’année prochaine. La concurrence vient de l’intérieur, commente la Frankfurter Allgemeine Zeitung : l’ancien ministre de la Défense Mosiua Lekota a bien l’intention de créer un nouveau parti le 16 décembre, à l’endroit même où l’ANC fut créé. Certains voient dans ce mouvement d’émancipation la naissance d’une véritable démocratie dans un pays où l’ANC est de facto le seul véritable parti. D’autres le considèrent comme une tempête dans un verre d’eau. Ce qui est sûr, écrit le journal, c’est que l’ANC prend tout cela très au sérieux. Il faut dire qu’il y a une inconnue de taille : personne n’est en mesure d’évaluer le nombre de sympathisants de Lekota qui n’osent pas encore s’afficher, et qui attendent de voir dans quelle direction le vent va souffler.

Wirtschaftliche Entwicklung in Botswana
Contrairement à d'autres pays africains, les diamants ont fait du Botswana un pays prospère.Image : DPA

Egalement dans les journaux allemands: l’attribution du Prix Mo Ibrahim à l’ancien président du Botswana, Festus Mogae.

« Un modèle pour l’Afrique » titre Die Welt qui rend hommage au lauréat de ce prix doté d’une bourse de cinq millions de dollars. La gouvernance exemplaire de Festus Mogae a conforté la stabilité et la prospérité d’un pays qui fut jadis l’un des plus pauvres du continent, écrit le journal. Pendant les dix années passées à la tête du Botswana, entre 1998 et le printemps dernier, Festus Mogae a réussi à maîtriser l’inflation et à attirer des investisseurs, tout en favorisant une diversification de l’activité économique du pays afin de le rendre moins dépendant du commerce des diamants. Grâce à lui, ajoute la Berliner Zeitung, le Botswana a échappé au travers de la plupart des pays africains victimes des richesses de leurs sous-sols : les recettes issues des matières premières ont été investies dans le développement d’infrastructures et l’amélioration des conditions de vie de la population. Résultat : aujourd’hui, tous les villages du Botswana ont l’eau courante et disposent d’un poste de santé dans un rayon de moins de 20 kilomètres. Les routes sont pour la plupart bitumées. 300 lycées assurent la formation des élèves, garçons et filles, qui peuvent ensuite étudier dans l’une des multiples universités du pays. Autre point essentiel de la gouvernance de Festus Mogae : la lutte contre le VIH-sida, dans un pays où le taux de contamination est le plus élevé du monde. Grâce à des campagnes de prévention et de soins, le taux de mortalité est tombé en-dessous de 10% chez les malades. Enfin, la Berliner Zeitung souligne que le Botswana a un système politique pluripartite, que les droits de l’homme sont respectés et que la corruption est quasiment inexistante. Un prix, Fréjus, qui a l’air donc bien mérité.

Spezialbild Barack Obama wird auf dem Parteitag der US-Demokraten zum Präsidentschaftskandidaten gekürt
Barack Obama et son épouse Michelle. La couleur de leur peau sera-t-elle déterminante pour le scrutin du 4 novembre?Image : AP

Changement de décor pour terminer : cap sur les Etats-Unis, où les origines africaines du candidat Barack Obama suscitent également des commentaires.

« Michelle Obama me fait peur », confie un habitant de l’Arkansas à la Tageszeitung. Ancien supporteur de Hillary Clinton, il compte pourtant voter pour John McCain à l’élection du 4 novembre. A l’instar de nombreux Américains blancs, il n’imagine pas voter pour un candidat noir, même s’il ne le dit pas ouvertement. Ce type d’opinion affichée à demi-mot rend la tâche particulièrement difficile aux sondeurs d’opinion qui tentent d’évaluer les chances du candidat démocrate au scrutin présidentiel. Et dans le camp démocrate, rapporte la taz, on évoque souvent, en ce moment, le destin malheureux de Tom Bradley. Cet ancien maire noir de Los Angeles avait perdu en 1982 l’élection au poste de gouverneur de Californie alors que les sondages le donnaient largement vainqueur… La Frankfurter Allgemeine Zeitung souligne l’affluence de nouveaux électeurs issus de l’immigration qui pourraient faire pencher la balance du côté d’Obama et note par ailleurs que le candidat démocrate pourrait profiter d’un « effet Bradley inversé » : dans les Etats du Sud, certains électeurs n’oseraient apparemment pas avouer aux sondeurs leur intention de voter pour un candidat noir… Mais, Fréjus, ce qui se passe dans l’intimité de l’isoloir, cela, on ne peut pas le prévoir…