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Afropresse l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron16 avril 2004

Algérie – Afrique du sud

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Image : AP

En l’espace d’une semaine deux pays africains ont procédé à des élections. Ces deux scrutins inspirent de nombreux commentaires à la presse, tout d‘abord l’élection présidentielle en Algérie.

La réélection d’Abdelaziz Bouteflika avec un score de 84,99% est qualifiée de totalement incrédible par la Tageszeitung de Berlin. Il y a cinq ans, rappelle le journal, Bouteflika voulait pacifier et rénover l’Algérie. Aujourd’hui la violence a certes diminué, mais il ne peut être question de démocratie. Depuis l’effondrement du système de parti unique, à la fin des années 80, personne n’a autant manipulé des élections que l’administration actuelle. Et ce à un moment où, pour la première fois, les citoyens attendaient une élection réellement libre, sans résultat connu d’avance. La déception pourrait vite alimenter de nouvelles rébellions. Incrédible, souligne également Die Welt. Une victoire d’une telle ampleur ne peut s’expliquer ni par l’amélioration de la sécurité dans le pays ni par les rapports de force politiques. Les conséquences de cette manoeuvre électorale, poursuit Die Welt, peuvent être fatales. Ceux qui se sentent une fois de plus trahis dans leur espoir d’une ouverture de la société pourraient tenter de corriger une fraude électorale aussi patente par des manifestations de rues. La Frankfurter Rundschau ne croit pas pour sa part à une fraude massive. A ses yeux elle n’était pas nécessaire. Mais note le journal, il est certain que le président sortant a travaillé pendant des mois à sa réélection par des comportements peu démocratiques. Le chef de l’Etat s’est servi sans scrupules de l’aide des médias publics, de la justice et de l’administration. A l’étranger, ajoute notre confrère, la réélection de Bouteflika devrait être accueillie avec satisfaction. Notamment aux Etats-Unis qui accordent un rôle clé à l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme.

L’Afrique du sud, elle, a vécu des élections qualifiées unanimement de démocratiques. Avec plus des deux-tiers des voix, l’ANC a encore amélioré son score par rapport aux deux scrutins précédents. Mais dix ans après la fin de l’apartheid, la presse allemande relève la persistance de nombreux problèmes.

On a du mal à le croire, écrit le Kölner Stadt-Anzeiger: les premières élections démocratiques qui ont mis fin au racisme constitutionnel remontent à dix ans seulement. Or voilà que pour la troisième fois déjà les Sud-Africains ont élu leur gouvernement. Un gouvernement reconduit au pouvoir, et qui dans l’ensemble fait bien son travail, mais le problème, estime le journal, est que cela ne suffira pas. La démocratisation a certes restitué sa dignité à la majorité noire. Mais là s’arrêtent les changements. Malgré l’existence de quelques millionnaires noirs et un nombre grandissant de blancs appauvris, le fossé est en train de se cimenter entre les pauvres, majoritairement noirs, et les riches, majoritairement blancs. Pour l’hebdomadaire Die Zeit, le passage de l’ordre ancien à l’ordre nouveau, est maintenant achevé. La prochaine décennie sera placée sous le signe de la transformation de la société. Car si les noirs ont conquis le pouvoir politique et quelques positions de pointe dans l’économie, les leviers restent aux mains des blancs. Des blancs qui contrôlent les trusts et les banques, le commerce, les médias et les universités. Des blancs qui possèdent aussi les meilleures terres agricoles. En revanche, poursuit Die Zeit, la majorité des 45 millions de Sud-Africains attend toujours une vie meilleure. La Süddeutsche Zeitung reconnait à l’ancien et futur président Thabo Mbeki quelques succès dans la lutte contre la pauvreté. Un certain succès aussi dans sa médiation entre belligérants au Congo. Comme gestionnaire de crise chez son voisin le plus proche, il fait en revanche piètre figure, souligne le journal qui ne comprend pas l’indulgence de Thabo Mbeki envers son homologue zimbabwéen. Et pour ce confrère une chose est sûre: l’auréole d’un Nelson Mandela restera pour lui inaccessible.