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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron10 juin 2005

Afrique du sud – G8/Afrique

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Cette semaine les journaux s’intéressent tout d’abord à un procès qui a défrayé la chronique en Afrique du sud. C’est le procès d’un ancien conseiller du vice président Jacob Zuma.

Un procès qui s’est achevé mercredi par une condamnation à 15 ans de prison ferme pour Shabir Shaik, homme d’affaires et ancien conseiller donc du vice-président sud-africain. Il a été reconnu coupable de corruption pour avoir versé des pots-de-vin, entre autres à Jacob Zuma, en échange de son influence politique. L’ANC a un problème, titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce problème, précisément, c’est Jacob Zuma. Car note le journal, il doit succéder en 2009 à Thabo Mbeki, et il est actuellement le personnage central d’une campagne de „renouveau moral“. L’opposition réclame évidemment sa tête, mais poursuit notre confrère, dans le même temps les rangs se resserrent derrière ce zoulou très populaire, et cela s’explique peut-être aussi par le fait que l’un ou l’autre ne veut pas gâcher ses perspectives de carrière sous un futur président Zuma. A l’origine, rappelle le journal, Shabir Shaik espèrait s’en tirer avec une amende de quelques milliers d’euros. Entre-temps l’affaire a pris une tout autre tournure, et Jacob Zuma peut difficilement être sauvé. Thabo Mbeki entend s’appuyer sur l’argument de la bonne gouvernance pour plaider en faveur d’une annulation de la dette et d’un plan Marshall pour l’Afrique au prochain sommet du G8 en Ecosse. Il ne peut donc s’offrir le luxe de garder un tel vice-président. Mais s’il pousse Jacob Zuma à la démission, il risque de provoquer une fracture au sein de l’ANC. Ce qui ne serait peut-être pas un mal pour le pays, estime le journal. Le tout puissant ANC se verrait alors confronté à une sérieuse opposition si celle-ci vient de ses propres rangs. La Frankfurter Runschau cite un politologue sud-africain qui fait remarquer que Jacob Zuma proteste de son innocence et n’a encore été condamné par aucun tribunal. Mais note aussi le journal, Mbeki aimerait bien apparemment se débarrasser de son adjoint. Il est notoire, dans les milieux de l’ANC, qu’il n’apprécie pas la popularité de Jacob Zuma. Quoi qu’il soit, conclut la Frankfurter Runschau, si le vice-président ne démissionne pas et si le président hésite à le limoger, c’est un gouvernement Mbeki très affaibli qui ira à des négociations internationales décisives pour l’avenir de l’Afrique – à commencer par le sommet du G8, début juillet.

La presse allemande se penche aussi sur ce sommet des huit pays les plus riches du monde. Tony Blair, le premier ministre britannique, y défendra son plan pour l’Afrique. Mais les journaux sont plutôt sceptiques. La Tageszeitung de Berlin note en tout cas que les médias britanniques spéculent déjà sur un échec de l’initiative Blair, qui demande entre autres un triplement, d’ici à 2015, de l’aide publique au développement. Très pessimiste la Süddeutsche Zeitung écrit que Tony Blair avait de bonnes raisons de placer l’Afrique – à côté des changements climatiques – au centre de la présidence britannique du G8. Ces dernières années l’Afrique subsaharienne n’a pas profité de la forte croissance de l’économie mondiale. Selon l’indice de développement des Nations unies, les conditions de vie se sont même détériorées par rapport à 1995. Tony Blair, poursuit le journal, a pourtant peu de chances d’entrer dans l’histoire comme le sauveur de l’Afrique. Car qui veut obtenir aujourd’hui des résultats significatifs en matière de politique de développement, a besoin des Etats-Unis et de leur puissance financière. Or les priorités du gouvernement américain, en politique étrangère, se situent au Proche-Orient et en Asie. La rencontre entre Tony Blair et George Bush laisse à penser qu’aux yeux de Washington l’Afrique ne joue qu’un rôle secondaire. George Bush, note le journal, a bien promis une aide supplémentaire pour l’Afrique. Mais à l’évidence il ne s’agit que d’une opération de relations publiques. Les fonds promis étaient de toute façon prévus pour l’aide au développement et ont simplement été inscrits rapidement au budget Afrique. Washington a certes des problèmes d’argent, d’autant que la guerre en Irak a fait grimper en flèche ses dépenses militaires. La marge d’action pour le grand bond en avant dans la politique de développement est étroite. Qui veut aider l’Afrique, souligne la Süddeutsche Zeitung, doit chercher de nouvelles solutions. Il ne suffit plus d’organiser des collectes d’argent pour le continent noir, comme cela s’est fait ces dernières années à presque tous les sommet du G8.