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Afropresse, l’Afrique à travers la presse allemande.

Marie-Ange Pioerron7 octobre 2005

Ceuta/Melilla – Algérie – RDC

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Sans surprise les assauts répétés de clandestins africains contre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, dans le nord du Maroc, font couler beaucoup d’encre cette semaine dans les journaux.

Avec le courage du désespoir, titre la Frankfurter Rundschau qui consacre une page entière à ces tentatives massives d’exode vers les enclaves espagnoles, et donc vers l’Europe. Pour le vicaire de Melilla, ni la multiplication des grillages de protection, ni l’accroissement du nombre de policiers ne stopperont les réfugiés. Et note le journal, le désespoir de ceux qui sont prêts à obtenir de force un accès au paradis alimente la crainte d’une nouvelle escalade de la situation. La Frankfurter Allgemeine Zeitung relève que l’Espagne et le Maroc demandent conjointement un plan Marshall pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne et les pays du Maghreb, l’objectif étant d’endiguer un afflux de réfugiés qui risque encore de gonfler dans les années à venir. Les problèmes de l’Afrique, écrit la Süddeutsche Zeitung, ne se règleront pas du jour au lendemain. L’Europe doit donc s’attendre à une multiplication des tentatives d’accès au prétendu paradis européen. Mais, souligne également le journal, comparé à l’immense crise des réfugiés que connaît l’Afrique, ce qui se passe à Melilla n’est qu’une minuscule partie du problème. Peu d’Africains en fait tentent de gagner l’Europe. A la lumière des flots de réfugiés en Afrique même, l’émotion suscitée en Europe par les événements de Ceuta et Melilla semble exagérée. Les guerres, rappelle la Süddeutsche Zeitung, ont poussé des centaines de milliers de Somaliens, de Rwandais, de Congolais et de Burundais à se réfugier au Kenya. Et même le petit Ghana doit se débrouiller avec les cent mille réfugiés venus du Libéria. Dans la Tageszeitung de Berlin, deux jeunes Camerounais racontent leur odyssée. Benjamin et Benadou sont des amis d’enfance. Ils ont quitté Douala il y a cinq ans, cette semaine ils ont réussi à franchir les grillages de Melilla. Tous deux disent avoir atteint leur but et s’accrochent encore à leurs illusions.

Beaucoup de journaux reviennent aussi sur le résultat du référendum en Algérie. 97% des électeurs ont voté en faveur du projet de charte présidentielle pour la paix et la réconciliation nationale. Un résultat qui inspire des commentaires plutôt critiques. Amnistie, donc amnésie – les détracteurs de cette charte ont raison, écrit la Frankfurter Rundschau. Il est douteux que cette volonté de tirer un trait apporte une paix durable. On repart de zéro en Algérie, écrit Die Welt. Les 150 000 morts de la guerre civile sont livrés à l’oubli. La Frankfurter Allgemeine Zeitung aimerait bien que cette charte marque la fin de l’autodestruction de l’Algérie. Mais à ses yeux le résultat du référendum est peu crédible. Car si vraiment tous les Algériens ou presque étaient d’accord pour renoncer au châtiment des coupables, il n’y aurait pas besoin de réconciliation. Après plus d’une décennie de terreur et de répression, écrit de son côté la Süddeutsche Zeitung, les Algériens ne veulent peut-être pas pardonner, mais ils veulent oublier. Le président Bouteflika sort renforcé de ce plébiscite. On parle depuis longtemps déjà, poursuit le journal, d’une « Ben-Alisation » de l’Algérie. Bouteflika admire son homologue tunisien.

Enfin la presse allemande se penche sur le retard qu’a déjà pris le calendrier électoral en République démocratique du Congo. Et comme le souligne la Tageszeitung, c’est le succès du processus de paix qui en est retardé. Tout d’abord le référendum constitutionnel prévu le 26 novembre a été repoussé. Ensuite le conseil de sécurité de l’ONU n’a prolongé que d’un mois le mandat de la MONUC. Quant à l’enregistrement des électeurs, qui aurait dû être terminé le 25 septembre, il est loin d’être achevé. Il est vrai, souligne le journal que cette opération est extrêmement complexe au Congo. Pour la fabrication de cartes d’électeurs infalsifibales. Il faut acheminer du matériel technique ultramoderne dans les coins les plus reculés d’un pays dévaste, sans infrastructures, et de la taille de l’Europe de l’ouest.