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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron5 septembre 2008

Parmi les thèmes africains relevés cette semaine dans les journaux allemands, il faut retenir notamment la normalisation des relations entre l'Italie et la Libye.

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Sylvio Berlusconi en LibyeImage : picture-alliance/ dpa

Des excuses en bonne et due forme, plus cinq milliards de dollars versés sur 25 ans à titre de dédommagement pour la période coloniale - voilà en substance le contenu de l'accord d'amitié et de coopération signé par le chef de l'Etat libyen et le président du conseil italien. Sylvio Berlusconi, note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, a présenté au nom du peuple italien ses excuses pour les "profondes blessures" infligées aux Libyens - à partir de 1911 avec la conquête de la Tripolitaine et de la Cyrenaïque lorsque l'Italie a déclaré la guerre à l'empire ottoman, puis sous le fascisme jusque dans les premières années de la seconde guerre mondiale. Parmi ces blessures, rappelle le journal, figurent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. 20 000 Libyens ont été tués pendant la guerre de conquête, des dizaines de milliers d'autres ont été déportés dans des camps de concentration, 40 000 y sont morts. Pour la Süddeutsche Zeitung, l'accord conclu ne sera pas forcément synonyme de grand amour entre l'Italie et la Libye, mais il peut marquer le début d'une coopération raisonnable. Le régime Kadhafi fait un pas de plus vers la sortie de son isolement international. L'Italie s'assure l'accès au pétrole et au gaz libyen. Rome espère de surcroit l'aide de l'Italie pour stopper les passeurs qui envoient des réfugiés africains vers la Sicile. La réconciliation entre la Libye et l'Italie, souligne encore le journal, peut aussi servir d'exemple à d'autres pays dans la confrontation avec leur passé. Rome et Tripoli ont trouvé une formule qui est financièrement supportable pour l'Italie et qui aide à long terme la Libye. La Libye qui a célébré le 1er septembre le 39ème anniversaire de sa révolution, le renversement donc du roi Idriss par un groupe de jeunes officiers conduits par Mouamar Kadhafi. A la différence d'autres dictateurs militaires arabes, note la Süddeutsche Zeitung dans un autre article, Kadhafi n'est devenu ni président ni chef d'un conseil de la révolution, il n'a jamais occupé non plus de fonction officielle. Il lui suffit d'avoir tout à dire.

Un autre événement a été largement relaté cette semaine par la presse allemande: c'est la conférence d'Accra sur l'évaluation de l'aide au développement. Une conférence qui a largement concerné l'Afrique, même si le continent africain n'a pas été bien sûr l'unique sujet de discussion. Pendant trois jours 1 200 participants ont planché sur les moyens de rendre l'aide à la fois plus transparente et plus efficace. En Allemagne, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, des experts de l'aide au développement ont demandé au début de la semaine une politique de développement entièrement nouvelle pour l'Afrique. A savoir que l'Allemagne coopère moins avec des partenaires publics, et plus avec des groupes sociétaux. Ou encore que le pouvoir de décision pour la coopération bilatérale soit transféré aux ambassades d'Allemagne dans les pays respectifs. Ce qui, poursuit le journal, a été interprété par la ministre de la coopération comme une volonté de supprimer son ministère. Lequel affirme vouloir privilégier la qualité sur la quantité de l'aide, note de son côté la Tageszeitung. Plus cyniquement le même journal relève dans un autre article que qui veut combattre la pauvreté dans un pays pauvre passe nécessairement beaucoup de temps avec des riches. En 2005 les gouvernements des pays donateurs ont envoyé 10 453 missions d'évaluation dans 34 pays partenaires - soit 307 par pays. Parallèlement, les pays qui reçoivent beaucoup d'aide doivent mettre en place de gigantesques appareils bureaucratiques principalement occupés à parler avec des experts étrangers dont les confortables revenus proviennent en partie de l'aide destinée à ces pays. Au Mozambique, poursuit le journal, 350 millions de dollars sont engloutis chaque année par les salaires de 3 500 conseillers étrangers, alors que 100 000 fonctionnaires mozambicains ne touchent que 70 millions de dollars. A propos du Mozambique justement, la Frankfurter Allgemeine Zeitung écrit que le Mozambique, comme le Ghana, est parmi les pays africains dont les institutions de Bretton Woods ne cessent de faire l'éloge pour leurs réformes économiques. Quelles réformes, s'interroge le journal. Ces dix dernières années le taux de croissance économique a été en moyenne de 8% par an, ce qui est en soi impressionnant. Mais le fait que cette croissance soit due à un ou deux grands projets industriels en dit long sur l'état général de l'économie mozambicaine. Le Mozambique figure toujours parmi les pays les plus pauvres du monde.

Enfin en ces temps de flambée des prix des produits alimentaires, la presse allemande critique la ruée de sociétés occidentales sur la culture d'agro-carburants en Afrique. Exemple en Tanzanie, lit-on dans l'hebdomadaire Der Spiegel. 9 000 hectares de terre y ont été cédés gratuitement par le gouvernement , pour 99 ans, à une firme britannique qui va se lancer dans la culture de "Jatropha curcas", une plante oléagineuse dont on peut tirer un carburant. La Tanzanie n'est pas un cas isolé. Cette fièvre digne d'une ruée vers l'or touche le continent tout entier. Ghana, Ethiopie, Mozambique, Zambie ou Malawi , partout des firmes occidentales démarchent l'Afrique pour produire du diesel ou de l'éthanol à partir de jatropha curcas, de palmier à huile ou de canne à sucre. En Ethiopie le gouvernement a mis 24 millions d'hectares à leur disposition. Les conséquences de cette offensive sont dramatiques, souligne le Spiegel. Selon une étude de la Banque mondiale,, 75% de la hausse des prix alimentaires sont imputables au changement de végétaux cultivés.