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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron8 juillet 2005

Afrique/Pauvreté -Burundi

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L’ Afrique a occupé cette semaine une place d’une importance inhabituelle dans les médias allemands.

Et cet engouement s’explique bien sûr par l’inscription de l’Afrique en tête des priorités du G8 réuni cette semaine en Ecosse. De la masse d’articles et de commentaires consacrés au sujet, il ressort que la lutte contre la pauvreté en Afrique ne passe pas par un accroissement de l’aide extérieure. L’argent à lui seul ne peut résoudre les problèmes de l’Afrique, titre le quotidien Die Welt, la liberté des marchés et l’Etat de droit profitent plus aux pauvres que l’apport incessant d’argent extérieur. Les pays industriels occidentaux doivent ouvrir leurs marchés aux produits africains. Qui déplore le manque de perspectives sur le continent africain est incrédible si dans le même temps il maintient les barrières douanières et commerciales. L’Afrique, souligne la Frankfurter Rundschau, a surtout besoin de réformes internes et d’une administration transparente. Quarante ans après les indépendances, la plupart des Etats n’ont pas rompu avec le cleptocratie. Plutôt que de construire des écoles et des hôpitaux, les politiciens distribuent un morceau de savon ou un kilo de sucre au bas peuple qui vote. Dans un article exceptionnellement long, l’hebdomadaire Der Spiegel dénonce le fiasco de l’aide au développement en Afrique. C’est donner du chocolat à des diabétiques, écrit le journal, avant de noter que les Etats qui reçoivent le plus d’aumônes sont aussi les plus misérables. Et souligne le Spiegel, ce sont toujours les mêmes causes qui expliquent l’inefficacité de l’aide déversée sur l’Afrique: à savoir chez les pays donateurs une incompétence de la planification qui se traduit par des priorités erronées dans la distribution des fonds et, sur place, un mélange de corruption, d’appât du gain et d’arbitraire. Pour la Süddeutsche Zeitung les riches ne se battent pas vraiment pour les pauvres. Car lutter implique de souffrir et d’accepter des sacrifices. Au bout du compte, écrit le journal, seul un changement de culture politique en Afrique est porteur d’espoir. Le nord ne peut l’imposer, mais il peut l’encourager, s’il le veut. Enfin comme pour résumer tout cela la Tageszeitung note que pour une majorité d’Africains, comme pour n’importe qui sur terre, le plus sûr moyen de combattre la pauvreté consiste à avoir un emploi et un salaire. Personne ne compte sur l’aide, chacun ne compte que sur soi-même.

Le processus électoral au Burundi fournit à la presse allemande un autre thème de commentaire, et les élections législatives de lundi dernier inspirent plutôt de l’espoir.

Comme l’écrit la Frankfurter Rundschau, il y a des signes d’espoir en Afrique. Cette fois-ci ils viennent même du Burundi, un petit pays qui comme son voisin rwandais a connu l’horreur de la guerre civile et des massacres. Le processus de paix n’en mérite que plus de respect. Les premières élections législatives depuis douze ans ouvrent la possibilité de mettre fin à un cauchemar africain. L’ancienne rébellion hutue des FDD va certes avoir la majorité au parlement, mais les Tutsis auront dans le gouvernement une présence rassurante de 40%, note le journal. Pour le nouveau gouvernement, l’épreuve cruciale devrait toutefois être la punition des crimes de guerre commis par les deux camps. La justice, la paix, et donc le développement – cela serait une bien belle chose pour le Burundi , et un bon exemple pour une région dans laquelle il coule beaucoup de sang, souligne la Frankfurter Rundschau. Enfin les perspectives de paix au Soudan sont accueillies avec prudence par la Tageszeitung alors qu’à compter de ce week-end l’ex-rébellion du Sud-Soudan, la SPLA, est officiellement associée au gouvernement central de Khartoum. Pour le journal, l’autonomie accordée au Sud-Soudan devrait être étendue aux autres régions du pays, au Darfour donc et à l’est, où un nouveau front s’est ouvert. Cela serait sans doute la dernière chance d’éviter un éclatement du pays.