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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron14 janvier 2005

Soudan

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Image : AP

Cette semaine encore le Soudan reste un thème de commentaire privilégié. Des commentaires qui ne respirent pas franchement l’optimisme après la signature, dimanche dernier à Nairobi, de l’accord de paix entre le régime de Khartoum et l’armée populaire de libération du Sud-Soudan. Die Welt puise quand même de l’espoir dans le fait que l’accord a été parrainé par les Etats-Unis. Washington, écrit le journal, a en main des outils adéquats pour rendre cet accord durable – notamment un assouplissement des sanctions si Khartoum se conduit bien. Quant au chef de la rébellion sudiste, John Garang, il devra maintenant faire la preuve, en tant que premier vice-président, de ses capacités d’homme d’Etat. Le premier test se situe dans l’ouest du Soudan et a pour nom le Darfour. Or, souligne de son côté la Süddeutsche Zeitung, le Darfour, qui est le théâtre du pire des carnages, n’a joué aucun rôle dans les négociations entre le nord et le sud du Soudan. Qui plus est, la brutalité de Khartoum au Darfour provoque d’autres insurrections – elles sont déjà présentes dans l’est du pays, tandis que la menace de rébellions plane aussi dans le nord. Car en dehors de la SPLA et du gouvernement personne ne profite de l’accord de Nairobi. Une paix globale, ajoute le journal, ne sera donc possible que si le pouvoir et la richesse sont répartis sur l’ensemble du pays. La Frankfurter Allgemeine Zeitung doute qu’il soit maintenant plus facile de stopper la tuerie au Darfour. Le régime de Khartoum, écrit ce confrère, pouvait s’attendre à une montée de la pression internationale en faveur d’une intervention au Darfour s’il s’opposait aussi à la paix avec le sud. A l’inverse la communauté internationale a acheté la paix dans le Sud-Soudan au prix de sa bienveillante patience dans l’ouest du pays.

Mais une voix s’élève cette semaine dans la presse allemandepour réclamer précisément une intervention musclée au Darfour. Cette voix c’est celle de Roméo Dallaire, général canadien à la retraite et ex-commandant de la Force des Nations unies au Rwanda pendant le génocide de 1994. Il a accordé à la Tageszeitung de Berlin une longue interview dans laquelle il pointe le risque que la communauté internationale ne répète au Darfour son échec d’il y a onze ans au Rwanda. Pour Roméo Dallaire donc, une seule solution: intervenir. Une intervention sans soldats américains, français et britanniques. Mais une intervention qui, faute d’expérience et de capacités logistiques, ne peut être confiée à la seule Union Africaine, cette dernière aurait besoin d’un appui en hommes et en matériel de la part des puissances moyennes du monde développé. J’estime, précise l’ex-général, qu’il faudrait 44 000 soldats, mandatés selon le chapitre 7 de la charte de l’ONU qui autorise l’usage de la force. Et fidèle à son tempérament, Roméo Dallaire s’emporte lorsque la journaliste de la Tageszeitung lui demande si 44 000 soldats, ce n’est pas un peu trop. Pourquoi trop, répond Dallaire, alors que nous avons 67 000 soldats dans l’ex-Yougoslavie. Les noirs ne comptent-ils pas? N’est-ce pas la même chose que dans les Balkans? Enfin, et cela nous ramène au Rwanda, la Frankfurter Rundschau publie un article sur le jumelage initié dès 1982 entre la région allemande de Rhénanie-Palatinat et le Rwanda donc. Un jumelage maintes fois évoqué ces derniers temps par le chancelier Schröder lorsqu’il plaide pour des projets d’aide, au niveau communal, en faveur des victimes du tsunami en Asie. Aujourd’hui, note le journal, il y a en Rhénanie-Palatinat, des centaines de jumelage avec le Rwanda – que ce soit au niveau des écoles, des communes, des associations ou des simples citoyens. Une initiative unique en Allemagne, et qui a survécu au génocide, même si parfois, lit-on dans l’article, des liens ont été rompus. Certains anciens partenaires se sont illustrés dans le camp des tueurs, d’autres ont été massacrés.