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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Konstanze von Kotze15 septembre 2008

Ce sont les élections en Angola qui tiennent une grande place dans les quotidiens allemands cette semaine

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Le président Jose Eduardo dos Santos, grand vainqueur des élections législatives en AngolaImage : AP

Les journaux allemands ont commenté à la fois le déroulement et les résultats de ces élections législatives qui ont donc eu lieu vendredi dernier. « Le parti au pouvoir gagne les élections en Angola » titre par exemple la Süddeutsche Zeitung en début de semaine. Dès dimanche en effet, la Commission électorale créditait le MPLA de 82% des voix avant d'annoncer officiellement dans la nuit de mardi à mercredi que le Mouvement populaire de libération pour l'Angola avait remporté les élections avec plus de 85% des voix. Le quotidien note, qu'à première vue, il peut sembler surprenant que le parti du Président José Eduardo dos Santos ait remporté haut la main ce scrutin, le premier organisé depuis 16 ans.

Parlamentswahlen in Angola
Le chef de l'opposition angolaise Isaias SamakuvaImage : picture-alliance / dpa

C'est dire à quel point, souligne die Tagezeitung, cette élection était importante pour réconcilier le pays politiquement après 27 années de guerre civile entre le gouvernement dirigé par le MPLA et les rebelles de l'UNITA, le principal parti d'opposition.

Selon la Süddeutsche Zeitung, les diplomates s'attendaient à ce que le parti du Président José Eduardo dos Santos remporte les élections. La surprise est plutôt venue du fait que la victoire soit écrasante au point que l'Unita admette sa défaite, avant même l'annonce des résultats officiels.

Le quotidien revient par ailleurs sur l'organisation des élections. Si les observateurs internationaux parlent d'un scrutin pacifique, ls déplorent le désastre logistique à Luanda, la capitale dans laquelle certains bureaux de vote ont parfois ouvert avec plus de cinq heures de retard. « Certaines procédures n'ont pas été utilisés correctement » selon Luisa Morgantini, chef des observateurs électoraux envoyés sur place par l'Union européenne tandis que, selon un autre observateur cité par die Tageszeitung, des représentants du gouvernement étaient non seulement postés devant les bureaux de vote mais même directement devant les isoloirs. Die Taz écrit également que le gouvernement a encouragé les citoyens à voter pour le MPLA en distribuant des pots-de-vin, de l'alcool, des télévisions et des radios. Malgré les protestations de l'Unita, le journal relève que son chef, Isaias Samakuva, a promis que son parti ne recourrait pas à la violence, comme aux élections législatives de 1992.

Wählerin an Wahlurne in Luanda Angola
À Luanda, certains bureaux de vote ont ouvert avec 5 heures de retardImage : picture-alliance/dpa

Selon la Süddeutsche Zeitung, la victoire du MPLA peut aussi s'expliquer par le fait que ses membres occupent depuis des décennies déjà tous les postes clefs autant dans la politique que dans l'économie. Cela leur permet évidemment de jouir d'une influence décisive, même si elle n'est pas toujours légale. Le MPLA aurait également financé une partie de sa campagne grâce aux caisses de l'Etat. Et puis la Süddeutsche cite également un observateur politique selon lequel les électeurs font davantage confiance au parti de leur Président qu'à l'opposition pour améliorer leurs conditions de vie. Selon l'éditorialiste du quotidien munichois, José Eduardo dos Santos bénéficie d'un grand soutien parce que les gens savent que c'est son parti qui contrôle les richesses du pays. Ils espèrent donc, par ce biais, pouvoir, un jour, y accéder aussi. L'Angola est un pays riche qui dispose de beaucoup de potentialités pour pouvoir se développer et combattre la pauvreté. Le problème, ajoute l'éditorialiste, c'est que la clique autour du président ne se préoccupe que de son bien-être. Le pays a besoin de spécialistes pour l'aider à reconstruire le pays, notamment du point de vue des structures étatiques. Mais, évidemment, lorsque l'on sait que l'argent étranger ne sert qu'à remplir les poches de ceux qui gouvernent le pays, il est clair que l'Occident doit changer de stratégie.

Enfin, die Tageszeitung pense que la victoire écrasante du MPLA n'est pas si surprenante que cela. Le MPLA est un parti qui a conduit le pays à l'indépendance et qui a ensuite survécu à trois décennies de guerre. Pas étonnant, donc, qu'il s'impose aussi dans les urnes. Un parti qui a su montré sa force lors de combats militaires n'a pas de mal a priori à gagner les électeurs à sa cause. Ce qui s'est joué en Angola risque ainsi de se reproduire au Rwanda la semaine prochaine prédit le journal.

Simbabwe Thabo Mbeki und Robert Mugabe
Thabo Mbeki et Robert MugabeImage : dpa - Bildfunk

Autre sujet auquel s'intéresse les journaux allemands: le Zimbabwe. Si Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai ont réussi à se mettre d'accord, les quotidiens s'interessaient cette semaine avant tout à la reprise des négociations. La Frankfurter Allgemeine Zeitung notamment note que les deux leaders ont repris les pourparlers après que un blocage de plusieurs semaines. La FAZ rapporte que le chef de la Zanu-PF, le parti au pouvoir et celui du MDC, le parti de l'opposition affichaient mercredi déjà leur optimisme quant à la proche conclusion des négociations sur le partage du pouvoir. Le quotidien insiste également sur le rôle clef du président et médiateur sud-africain, Thabo Mbeki.

La faim - en matières premières - justifie apparemment les moyens titre le Financial Times Deutschland. Du moins pour la Chine qui continue tranquillement ses affaires avec des régimes non démocratiques tels que le Soudan. Le plus grand défi du moment pour la Chine c'est son approvisionnement en matières premières et en énergies. Au total, ce sont 800 entreprises chinoises qui sont implantées officiellement en Afrique. 800 entreprises qui ont investi au total plus de 8 milliards d'euro sur le continent. En général, elles proposent d'échanger des infrastructures contre l'exploitation des ressources locales. Au Congo par exemple, la Chine se propose de construire pour plus de 6 milliards d'euro d'infrastructure. En échange, elle obtient le droit d'extraction pour le cuivre, le cobalt et le nickel. Et si l'Occident est la première à s'emporter contre le régime communiste ajoute le journal, certains en Afrique voient également l'expansion de la Chine d'un mauvais œil. Une entreprise chinoise s'est ainsi vu retirer son droit de forage pour ne pas avoir respecté les mesures écologiques en vigueur dans un parc national au Gabon. Par conséquent, l'une des priorités du ministère chinois des Affaires étrangères est désormais d'établir des règlements plus stricts pour les entreprises s'implantant sur le continent africain.

China und Afrika, Kooperation, Symbolbild
La Chine est présente avec 800 entreprises en AfriqueImage : AP

On aurait cependant tord de croire que la Chine est la seule à s'intéresser aux ressources de l'Afrique. Le Financial Times note que les Allemands ont eux des vues sur le gaz nigérian et espèrent bien devancer la Russie à la table des négociations. Dans la course aux matières premières l'Allemagne ne peut pas se permettre de rester sur le bord de la route a encore déclaré cette semaine le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.